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Trafic de drogue en mer : les pêcheurs de cocaïne en Normandie

by Sara
France

Le trafic de drogue en Normandie a été mis en lumière par une opération policière qui a conduit, début avril, à l’interpellation de plusieurs marins et à la saisie d’une importante cargaison de cocaïne ; l’enquête révèle l’existence d’un système consistant à utiliser de petits chalutiers pour récupérer des ballots de drogue dans le sillage de cargos.

Trafic de drogue en Normandie : saisie de 615 kg et interpellations

Le 4 avril, après plus de dix‑huit mois d’investigations, les services de police ont saisi 615 kg de cocaïne dans une vedette de retour au port. Les personnes appréhendées sont des pêcheurs basés à Ouistreham et Trouville (Calvados) ; onze hommes sont aujourd’hui mis en examen. L’opération a visé ce que les enquêteurs qualifient, dans le milieu, de « pêcheurs de cocaïne ».

chalutiers et cargos en mer en Normandie

Parmi les mis en examen figure un homme identifié seulement par son prénom, Damien M., capitaine de l’Iz‑My. Il fait partie des personnes arrêtées et, selon le dossier, avait déjà été incarcéré cet été‑là pour diverses infractions maritimes. Les investigations ont également ciblé deux autres pêcheurs, des marins philippins et des intermédiaires liés au trafic havrais.

Enquête de la juridiction interrégionale spécialisée de Rennes et techniques d’investigation

L’enquête a été menée sous l’autorité de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes. Les investigations ont commencé, selon le dossier, en juillet 2023, à partir d’un maigre renseignement — un prénom — qui a permis de remonter progressivement vers des profils suspects. Les services ont multiplié écoutes, géolocalisations et filatures afin de documenter les pratiques et les connexions entre les protagonistes.

Les enquêteurs ont notamment ciblé des marins susceptibles d’éteindre leur système de géolocalisation, l’« automatic identification system » (AIS), et de suivre des trajectoires erratiques pour s’affranchir des règles de navigation. Le téléphone utilisé par Damien M. en détention a servi de point d’entrée pour élargir l’enquête et confirmer des rapprochements entre embarcations et mouvements suspects en mer.

Mode opératoire observé et impact local

Selon le dossier, la méthode consiste à envoyer de petits chalutiers en mer pour récupérer des ballots de drogue lâchés ou déplacés à la faveur du trafic maritime, en profitant du sillage des cargos. Ces ballots refont parfois surface et s’échouent sur les côtes normandes, phénomène qui avait déjà alerté les autorités avant le démantèlement de ce groupe.

Les enquêteurs décrivent le milieu comme « cloisonné, silencieux et méfiant », rendant la remontée des filières plus complexe. Avant cette opération, aucune structure criminelle ayant coordonné ces mises à l’eau n’avait pu être pleinement démantelée, alors que des ballots continuaient d’apparaître régulièrement sur les plages de la région.

Situation judiciaire et suite de la procédure

Onze personnes ont été mises en examen à la suite des interpellations d’avril. Le dossier met en relation des pêcheurs locaux, des marins étrangers et des acteurs du port du Havre. Les investigations restant en cours, la juridiction spécialisée a poursuivi les mesures d’instruction classiques : prolongation des écoutes, confrontations et expertises techniques pour établir les responsabilités et la chaîne d’approvisionnement.

Les éléments rassemblés montrent une organisation reposant sur des moyens maritimes discrets et l’exploitation des itinéraires commerciaux réguliers pour approvisionner la côte normande en produits illicites. La procédure doit désormais préciser le rôle exact de chacun des mis en examen et la manière dont la drogue était transférée et distribuée après la récupération en mer.

source:https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/08/20/dans-la-manche-les-pecheurs-de-cocaine-allies-precieux-du-crime-organise_6632180_3224.html

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