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En pleine préparation, l’équipe féminine de la Suisse a affronté, le jeudi 19 juin, les U15 masculins du FC Lucerne à Nottwil. Le résultat de la rencontre, qui ne devait pas être divulgué, a cependant filtré sur les réseaux sociaux. L’équipe hôte, qui se prépare pour l’Euro, a subi une lourde défaite de 7 à 1. Malgré l’absence d’informations précises sur les joueurs alignés ou le contexte de la rencontre, la sélectionneuse Pia Sundhage et ses joueuses ont dû faire face aux critiques habituelles, exacerbées par le sexisme. À cette occasion, la question se pose : quel est l’intérêt de ces confrontations entre équipes féminines seniors et équipes masculines de jeunes ?
Capacités athlétiques, petit pont et bad buzz
Pour Camille Abily, entraîneure adjointe de Chelsea, ces matchs, bien que surprenants sur le papier, offrent des avantages indéniables aux joueuses. Elle explique : « Dès que l’aspect athlétique rentre en jeu, c’est difficile, mais quand les garçons comprennent qu’il ne faut pas jouer physique, c’est très intéressant. Cela permet à nos joueuses de jouer et de voir plus vite. » Elle souligne aussi que les garçons sont souvent ravis de s’entraîner avec les équipes féminines, car cela leur permet de travailler des aspects tactiques et techniques.
« À partir du moment où les garçons sont assez intelligents pour comprendre que face à nous, il ne faut pas jouer physique, c’est très intéressant parce que cela permet à nos joueuses de jouer et de voir plus vite. »
Camille Abily
Charlotte Lorgeré, internationale française, confirme que l’état d’esprit des garçons est généralement positif, bien que des tensions puissent survenir. « Lorsque j’étais professionnelle, je n’ai quasiment jamais eu de soucis en jouant contre des garçons. La seule fois, c’était lorsque Alexandra Atamaniuk avait réalisé un petit pont, ce qui avait provoqué une réaction excessive de la part d’un jeune joueur », se souvient-elle. Cela montre que même dans ces confrontations, l’objectif reste l’amélioration du niveau de jeu des joueuses.
Cependant, certaines défaites féminines sont exploitées pour dénigrer les joueuses, une attitude que Camille Abily déplore : « Ça me gêne que l’on mette en avant ces scores, c’est nul ! Souvent, ces commentaires viennent de personnes qui ne s’intéressent jamais au football féminin. »
Une pratique courante mais discrète
Les matchs amicaux contre des garçons sont fréquents dans des clubs comme le FC Nantes, où l’entraîneur Nicolas Chabot organise chaque saison plusieurs confrontations. Toutefois, les résultats de ces matchs ne sont jamais communiqués publiquement pour éviter les réactions négatives. Chabot indique : « Que l’on perde ou que l’on gagne, nous ne communiquons jamais sur ces rencontres, car nous savons que cela peut nuire à l’image de l’équipe. »
Derrière les moqueries, une expérience enrichissante
Les équipes féminines préfèrent s’affronter à des équipes masculines U15 en raison des différences physiques marquées. Ramona Bachmann, attaquante de la sélection helvète, souligne : « Oui, parfois les équipes masculines U15 battent les meilleures équipes féminines. Pourquoi ? La génétique. Les garçons développent naturellement plus de force et de vitesse pendant la puberté grâce à la testostérone. »
Maxime Di Liberto, entraîneur de l’équipe féminine du HAC, confirme également les bénéfices de ces confrontations. « Le garçon va venir plus vite cadrer la porteuse de balle, donc elle devra réagir plus rapidement. Cela permet de travailler l’aspect défensif et l’intelligence de jeu des joueuses. »
Les déplacements pour affronter d’autres équipes féminines peuvent être longs, mais ces matchs amicaux contre des garçons sont souvent des préparations efficaces pour les compétitions à venir. Chabot conclut en affirmant que le choix de l’adversaire est crucial pour éviter de compromettre la confiance des joueuses face aux préjugés persistants.