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Marseille : jugement historique après le drame de la rue d’Aubagne

by charles
France

Le jugement tant attendu concernant le drame de la rue d’Aubagne à Marseille, survenu en novembre 2018, a été rendu ce lundi 7 juillet, après plusieurs mois d’attente. Ce tragique effondrement de deux immeubles, qui avait coûté la vie à huit personnes, reste l’une des plus lourdes catastrophes du logement indigne en France. La décision de justice concerne 16 personnes morales et physiques impliquées, parmi lesquelles des responsables municipaux, un architecte, un syndic et des copropriétaires.

Un drame humain et un symbole de l’habitat précaire

Les audiences, qui ont duré six semaines à l’automne 2024, ont été empreintes d’émotions fortes, avec des récits poignants de victimes et de familles endeuillées. Liliana Lalonde, mère de Julien Lalonde, l’une des victimes, a exprimé sa confiance dans le travail judiciaire tout en espérant des condamnations exemplaires. Elle insiste sur la responsabilité collective, “tous responsables, à différents degrés”, selon ses mots. La scène médiatique a également été marquée par des larmes et des témoignages sur la descente aux enfers des victimes, notamment à travers l’histoire du petit El Amine, dont la vie a été brutalement changée en une seule journée.

Les faits et l’instruction

Les experts avaient conclu que l’état du bâti des immeubles 63 (vide) et 65 était inéluctable, nécessite une évaluation de leur dangerosité. Malgré cela, aucune précaution efficace n’avait été prise et les travaux entrepris s’étaient révélés inefficaces ou contreproductifs. L’enquête a mis en lumière un manquement flagrant à la prévention et à la gestion du risque, impliquant plusieurs acteurs majeurs. Quatre personnes avaient été renvoyées devant le tribunal : Julien Ruas, alors adjoint au maire de Marseille, Richard Carta, expert architecte, le syndic de l’immeuble le cabinet Liautard, ainsi que le bailleur social Marseille Habitat pour l’immeuble voisin.

Les responsabilités et les enjeux judiciaires

Le ministère public a souligné que les copropriétaires, bien que non poursuivis initialement, avaient connaissance des déraillements structurels et avaient agi en dépit de ces dangers, dans une optique de rentabilité à court terme. Le procureur Michel Sastre a requis des peines allant jusqu’à cinq ans de prison, notamment à l’encontre de Xavier Cachard, alors propriétaire et avocat du syndic, pour “connaissance des risques” et “délibérée inaction”.

Les suspects ont contesté leur responsabilité, mettant en avant la complexité de la gestion et le manque de moyens. La justice a ainsi dû évaluer la part de négligence ou de faute pénale dans cette catastrophe, qui reste un symbole de l’habitat insalubre à Marseille, où la lutte contre le logement indigne se fait de plus en plus sentir depuis la tragédie.

Vue des immeubles effondrés rue d'Aubagne
Vue des immeubles effondrés, images illustrant l’urgence et la gravité du drame.

Une ville meurtrie mais mobilisée

Depuis le drame, Marseille a intensifié ses efforts pour lutter contre l’habitat indigne, en multipliant les opérations de réhabilitation et de poursuite des marchands de sommeil. La justice a ainsi montré qu’elle n’hésite plus à condamner sévèrement ceux qui mettent en danger des populations vulnérables, confirmant la volonté de changé le visage d’un habitat marqué par la précarité et la négligence prolongée.

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