Table of Contents
La fonte accélérée des glaciers sur le mont Jélo en Turquie illustre une réalité alarmante du changement climatique. L’augmentation des températures, conséquence directe des activités humaines et du réchauffement global, provoque une perte rapide de la glace, rappelant des phénomènes similaires déjà observés dans les Alpes européennes.
Cette hausse thermique mondiale, principalement due à l’utilisation des combustibles fossiles, entraîne la fonte des calottes glaciaires et des glaciers à travers le monde, mettant en péril de nombreux écosystèmes et ressources en eau.
Les glaciers oubliés au sud-est de la Turquie
Alors que l’attention est souvent portée sur l’Antarctique et le Groenland, l’impact du changement climatique est tout aussi visible ailleurs, notamment sur le mont Jélo, situé dans le sud-est de la Turquie. Autrefois couvert de glaciers, ce massif montagneux voit ses neiges éternelles disparaître progressivement.
Le mont Jélo culmine à 4135 mètres et se trouve dans la province de Hakkari, à la frontière irakienne. Il abrite le deuxième plus grand glacier du pays, après le mont Ararat (5137 mètres), situé à environ 250 kilomètres au nord. Sous l’effet du réchauffement climatique, de nouvelles zones autrefois enneigées deviennent visibles chaque année.
Un phénomène plus rapide que prévu
Selon le professeur Onur Satır, expert en systèmes d’information géographique à l’Université Van Yüzüncü Yıl, la fonte dépasse les prévisions initiales. Ses recherches indiquent une perte d’environ 50 % de la couverture glaciaire et neigeuse du mont Jélo au cours des 40 dernières années.
Le professeur souligne que certaines zones fondent plus rapidement que d’autres, ce qui permet d’identifier les secteurs nécessitant une protection prioritaire. Contrairement aux Alpes, où des couvertures blanches ont été utilisées pour ralentir la fonte, aucune solution de ce type n’est actuellement mise en œuvre sur le mont Jélo.
Le développement des infrastructures, notamment la construction de routes facilitant l’accès à la montagne, a également contribué à accroître la fréquentation touristique et le nombre de véhicules, ce qui accélère légèrement la fonte, selon ses estimations.
Des randonneurs près du glacier du mont Jélo dans la province de Hakkari, sud-est de la Turquie, le 13 juillet 2025.
Des conditions climatiques extrêmes en Turquie
La Turquie est régulièrement confrontée à des vagues de chaleur, des sécheresses et des incendies ces dernières années, avec des températures record atteignant parfois 50,5 °C, notamment à Silopi, à environ 200 kilomètres de Hakkari.
Les glaciers du mont Jélo ne font pas exception. Selon les Nations Unies, de nombreux glaciers dans le monde ne survivront pas au XXIe siècle, ce qui menace l’approvisionnement en eau de centaines de millions de personnes.
Le rythme de la fonte varie en fonction de la topographie : un grand massif glaciaire fondra plus lentement qu’un glacier fragmenté, explique le professeur Satır.
Un site naturel et touristique en mutation
Le paysage autour du mont Jélo attire de nombreux randonneurs. Depuis la titularisation de la région en parc national en 2020 et l’avancement du processus de paix avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le tourisme local est en pleine expansion.
Pressions environnementales et perspectives futures
Un rapport des Nations Unies sur la désertification mondiale révèle que 88 % des terres turques sont menacées par ce phénomène. La précipitation moyenne devrait chuter d’un tiers d’ici la fin du siècle, tandis que la température pourrait augmenter de 5 à 6 degrés Celsius par rapport à la période 1961-1990.
Ces changements climatiques majeurs auront des conséquences profondes sur les glaciers, accentuant leur fonte rapide.
Au niveau mondial, entre 2022 et 2024, les glaciers ont perdu la plus grande partie de leur masse jamais enregistrée sur trois années consécutives, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Les glaciers couvrent environ 700 000 km² dans le monde, répartis sur plus de 275 000 glaciers. Ils contiennent près de 70 % des ressources d’eau douce de la planète, jouant un rôle crucial dans l’équilibre écologique et l’approvisionnement en eau potable.