Publié le 20 août 2025, Akira Mizubayashi signe un roman d’amitié où Hiroshima sert de point de bascule : trois jeunes artistes cherchent, à travers la musique, la peinture et les liens, à surmonter l’horreur et la violence collective.
Hiroshima : l’art comme réponse à la destruction
Dans ce roman, Akira Mizubayashi suit le parcours de trois étudiants — Ren, Yuki et Bin — qui survivent à la catastrophe et s’efforcent de donner sens à un monde dévasté. L’auteur met en scène la résistance intime des personnages contre une violence qui dépasse les frontières personnelles et historiques. Face à la guerre et à la « pluie de feu » qui s’abat sur la ville, ils trouvent dans la création artistique une forme de réplique et un refuge moral.
La narration insiste sur le caractère paradoxal de l’expérience décrite : si la bombe atomique marque un point culminant de la violence, la lecture du récit souligne que cette tragédie s’inscrit dans une continuité d’atrocités humaines. Le texte fait entendre que loin d’être un incident isolé, la catastrophe s’inscrit dans une série d’actes belliqueux auxquels les personnages doivent répondre non par la haine, mais par la création.
« Une bombe de type inconnu a explosé dans le ciel de Hiroshima le 6 août. Une autre trois jours après dans le ciel de Nagasaki. D’après les photos des deux villes, c’est le désastre, la destruction totale, l’enfer sur terre. »
Le roman met également en garde contre une interprétation simpliste de l’événement : pour Mizubayashi, Hiroshima n’est pas seulement un fait historique isolé, mais le révélateur d’une violence universelle. Le récit souligne que, après ces explosions, « il y eut d’autres tueries, d’autres bains de sang, d’autres carnages, d’autres massacres, d’autres guerres. » Cette citation souligne la perspective élargie de l’auteur sur la condition humaine et la répétition des violences.
« Malgré les deux bombes de type inconnu, (…) il y eut d’autres tueries, d’autres bains de sang, d’autres carnages, d’autres massacres, d’autres guerres. »
Ren, Yuki et Bin sont d’abord des étudiants, donc des témoins et des acteurs à la fois. Leur combat n’est pas strictement politique ; il est esthétique et éthique. La musique et la peinture deviennent des moyens d’affirmer la dignité humaine et de maintenir des liens indéfectibles entre amis, face à la désolation. L’œuvre présente ainsi l’art comme un rempart, ou du moins comme un instrument de résistance morale.
Les formes artistiques comme remède
Le roman insiste sur la diversité des disciplines artistiques : la musique et la peinture sont nommées explicitement comme refuges. Cette pluralité illustre la conviction du narrateur que la beauté et la création peuvent contrer, sinon annuler, la brutalité des événements. Les personnages utilisent leurs pratiques respectives pour reconstruire un rapport au monde et à autrui, suggérant que l’art porte une fonction de réparation sociale et intime.
L’amitié entre les trois protagonistes est au centre du récit. Elle sert de fil conducteur et de moteur à leurs actions : au-delà de la douleur et du traumatisme, ce sont les relations humaines qui permettent la résilience. Le roman d’amitié que propose Mizubayashi refuse la solitude du survivant et affirme la puissance du lien face à l’inhumain.
Sans se limiter à un seul épisode historique, l’ouvrage articule mémoire et présent : Hiroshima devient un symbole, entendu comme point de départ d’une réflexion plus vaste sur la violence et la nécessité de créer. Le maintien de la beauté, dans le roman, n’est pas naïf ; il est posé comme une exigence éthique face à la répétition des massacres.
En donnant voix à trois jeunes artistes, Akira Mizubayashi rappelle que l’art peut être à la fois témoignage et réponse. Son récit, entre évocation historique et méditation sur l’amitié, invite à considérer la création artistique comme une manière de tenir face à l’effondrement.