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Face aux restrictions américaines sur les puces, la Chine se prépare à lancer plus de 100 projets d’intelligence artificielle (IA) comparables à DeepSeek. Ces projets, actuellement en incubation, seront annoncés au cours des 18 prochains mois, selon un ancien haut fonctionnaire.
Des projets ambitieux en perspective
Lors du Forum économique mondial à Tianjin, Zhu Min, ancien gouverneur adjoint de la Banque populaire de Chine et conseiller spécial auprès du directeur général du Fonds monétaire international, a averti que la Chine s’apprête à révéler plus de 100 initiatives similaires à DeepSeek dans un avenir proche. Ces avancées pourraient profondément transformer la structure technologique et économique du pays, consolidant ainsi sa position sur la scène mondiale.
Contexte de DeepSeek
DeepSeek est un modèle d’IA conversationnelle développé par une équipe basée à Hangzhou. Destiné à rivaliser avec les géants occidentaux comme OpenAI (ChatGPT) et Anthropic (Claude), DeepSeek se distingue par sa rapidité, sa précision et son caractère open-source, ce qui le rend adaptable et accessible aux entreprises locales. Ce modèle représente également une philosophie visant à développer une IA chinoise souveraine et performante, en accord avec les priorités nationales.
Une réponse aux restrictions américaines
L’intelligence artificielle générative est l’une des technologies les plus transformatrices de notre époque, et la Chine est déterminée à se positionner en leader. Zhu Min a déclaré que le pays pourrait voir émerger plus de 100 projets d’envergure liés à DeepSeek d’ici fin 2026, provenant d’universités, de laboratoires d’État, de géants technologiques tels que Baidu, Tencent et Huawei, ainsi que d’un réseau croissant de startups spécialisées.
Il a précisé : « Le rythme d’innovation s’accélère, et le nombre de projets similaires à DeepSeek en incubation est bien supérieur à ce que le reste du monde imagine. » Cette déclaration souligne l’ambition et le dynamisme du développement de l’IA en Chine, qui investit massivement dans la recherche et le développement pour rivaliser avec les États-Unis.
Une stratégie de souveraineté numérique
Le développement de ces modèles ne se limite pas à un simple désir technologique, mais vise également une souveraineté numérique dans un contexte de tensions croissantes avec les États-Unis. La Chine cherche à maîtriser toute la chaîne de valeur de l’IA, y compris la fabrication de semi-conducteurs avancés et l’hébergement sur ses propres infrastructures cloud. Les initiatives comme DeepSeek ont donc une portée à la fois technologique et géopolitique.
Les autorités chinoises misent sur les IA génératives pour transformer plusieurs secteurs clés, notamment :
- Le système éducatif : assistants pédagogiques intelligents dans les écoles rurales.
- La santé publique : diagnostics automatisés et aide à la prescription.
- L’administration : chatbots pour la gestion des documents et réponses aux citoyens.
- L’industrie : assistance à la conception et maintenance prédictive.
Des défis à relever
Cependant, certains observateurs appellent à la prudence. Créer 100 modèles puissants ne garantit pas leur efficacité ni leur adoption. Parmi les défis à surmonter, on trouve :
- Un accès limité aux puces avancées.
- Une qualité inégale des données d’entraînement.
- Un risque de duplication de projets peu différenciés.
- Un contrôle étatique accru sur les sujets sensibles.
DeepSeek : un engouement croissant
Malgré ces préoccupations, l’émergence de modèles d’IA plus petits et moins coûteux menacent de bouleverser l’ensemble du secteur. Ces modèles démontrent que des entreprises comme Meta, OpenAI, Microsoft et Google n’ont pas besoin de dépenser des milliards pour développer l’IA, ce qui a été illustré par le lancement de DeepSeek-R1, qui a provoqué une chute des valeurs boursières liées à l’IA.
DeepSeek a récemment surpassé ChatGPT en termes de nouvelles visites mensuelles, avec 524,7 millions de visites en février 2025. La part de marché de DeepSeek est ainsi passée de 2,34 % à 6,58 % dans le même mois, témoignant d’une acceptation croissante à l’échelle mondiale.
Impact de la politique commerciale américaine
La réunion annuelle du Forum économique mondial à Tianjin a attiré des chefs d’entreprise et des dirigeants du monde entier. Malgré une trêve tarifaire récente négociée avec les États-Unis, les droits de douane américains demeurent élevés, et un accord durable est toujours en attente. Les analystes prévoient une croissance du PIB de 4,5 % cette année, bien en dessous de l’objectif officiel de 5 %.
Zhu Min a souligné que l’incertitude liée à la politique tarifaire des États-Unis pourrait freiner la croissance du commerce mondial cette année. « L’ensemble de la chaîne industrielle commerciale a commencé à ralentir, ce qui a un impact plus important que le taux tarifaire réel », a-t-il déclaré.