Les forces de sécurité syriennes se préparent à un redéploiement dans la région de Soueïda afin de maîtriser les affrontements entre les tribus druzes et bédouines, selon un porte-parole du ministère syrien de l’Intérieur.
Dans ce contexte de tension, Israël a récemment averti le gouvernement syrien de se retirer du sud du pays. Dans la nuit de vendredi, ses forces ont mené une attaque sur l’autoroute Palmyre-Homs, visant un convoi de combattants bédouins qui se dirigeaient vers la province instable de Soueïda, au sud de la Syrie, d’après le diffuseur public israélien Kan News.
Cette offensive israélienne intervient seulement deux jours après des frappes intensives sur Damas.
Les combattants bédouins en Syrie ont lancé une nouvelle offensive tard jeudi contre les forces druzes, malgré le retrait des troupes gouvernementales syriennes de la province de Soueïda. Le président syrien Ahmed al-Sharaa a tenté de freiner cette escalade meurtrière qui a fait des centaines de victimes.
Un commandant militaire bédouin a affirmé à l’agence Reuters que la trêve ne concernait que les forces gouvernementales et pas leur groupe. Il a précisé que leur objectif était de libérer des membres bédouins détenus par des groupes armés druzes ces derniers jours.
Selon les rapports de Kan News, les combattants bédouins ont réussi à atteindre la région de Soueïda dans les dernières heures, confirmant des informations précédemment relayées par les médias arabophones.
La direction syrienne a condamné ces attaques israéliennes, les qualifiant de violation flagrante de la souveraineté nationale, alors que des efforts sont en cours pour consolider un cessez-le-feu entre bédouins et druzes.
Israël justifie ses frappes sous le prétexte de protéger la minorité druze. Cependant, d’autres intérêts politiques et stratégiques plus personnels guident probablement ces opérations, selon plusieurs analystes israéliens.
Depuis la chute du dirigeant de longue date Bachar al-Assad à la suite d’une guerre dévastatrice de 14 ans, Israël a multiplié les attaques contre la Syrie, frappant des centaines de fois le pays et occupant environ 400 km² de son territoire, sans compter le plateau du Golan, annexé en 1967.
Certains experts israéliens soulignent que ces récentes attaques ne sont pas uniquement motivées par le souci du sort des druzes, mais aussi par des objectifs politiques du gouvernement israélien et de son Premier ministre contesté.
Ces violences surviennent malgré un cessez-le-feu conclu mercredi, après que l’armée israélienne eut mené des frappes sur le ministère de la Défense et aux abords du palais présidentiel à Damas.
Dans un discours télévisé jeudi, Ahmed al-Sharaa a souligné la priorité de protéger les droits des citoyens druzes et annoncé que les dirigeants locaux prendraient en charge la sécurité à Soueïda pour mettre fin aux violences sectaires et empêcher les attaques israéliennes.
Le sheikh Hikmat Al Hijri, l’un des chefs spirituels de la communauté druze syrienne, a déclaré : « Nous ne sommes pas sectaires et n’avons jamais cherché à diviser. Nous assumons pleinement la responsabilité de toute personne qui perturbe la sécurité et la stabilité. Nous affirmons que ceux qui commettent des actes de sabotage ou d’incitation ne représentent qu’eux-mêmes, et nous refusons que leurs actions soient attribuées à une quelconque secte ou région. »
Condamnations internationales et réactions politiques
Parallèlement, l’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, a fermement condamné les attaques israéliennes contre la Syrie lors d’un appel téléphonique avec le président syrien Ahmed al-Sharaa. Il a qualifié les frappes de « violation flagrante » de la souveraineté syrienne, du droit international, de la charte des Nations unies et d’une menace pour la stabilité régionale.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a également condamné Israël en affirmant que la Turquie n’acceptera pas la division de la Syrie ni l’atteinte à son intégrité territoriale et multiculturelle. Selon la présidence turque, Erdogan a exprimé son soutien à Damas lors d’un entretien téléphonique avec al-Sharaa.
Tant la Turquie que la Syrie ont joué un rôle important dans la négociation du cessez-le-feu, avec des discussions entre les services de renseignement turcs et les dirigeants druzes syriens.
Du côté américain, la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, a condamné la violence en Syrie, appelant le gouvernement syrien à prendre la voie du dialogue. Elle a confirmé que les États-Unis dialoguent diplomatiquement avec Israël et la Syrie aux plus hauts niveaux pour gérer la crise actuelle et parvenir à un accord durable entre les deux pays souverains.
Concernant les récentes frappes israéliennes, elle a précisé que les États-Unis « n’ont pas soutenu » ces attaques, sans préciser si cette affirmation concernait uniquement un appui logistique. L’étendue de l’implication américaine dans ces opérations reste donc floue.