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Océan et climat : un équilibre fragile menacé par le changement

by Sara
Océan et climat : un équilibre fragile menacé par le changement
France

Le climat de notre planète est étroitement régulé par l’océan, qui opère une mécanique invisible mais essentielle sous la surface de ses eaux. Les courants océaniques transportent la chaleur accumulée dans les régions tropicales vers les pôles, où les eaux froides, plus denses, plongent vers les profondeurs. Cette circulation, connue sous le nom de circulation « thermohaline », peut prendre plusieurs siècles. Jean-Pierre Gattuso, océanographe au Laboratoire d’océanographie de Villefranche (LOV), souligne : « L’océan maintient des conditions propices à la vie sur notre planète. Sans lui, la température moyenne sur Terre serait beaucoup plus élevée. »

L’absorption de chaleur et de CO2

Actuellement, l’océan absorbe plus de 90 % de l’excès de chaleur généré par les activités humaines. En plus de réguler la chaleur mondiale, il joue un rôle crucial en tant que puits de carbone, absorbant environ 25 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) anthropiques. Ce processus repose sur deux mécanismes complémentaires.

Séquestration sur le long terme

Le premier mécanisme, la pompe physique à carbone, fonctionne grâce aux propriétés naturelles de l’eau : plus l’eau est froide, plus elle dissout efficacement les gaz, dont le CO2. Ce carbone dissous est ensuite transporté en profondeur par la circulation thermohaline, où il peut rester piégé pendant des siècles.

Neige marine

Le second mécanisme, la pompe biologique à carbone, repose sur l’action du phytoplancton, qui, comme les plantes terrestres, réalise la photosynthèse dans les eaux de surface. Ce micro-organisme marin absorbe le CO2 pour produire de la matière organique. Frédéric le Moigne, chercheur au Laboratoire des sciences de l’environnement marin, précise : « Le phytoplancton est à la base de la chaîne alimentaire océanique. Une partie est consommée par la faune marine, tandis qu’une fraction coule lentement vers les abysses sous forme de neige marine. »

L’océan Austral sous pression

L’océan Austral, situé autour de l’Antarctique, est un acteur clé dans cette dynamique. Il est connecté aux trois grands bassins océaniques – l’Atlantique, l’Indien et le Pacifique – et absorbe près de 40 % du CO2 capté par l’ensemble des océans. Selon Julia Uitz, biogéochimiste au LOV, « l’océan Austral est le plus grand puits de carbone océanique ». Cependant, cet équilibre est menacé par l’augmentation des températures et les changements dans la dynamique des vents, qui affectent le développement du phytoplancton.

Océan Austral

Les vagues de chaleur marine

Les vagues de chaleur marines, qui se multiplient rapidement, sont une des conséquences préoccupantes du réchauffement climatique. Les températures des masses d’eau se sont élevées de 1,1 °C en moyenne depuis le début de l’ère industrielle, et cela affecte directement la biodiversité marine. En 2024, des températures records de 29,8 °C ont été constatées en Méditerranée. Jean-Pierre Gattuso déclare : « Ces vagues de chaleur marines ont un impact direct sur la biodiversité et provoquent des mortalités massives. »

Vagues de chaleur marine

Acidification des océans

L’absorption de CO2 par l’océan entraîne également une acidification croissante des eaux marines. Dissous dans l’eau, le CO2 forme de l’acide carbonique, réduisant le pH de l’eau de mer. Depuis l’ère industrielle, l’acidité des océans a augmenté de 30 % et pourrait atteindre 150 % d’ici 2100 si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Jean-Pierre Gattuso souligne que cette rapidité n’a pas d’équivalent dans l’histoire récente : « À terme, l’eau de mer devient corrosive et peut même dissoudre ces structures. »

Mollusques

Circulation océanique en mutation

Les changements climatiques affectent également la circulation océanique. Dans l’Atlantique Nord, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland modifie la salinité des eaux de surface, ce qui pourrait ralentir la circulation méridienne de retournement atlantique. Cette évolution pourrait entraîner un refroidissement régional en Europe de l’Ouest et une perturbation des régimes de mousson.

Face à ces bouleversements, la nécessité de réduire les émissions de CO2 se fait pressante, afin de préserver la capacité de l’océan à jouer son rôle de régulateur climatique. Jean-Pierre Gattuso affirme : « Il n’existe pas d’autre solution sérieuse que la réduction des émissions de CO2. C’est la seule action d’ampleur qui puisse limiter l’acidification et le réchauffement des eaux. »

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