Home ActualitéBusinessEconomie et financeCrise grecque : dix ans après le référendum sur l’austérité

Crise grecque : dix ans après le référendum sur l’austérité

by Sara
Grèce, France

Dix ans après le référendum de juillet 2015, la crise grecque reste dans les mémoires : l’économie du pays se redresse, mais une grande partie des habitants vit encore dans une situation difficile, entre souvenirs des files devant les distributeurs et peur d’un effondrement monétaire.

Crise grecque : le vote de 2015 et le souvenir d’un été de rupture

Rue d'Athènes pendant la crise grecque
LOUIZA VRADI POUR « LE MONDE »

Pour de nombreux Grecs, l’été 2015 est resté comme « cet été 2015, celui de tous les dangers ». Le 27 juin 2015, le premier ministre de gauche Alexis Tsipras, élu en janvier avec Syriza, a annoncé, à 1 h 20, la tenue d’un référendum le 5 juillet pour dire non à un troisième plan d’austérité proposé par les créanciers du pays depuis le début de la crise de la dette, en 2010. Ces créanciers, souvent qualifiés de « troïka », regroupaient le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne.

Le climat politique et social était alors extrêmement tendu : la décision de convoquer un référendum est intervenue après le refus de l’Eurogroupe d’étendre un accord de prêt au pays, et alors que la fuite des capitaux s’accélérait. La Grèce se trouvait dans une impasse qui a rendu visibles, en quelques jours, des ruptures profondes dans la vie quotidienne.

Mesures d’urgence en juin 2015 : contrôles de capitaux et fermeture des banques

Le 28 juin 2015, le gouvernement hellénique a instauré un contrôle des capitaux et fermé temporairement les banques jusqu’au lendemain du vote. Les retraits ont été limités à 60 € par jour, et de nombreuses entreprises se sont retrouvées dans l’impossibilité de payer leurs salariés ou leurs fournisseurs. La paralysie financière a accentué la fragilité déjà installée depuis des années par la crise de la dette.

Katerina Grapsa dans sa boutique à Athènes
Katerina Grapsa dans sa boutique, à Athènes, le 17 juillet 2025.

Katerina Grapsa, commerçante au centre d’Athènes, se souvient de ces journées avec une intensité particulière. La sexagénaire dit avoir failli tout perdre, comme beaucoup de Grecs. « Dans les queues aux distributeurs des banques, nous rigolions de cette situation absurde, mais, au fond, nous avions peur d’apprendre une nouvelle catastrophe, que notre pays ne ferait plus partie de la zone euro », commente Mme Grapsa.

Ces images — files d’attente, distributeurs vides, commerces inquiets — ont marqué les esprits et la mémoire collective, symbolisant une période où la vie quotidienne a été bouleversée par des décisions prises au niveau européen et national.

Situation actuelle et mémoire sociale

Si l’économie grecque est aujourd’hui dans une trajectoire de redressement relative, les séquelles sociales restent importantes. Le souvenir des restrictions de 2015, des pertes et de l’incertitude pèse encore pour de nombreux ménages et commerçants. La référence au référendum et aux mesures d’urgence sert de repère pour comprendre le chemin parcouru depuis la crise et les difficultés persistantes.

Les témoignages comme celui de Katerina Grapsa illustrent le lien entre décisions politiques à l’échelle européenne et effets concrets sur la vie quotidienne en Grèce : une économie qui va mieux au niveau macroéconomique ne gomme pas automatiquement les traumatismes et les fragilités individuelles laissés par une décennie d’austérité et d’ajustements.

source:https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/08/15/crise-grecque-de-la-dette-dix-ans-apres-le-referendum-sur-l-austerite-la-population-reste-traumatisee_6629645_3234.html

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