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En Turquie, la répression contre les élus du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), s’intensifie avec l’arrestation de trois nouveaux maires, dénoncées comme une opération politique visant à réduire l’influence du parti après sa victoire lors des élections locales de 2024. Ces arrestations suscitent une vague de protestations et de tensions dans le pays.
Les nouvelles arrestations et leur contexte
Samedi 5 juillet, trois maires issus du CHP ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête fédérant des accusations de crime organisé, selon les déclarations de Mansur Yavas, maire d’Ankara. Il a indiqué que Zeydan Karalar (Adana), Muhittin Böcek (Antalya) et Abdurrahman Tutdere (Adiyaman) ont été interpellés, mettant en lumière une escalade de la répression contre les responsables locaux de l’opposition.
Ces arrestations interviennent dans un contexte où le gouvernement turc, dirigé par le président Recep Tayyip Erdogan, exerce une pression accrue sur le CHP, suite à sa large victoire électorale qui a marqué un revers notable au parti au pouvoir, l’AKP. Depuis plusieurs mois, plusieurs élus occupant des postes clés ont été mis en cause, notamment l’ex-maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, destitué en mars dans un contexte que ses soutiens qualifient de politicien et d’injuste, ce qui a alimenté une mobilisation populaire considérable.
Répression et réactions publiques
Les dirigeants du CHP dénoncent ces opérations comme étant des manifestations flagrantes d’injustice et de manipulation du système judiciaire selon une logique politique. Mansur Yavas a notamment rapporté : « Dans un système où la loi se plie en fonction de la politique, où la justice est appliquée de façon sélective, personne ne peut faire confiance à l’État de droit. » Il a ajouté : « Nous ne céderons pas à l’injustice ou à l’anarchie. »
En parallèle, la protestation se poursuit à Istanbul où, mardi dernier, plus de 10 000 manifestants sont descendus dans la rue pour marquer les cent jours depuis l’arrestation du maire CHP d’Istanbul. Ce mouvement de contestation est le plus important depuis celui de Gezi en 2013 et met en lumière l’impact du climat politique actuel.
Les arrestations se sont également étendues à d’autres villes comme Izmir, troisième plus grande ville du pays, où plus de 120 personnes ont été arrêtées dans le cadre d’une enquête supposée de corruption, renforçant la perception d’un contexte de répression systématique à l’encontre des opposants.
Perspectives politiques
Ce tour de vis judiciaire dans la perspective des prochaines échéances électorales risque d’alimenter la polarisation politique en Turquie. La destitution et l’incarcération d’acteurs clés de l’opposition ouvrent un nouveau chapitre dans la lutte pour le pouvoir, avec une forte opposition qui dénonce une instrumentalisation de la justice pour éliminer toute contestation. Alors que les tensions demeurent vives, la scène politique turque semble plus que jamais divisée, entre répression et mobilisation citoyenne.