Table of Contents
Après dix jours d’intenses négociations, les 185 pays réunis à Genève n’ont pas réussi à adopter un texte contraignant pour lutter contre la pollution plastique, une impasse qui laisse l’avenir des discussions incertain.
À Genève, impasse sur le traité contre la pollution plastique après dix jours
La séance plénière qui s’est déroulée dans la nuit de jeudi à vendredi a acté l’échec des pourparlers : « Nous n’aurons pas de traité sur la pollution plastique ici à Genève », a résumé le représentant de la Norvège au lever du jour. Un peu plus tôt, l’Inde et l’Uruguay avaient souligné l’incapacité des négociateurs « à trouver un consensus ». Après dix jours de débats soutenus et une nouvelle mouture de texte présentée au milieu de la nuit, les chefs de délégation réunis en session informelle n’ont pas réussi à se mettre d’accord.
Le texte de compromis soumis tardivement comportait encore « plus d’une centaine de points à clarifier », selon les délégués, reflet des profondes divisions persistantes entre les États. L’avenir des négociations n’était pas clair dans l’immédiat à l’issue de cette séquence, baptisée CNI5-2, qui avait débuté à Genève le 5 août et devait théoriquement s’achever à minuit le 14 août.
Positions et lignes de fracture
Les États se sont répartis en deux camps aux demandes opposées. D’un côté, les pays dits « ambitieux » — parmi lesquels l’Union européenne, le Canada, l’Australie, et de nombreux États d’Amérique latine, d’Afrique et d’îles — poussaient pour un traité contraignant visant à nettoyer la planète du plastique, à réduire la production mondiale de plastique et à protéger la santé humaine.
De l’autre, des délégations qualifiées essentiellement de pays pétroliers ont rejeté les contraintes sur la production d’hydrocarbures à la base de l’industrie plastique, ainsi que les interdictions de certaines molécules ou d’additifs jugés dangereux. Ces divergences sur les objectifs et le périmètre du traité ont été au cœur du blocage.
Réactions officielles
La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, s’est dite « déçue » et « en colère » : « Une poignée de pays, guidés par des intérêts financiers de court terme et non par la santé de leurs populations et la durabilité de leur économie, ont bloqué l’adoption d’un traité ambitieux contre la pollution plastique », a-t-elle regretté dans une déclaration.
La Commissaire européenne à l’environnement, Jessika Roswall, a estimé que Genève avait néanmoins permis d’établir « une bonne base » pour une reprise des négociations. Le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, qui présidait les discussions et qui avait déjà présidé la précédente séquence diplomatique à Busan, en Corée du Sud, lors de l’échec fin 2024, était attendu pour une brève conférence de presse selon les services onusiens.
Tout au long de la séquence, la méthode et le processus de négociation ont été critiqués, parfois de manière anonyme par des acteurs présents, sans pour autant déboucher sur un accord au moment de la clôture informelle des discussions.
Voies possibles pour la suite
Plusieurs délégations ont évoqué la possibilité de reprendre les négociations à une date ultérieure. L’Ouganda a demandé explicitement une nouvelle session de négociation, tandis que certains responsables ont souligné que les avancées accumulées à Genève pourraient servir de base à une relance des pourparlers. Aucune date n’était annoncée au moment de la suspension des travaux.
La question centrale demeure le degré d’ambition du texte : réductions contraignantes de la production, interdictions ciblées de substances, ou approche plus souple basée sur des engagements volontaires. Les désaccords sur ces options expliquent en grande partie blocages et clarifications toujours nécessaires dans le projet de traité.