La contestation autour du projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres continue d’animer le département du Tarn, malgré plusieurs interdictions préfectorales. Le rassemblement connu sous le nom de « Turboteuf », prévu pour protester contre la mise en œuvre de cette infrastructure, a débuté samedi dans une atmosphère tendue, avec une présence policière renforcée et des déploiements importants d’effectifs de gendarmerie.
Une mobilisation contestée et surveillée de près
Malgré l’interdiction officielle par la préfecture du Tarn, qui évoque des risques de trouble à l’ordre public, plusieurs centaines de manifestants se sont retrouvés sur le site du château de Scopont. Selon la préfecture, 800 personnes étaient présentes le matin, parmi lesquelles des individus encagoulés ou masqués. La présence d’objets pouvant servir de projectiles, comme des boules de pétanque, des cocktails incendiaires, des hachettes, a été signalée par les forces de l’ordre, qui ont saisi 55 dispositifs dits « hostiles ».
Les autorités ont renforcé la sécurité en déployant environ 1 500 gendarmes, des véhicules blindés ainsi que des engins de chantier stationnés à proximité, notamment sur une base appartenant à la société Atosca, maître d’œuvre du chantier. Des militants, vêtus de noir et masqués, ont occupé la route nationale RN26, qui longe le site, et ont lancé des pierres, incendié des broussailles, et tenté d’accéder à l’autoroute, avant que la police ne réagisse avec des grenades lacrymogènes.
Le contexte juridique n’est pas en faveur des opposants. En février, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné l’interruption des travaux, jugeant qu’ils ne répondaient pas à une nécessité impérieuse d’intérêt public majeur. Cependant, la cour administrative d’appel a permis la reprise du chantier en mai dernier. Ces décisions successives illustrent la forte opposition juridique et médiatique à ce projet.
Une tension persistante malgré les mesures d’interdiction
Les organisateurs, qui dénoncent une légitimité juridique, ont malgré tout maintenu leur rassemblement, arguant que le terrain appartient à un propriétaire privé, Bernard d’Ingrando, qui aurait donné son accord, sous réserve du bon déroulement de la manifestation. La préfecture a de son côté insisté sur le caractère illégal du rassemblement et a appelé la population à ne pas y participer, évoquant des poursuites pénales possibles.
Cette mobilisation représente le quatrième grand week-end d’action contre le chantier, après ceux d’avril, octobre 2023, et juin 2024. La contestation s’inscrit dans un mouvement plus large de résistances qui ont adopté diverses formes, notamment des occupations d’arbres et des grèves de la faim dans des Zones à Défendre (ZAD).
Les opposants dénoncent un projet qu’ils jugent écologique et socialement injuste. Par exemple, Aline du collectif La Voie est Libre affirme que l’autoroute profite davantage au commerce qu’aux habitants, estimant qu’il faut privilégier un développement territorial exemplaire en matière environnementale. Outre la légalité contestée, certains militants évoquent la possibilité d’aller au-delà des lois pour faire stopper le chantier, en déclarant qu’ils n’hésiteraient pas à recourir à des actions plus directes comme des sabotages ou des blocages.
Malgré l’avance des travaux, comprenant l’abattage d’arbres, la construction de ponts et le terrassement, le déploiement de moyens policiers massifs et la contestation juridique persistent à faire obstacle à la finalisation du projet, prévu pour une ouverture à la fin du second semestre 2026.