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Il est possible que notre perception de nous-mêmes soit parfois influencée par notre environnement, notamment dans les cabines d’essayage. De nombreux clients se disent dégoûtés par leur reflet dans ces espaces, souvent jugé moins flatteur que dans des miroirs plus cléments, comme ceux de leur salle de bain. Pour Alice, se regarder dans le miroir d’une enseigne comme Uniqlo est devenu si désagréable qu’elle préfère désormais amener avec elle un soutien psychologique pour faire du shopping. Stéphane, lui, se trouve rarement beau dans la vie, mais se désole de son apparence chez H&M et Jules. Quant à Julie, elle éprouve une inquiétude à chaque essayage. Tous ressortent de cette expérience avec un ego en berne et une estime de soi au plus bas.
Que se passe-t-il dans les cabines d’essayage ?
Mais qu’est-ce qui rend notre image si peu flatteuse dans ces cabines ?
Que la lumière soit, et la lumière pue
Le premier problème évoqué est la lumière. Gregory Merlio, designer de vente au détail, décrit cette illumination souvent atroce. « Juste un spot au plafond, donc une lumière zénithale créant des ombres peu gracieuses sur le visage et le corps », dit-il, ajoutant que cela donne un teint pâle et peu réjouissant. Cependant, certains clients, comme Stéphane, admettent que cette lumière peut parfois les faire se sentir plus musclés, même si cela les rend livides.
Miroir, mon laid miroir
Gregory Merlio déclare qu’il n’y a pas de miroir déformant dans les cabines d’essayage, et que ce n’est qu’un mythe. Toutefois, une enquête menée par la journaliste Amanda Plattel a révélé que, portant la même robe dans dix boutiques différentes, elle obtenait dix silhouettes différentes. Cela soulève des doutes quant à la véracité de son observation.
Mélissa Kao, directrice de Magic Mirror, souligne que les magasins utilisent des astuces pour rendre les clients plus séduisants. Certains miroirs sont inclinés pour allonger la silhouette, ce qui change notre perception et nous fait croire que nous avons l’air plus élancé.
Le pire du pire de l’expérience client
Stéphane Mathieu, consultant en merchandising, note que le problème réside davantage dans l’expérience que dans des manipulations visuelles. Les cabines sont souvent exiguës, mal entretenues et malodorantes, ce qui nuit au bien-être des clients et impacte leur perception. Cette petite taille peut exacerber l’impression de tassement ou de rondeur sur notre physique. Les enseignes, en cherchant à rentabiliser chaque mètre carré, créent des espaces trop étroits.
Le grand complot des enseignes
Pourquoi alors les enseignes ne semblent-elles pas s’attaquer à ce problème ? Selon Gregory Merlio, la fast fashion a accordé peu d’attention aux cabines d’essayage. Bien qu’il y ait eu des investissements par le passé, la pandémie a coupé cette dynamique. De plus, la crise du prêt-à-porter ne favorise pas des rénovations dans des cabines qui ne rapportent rien.
Il se pourrait même que les marques aient intérêt à ce que ces cabines restent peu flatteuses. « Elles ne rapportent rien et coûtent de l’espace immobilier. Les supprimer serait une joie », conclut l’expert. Cela profite à la tendance croissante des achats en ligne, où les clients essaient les vêtements chez eux, évitant ainsi le miroir peu amical des magasins.
Selon un rapport de l’institut de la mode, les ventes de vêtements en magasin devraient diminuer de 0,7 % en 2024, tandis que les ventes en ligne augmenteraient de 1,7 %. Une étude Kantar révèle que 47 % des Français ont acheté au moins un article de mode en ligne l’année dernière, et la part de marché de l’e-commerce dans ce secteur devrait atteindre 25 % d’ici la fin de l’année.