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La folie du surf dans les Landes : un essor sans précédent

by Sara
France

Le surf connaît un essor marqué dans les Landes, attirant un nombre inédit de pratiquants et dynamisant le tourisme estival le long de la côte Atlantique.

Hausse de fréquentation sur les plages landaises et scènes d’affluence

Sur la plage Santocha, à Capbreton, en cette fin de matinée de juillet, la surface de l’eau ressemble à un boulevard embouteillé : plus de 200 surfeurs attendent la vague, ondoyant au rythme des flots. « Cette année, c’est de la folie. On n’en a jamais vu autant », observe Raymond Deroo, 32 ans, depuis la cabane de plage Terramar, où il travaille depuis cinq ans. « Dans l’eau, ça se pique les vagues, ça se bouscule. On voit régulièrement des accidents. Chez les locaux, ça râle. Du coup, ils viennent moins souvent ici et préfèrent les spots moins facilement accessibles. Mais tous ces touristes, ici, c’est ce qui nous fait vivre », ajoute ce barman.

Plage Santocha à Capbreton très fréquentée
La plage Santocha à Capbreton, le 16 Juillet 2025. De nombreuses écoles de surf se rendent sur cette plage très fréquentée, aux vagues souvent saturées de surfeurs.

Capbreton, Hossegor, Seignosse, Soustons, Moliets‑et‑Maâ… : ces communes landaises sont au cœur de cette forte attractivité. La popularité de la pratique et du mode de vie qui l’accompagne, en particulier auprès des catégories socio‑professionnelles supérieures, contribue au rebond touristique de la côte. Mais l’afflux soulève aussi des tensions sur les spots les plus accessibles.

Écoles, chiffres 2024 et facteurs de l’essor

La Fédération française de surf (FFS) note une augmentation notable de la pratique depuis la pandémie de Covid‑19. « Depuis la pandémie de Covid‑19, on constate dans ces régions un afflux massif de nouveaux surfeurs, même si nous avons du mal à le quantifier précisément, car les licenciés ne représentent qu’une petite partie des pratiquants », explique Jacques Lajuncomme, président de la FFS. En 2024, la fédération a délivré 65 000 passeports surf aux élèves des écoles labellisées — un chiffre présenté comme 20 % de plus qu’en 2014.

Plusieurs explications sont avancées pour rendre compte de cet engouement : l’évolution des planches, qui facilite l’entrée dans la discipline pour les débutants, la démocratisation de l’achat de matériel portée notamment par l’offensive de Decathlon, et la visibilité offerte par l’intégration du sport aux Jeux olympiques depuis Tokyo 2020. Christophe Guibert, sociologue du tourisme à l’université d’Angers, observe : « Chez les enfants et les ados, ce sport prend des parts de marché à d’autres activités, comme la voile ».

Le besoin d’activités de plein air, accentué par la pandémie, s’est traduit par un intérêt accru pour des disciplines comme le surf, l’escalade ou le trail. « L’été, il y a des tas de familles qui viennent dans les Landes faire une semaine de cours comme ils font une semaine au ski. Tout le monde s’y met : mari, femme, enfants. Ce n’est plus une pratique réservée, comme avant, à des hommes passionnés qui vivent pas loin des côtes », constate Thierry Organoff, surfeur et photoreporter pour le magazine Surf Session.

Conflits d’usage et cadre réglementaire encore balbutiant

La concentration de pratiquants sur certains spots entraîne des conflits d’usage entre locaux et touristes, ainsi qu’une augmentation des incidents dans l’eau. Les témoignages recueillis décrivent des scènes de bousculade et de concurrence pour les vagues, qui poussent certains surfeurs locaux à fréquenter des plages moins accessibles.

Face à ce phénomène, le cadre réglementaire et les modalités d’encadrement semblent en décalage avec l’ampleur de la pratique amateur. Les données fédérales — notamment le nombre de passeports délivrés aux élèves des écoles — donnent une photographie partielle : elles ne rendent pas compte de l’importante population non licenciée qui pratique ponctuellement ou en vacances.

Sur le terrain, acteurs locaux, écoles et autorités doivent composer avec des enjeux simultanés : sécurité, préservation des spots, coexistence entre pratiques touristiques et vie locale, et adaptation des services (écoles de surf, secours). Le récit des rivages landais met en lumière un boom touristique étroitement lié à l’engouement pour la glisse, tout en posant des questions concrètes sur la gestion des espaces maritimes et la régulation de la pratique.

source:https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/08/17/dans-les-landes-la-folie-du-surf-on-n-a-jamais-vu-autant-de-personnes-dans-l-eau_6630845_3234.html

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