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Dans le massif de la Chartreuse, le réchauffement climatique affaiblit les forêts : modifications des précipitations et stress hydrique rendent les arbres moins aptes à se défendre contre des parasites tels que le scolyte, selon les gestionnaires forestiers rencontrés sur place.
Réchauffement climatique : observations autour de la Grande‑Chartreuse
Les murailles du monastère de la Grande‑Chartreuse se dressent au milieu d’une forêt domaniale : autour du bâtiment situé à Saint‑Pierre‑de‑Chartreuse (Isère), à une trentaine de kilomètres au nord de Grenoble, le paysage est pourtant marqué par des arbres morts. Parmi les épicéas, sapins et hêtres, des « squelettes de bois » témoignent de pertes parfois rapides, y compris chez des sujets centenaires.
« Celui‑là allait encore bien il y a trois semaines », observe Martin Deltombe, responsable du secteur de la Chartreuse pour l’Office national des forêts (ONF), en désignant un épicéa dépouillé de ses aiguilles aux abords du monastère. Les responsables forestiers relient ces mortalités à une combinaison de facteurs climatiques et biologiques qui se sont accentués ces dernières années.
À Saint‑Pierre‑de‑Chartreuse, le scolyte profite des arbres affaiblis
Le principal agent observé sur le terrain est le scolyte, un petit coléoptère qui peut ravager un épicéa en quelques semaines. L’insecte s’installe sous l’écorce et se nourrit de la sève, « asséchant l’arbre petit à petit », selon le reportage.
Marjorie Guillon, directrice de l’ONF Isère, nuance toutefois l’antériorité du fléau : « Le scolyte a toujours existé en forêt, et les arbres savent lutter contre lui, en le “noyant” dans leur sève ». Le problème, expliquent les gestionnaires, est que les arbres affaiblis par des variations de précipitations et par des épisodes de stress hydrique sont moins capables de mettre en place cette défense biologique.
Sur le terrain, les conséquences sont visibles : des parcelles entières présentent des arbres morts sur pied, parfois en l’espace de quelques semaines. Les essences touchées en priorité sont les épicéas, particulièrement sensibles à l’attaque du scolyte lorsque leur résilience est réduite.
Gestion forestière et pistes évoquées pour l’avenir
Face à cette situation, les gestionnaires forestiers de l’ONF et d’autres acteurs locaux explorent des stratégies pour adapter la sylviculture aux nouvelles conditions climatiques. Ces discussions portent sur la manière de gérer des forêts à haute valeur patrimoniale comme autour du monastère, où les contraintes historiques et patrimoniales compliquent certaines interventions.
Le reportage rapporte que les équipes s’interrogent sur des pratiques de gestion adaptées au contexte local, en insistant sur la nécessité de prendre en compte la modification des précipitations et la fragilisation des arbres. Aucune mesure précise n’est annoncée dans les éléments publics du reportage ; les propos des responsables soulignent surtout l’ampleur du phénomène et l’urgence d’actions adaptées.
Constats et implications pour la biodiversité locale
La mortalité des arbres a des répercussions sur l’écosystème forestier : disparition d’habitats, modification de la composition des essences et impacts sur la biodiversité. Dans un massif comme la Chartreuse, où la forêt entoure des ensembles patrimoniaux et des milieux naturels sensibles, ces changements exigent une attention particulière des gestionnaires et des acteurs locaux.
Le réchauffement climatique, en modifiant les régimes de précipitations et en augmentant la fréquence des épisodes de stress pour les arbres, apparaît comme un facteur aggravant que les responsables de l’ONF citent pour expliquer la progression des attaques de scolytes et la rapidité des mortalités observées.