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Paris (AFP) – Le pianiste et chef d’orchestre Lalo Schifrin, décédé jeudi à l’âge de 93 ans, est réputé pour ses compositions emblématiques de films et de séries cultes, notamment « Mission: Impossible » et « Bullitt ».
Un réalisme sonore unique
Cet Argentin, naturalisé américain en 1969, a composé plus d’une centaine de partitions variées à une époque où les bandes originales étaient considérées comme des œuvres à part entière. Son empreinte marquante sur le cinéma d’action américain des années 1960 et 1970 est le fruit d’une carrière jalonnée de six nominations aux Oscars, d’un Oscar d’honneur et de plusieurs distinctions aux Grammy Awards, l’équivalent musical des Oscars.
Des œuvres mémorables
Parmi ses compositions notables, on trouve la musique minimaliste de la célèbre course-poursuite dans « Bullitt » mettant en scène la Mustang de Steve McQueen, le syncrétisme d' »Opération Dragon », le funk avant-gardiste de « L’Inspecteur Harry », ainsi que le mélange de jazz, folk et musique symphonique de « Luke la main froide ».
Un parcours musical riche
Boris Claudio Schifrin est né le 21 juin 1932 à Buenos Aires dans une famille d’émigrés juifs de Russie. Encouragé par son père, violoniste de l’Orchestre symphonique de Buenos Aires, il commence le piano dès son jeune âge. Grand amateur de musique classique, il s’initie également au jazz avec des figures comme Thelonious Monk et Charlie Parker, avant de découvrir le cinéma américain à travers George Gershwin et sa célèbre « Rhapsodie in Blue ».
En 1953, il obtient une bourse pour le Conservatoire national de musique de Paris, où il approfondit sa culture musicale avec Olivier Messiaen. Ses expériences nocturnes en tant que pianiste de be-bop au Club Saint-Germain et ses visites à la Cinémathèque française contribuent à sa maîtrise du français, teintée d’un accent argentin.
Une carrière à Hollywood
De retour en Argentine, il se fait remarquer par le trompettiste Dizzy Gillespie, pour qui il écrit des arrangements devenus célèbres. René Clément l’engage pour composer la musique de « Les Félins » en 1964, fusionnant harmonie et dissonance avec brio. À Hollywood, il collabore avec le producteur Bruce Geller pour créer sa partition la plus emblématique, celle de « Mission: Impossible », dont le motif répétitif et syncopé évoque parfaitement l’urgence des films d’espionnage.
Un héritage intemporel
Ce thème musical a évolué à travers les décennies, depuis la série télévisée des années 1960 jusqu’aux films avec Tom Cruise. Schifrin a également remporté deux Grammy Awards pour son travail. En 1968, il finit les bandes originales de « The Fox » et de « Bullitt », et grâce à la télévision, sa musique entre dans les foyers, marquant toute une génération.
Visionnaire, il a influencé des artistes contemporains du hip-hop et de l’électro, tels que Portishead, intégrant un mélange de styles variés à ses compositions. « The Sound of Lalo Schifrin », une anthologie de son œuvre sortie en 2016, témoigne de cette modernité.
Une vie de rencontres
À 84 ans, le compositeur déclarait : « Je ne sais pas si j’ai mérité la carrière qui fut la mienne. Ma vie n’est qu’une succession de rencontres faites au bon endroit et au bon moment ». Son héritage musical continue d’inspirer et de résonner dans le monde du cinéma et au-delà.