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Le 12 juillet dernier, dans la commune de Bougival, en région parisienne, les délégations calédoniennes des mouvements indépendantistes et non-indépendantistes ont signé un projet d’accord important pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ce document, à présent soumis à l’approbation de la population locale, établit un « État de la Nouvelle-Calédonie » avec une nationalité calédonienne coexistante avec la nationalité française, tout en maintenant l’archipel au sein de la France. Les signataires considèrent cela comme un compromis « historique », nécessaire pour permettre à l’archipel de se relever après les émeutes de mai 2024, nourrissant l’espoir d’une paix fragile et d’un apaisement d’une société blessée.
Un Accord Historique
Alain Christnacht, ancien haut fonctionnaire et corédacteur de l’accord de Nouméa en 1998, a partagé son analyse de ce nouvel accord. Selon lui, il est favorable qu’un accord ait été atteint, car l’absence de texte aurait ouvert la porte à plus d’incertitudes et de risques de violences. Il estime que le document présente un équilibre, chacun des camps se vantant d’une victoire. Toutefois, il juge que cet accord est plus fragile que ceux précédemment signés à Matignon-Oudinot (1988) et à Nouméa (1998).
Comparaison avec les Accords Précédents
La solidité des accords dépend souvent du contexte dans lequel ils sont négociés. En 1998, le climat était favorable, avec des accords antérieurs qui avaient déjà montré leurs effets positifs, et l’économie calédonienne se portait bien. En revanche, la situation actuelle est marquée par une diminution des ressources médicales, une augmentation de la pauvreté et une jeunesse qui s’éloigne des systèmes traditionnels kanak. Ces éléments rendent l’atteinte d’un accord plus complexe qu’en 1998.
La Division au Sein des Forces Politiques
Actuellement, la coalition du FLNKS est divisée, chaque composante ayant ses propres intérêts. Emmanuel Tjibaou, qui représente l’Union Calédonienne (UC), doit naviguer entre les demandes des militants et les rivalités politiques qui s’intensifient alors que les élections provinciales approchent. Le camp loyaliste fait face à des divisions similaires, avec des opinions partagées sur l’accord et son impact sur la reconstruction de l’archipel.
Les Défis de l’État Français
Une autre distinction majeure entre le passé et le présent réside dans la position de l’État français. Alors que lors des précédents accords, l’État était uni, la situation actuelle est marquée par des divisions au sein du gouvernement. Ce climat complique le soutien à l’accord de Bougival, d’autant plus que des élections nationales approchent. Les députés et sénateurs devront voter pour inscrire l’État de la Nouvelle-Calédonie dans la Constitution, mais des doutes subsistent quant à la clarté et à l’acceptabilité du texte.
Le Statut Sui Generis
Le statut « sui generis », créé spécifiquement pour la Nouvelle-Calédonie, suscite également des interrogations. Les experts juridiques peinent à le classifier, oscillant entre protectorat, État fédéré ou État associé. Ce flou rend la tâche des politiciens calédoniens plus difficile, car ils doivent expliquer un concept complexe à la population en un temps limité. Le vote sur ce projet est prévu pour février 2026, ce qui laisse peu de temps pour des débats approfondis.
Quelles Perspectives d’Indépendance ?
Le projet d’accord de Bougival ouvre en effet la porte à des éléments d’indépendance, notamment par le transfert de certaines compétences, mais ne mène pas à une indépendance totale. Selon Alain Christnacht, l’accord ne définit pas une transition vers l’indépendance dans l’immédiat, mais il pourrait permettre un chemin vers celle-ci par le biais de votes successifs au sein de l’assemblée calédonienne.
Image Symbolique
Une statue de la poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou lors de la signature des accords de Matignon le 26 juin 1988.