Home ActualitéAssassinat d’Anas Al-Sharif : colère en France contre Israël

Assassinat d’Anas Al-Sharif : colère en France contre Israël

by Sara
France, Palestine, Israël

Les médias français ont vivement réagi à l’assassinat Anas Al-Sharif par l’armée israélienne à Gaza, provoquant une onde de choc au sein d’organisations de défense de la presse et d’instances internationales. Le décès du journaliste d’Al Jazeera, filmant et témoignant des opérations sur le terrain, soulève des questions sur la protection des journalistes et la possibilité qu’ils deviennent délibérément des cibles.

Réactions des médias et des ONG

Plusieurs titres français ont condamné avec force l’action israélienne et interrogé la justification officielle qui présentait Anas Al-Sharif comme un « terroriste rémunéré » et « déguisé en journaliste ». Cette affirmation n’a pas convaincu Reporters sans frontières (RSF), qui a décrit Al-Sharif comme « la voix de la souffrance imposée aux Palestiniens de Gaza ».

  • Libération a mis en avant l’indignation générale et la difficulté d’accepter l’explication israélienne.
  • La Croix a souligné le rôle d’Al-Sharif comme référent pour la couverture du conflit, notamment parce que de nombreux médias internationaux ne peuvent accéder à Gaza.
  • Médiapart a rappelé que plusieurs journalistes d’Al Jazeera ont choisi de rester à Gaza pour documenter les événements, malgré les risques.

La scène médiatique française considère l’affaire comme un élément supplémentaire d’une crise de protection des journalistes sur le terrain.

Appels internationaux et suites juridiques

Reporters sans frontières a demandé la convocation d’une réunion urgente du Conseil de sécurité sur la base de la résolution 2222 (2015) relative à la protection des journalistes en zones de conflit.

L’organisation annonce également avoir déposé quatre plaintes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour des accusations de crimes de guerre visant le traitement des journalistes à Gaza.

La Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies a estimé que la frappe qui a touché la tente où se trouvaient cinq salariés d’Al Jazeera constitue une violation grave du droit international humanitaire.

Le Haut-Commissariat des Nations unies a rappelé l’obligation de protéger tous les civils, y compris les journalistes, et a réitéré son appel à un accès immédiat, sûr et sans entrave des journalistes à Gaza.

Les témoignages et déclarations

Employés d'Al Jazeera rendant hommage à leurs collègues à Doha
Les employés d’Al Jazeera se réunissent dans les studios pour commémorer leurs collègues tués à Gaza (REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa).

Le photographe Mohammed Al-Za’noun a résumé la dangerosité: « Être journaliste à Gaza est un danger en soi. » Philippe Lazzarini, directeur de l’UNRWA, a parlé de « stupeur » face à la disparition de voix qui documentaient les atrocités à Gaza.

La directrice du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Jodie Ginsberg, a rappelé que les journalistes sont des civils et que les viser en temps de guerre constitue une « crimede guerre » s’il est établi qu’il s’agit d’une attaque délibérée.

Anas Al-Sharif : une voix devenue embarras

Anas Al-Sharif, suivi par quelque 500 000 personnes sur la plateforme X, était devenu une référence dans le monde arabe pour le suivi du conflit à Gaza. Sa couverture sur le terrain rendait visibles les conditions de vie et les souffrances des civils.

Dans sa dernière volonté citée par la presse, il écrivait : « J’ai vécu la douleur dans tous ses détails, j’ai goûté la souffrance et la perte à plusieurs reprises, mais je n’ai jamais hésité à transmettre la vérité telle qu’elle est. » Ces mots contrastent avec l’accusation israélienne portée à son encontre.

Al-Sharif savait qu’il était menacé depuis plusieurs mois après sa qualification par Israël de « terroriste » en octobre dernier. Sa famille avait déjà subi des pertes : son père a été tué en décembre 2023 et sa maison détruite.

Bilan humain et noms des victimes

L’attaque a coûté la vie à six personnes, dont cinq figures du journalisme :

  • Anas Al-Sharif (Al Jazeera)
  • Mohammed Qreiqeh (Al Jazeera)
  • Ibrahim Zaher (caméraman, Al Jazeera)
  • Mohammed Noufal (caméraman, Al Jazeera)
  • Moamen/Meimen Aliwa (journaliste indépendant)
  • Mohammed Al-Khalidi (journaliste indépendant)

Reporters sans frontières indique que ces noms s’ajoutent à une liste de plus de 200 journalistes tués depuis le 7 octobre 2023 dans le cadre du conflit à Gaza.

Selon Karim Emile Bitar, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris, le nombre de journalistes tués dans cette guerre dépasse largement celui enregistré en Ukraine ou durant les guerres du passé, comme le Vietnam ou la Seconde Guerre mondiale.

Craintes d’une stratégie d’obscurcissement médiatique

Plusieurs observateurs et organisations estiment que les attaques répétées contre des journalistes et des infrastructures médiatiques s’inscrivent dans une stratégie visant à réduire la capacité d’information sur le terrain.

« Les opérations de tuerie, les agressions, les arrestations arbitraires et les intimidations à l’encontre des journalistes palestiniens, ainsi que la destruction d’installations et de matériels médiatiques, font partie d’une stratégie délibérée pour étouffer la vérité. » — Irene Khan, rapporteuse spéciale sur la liberté d’expression.

Louise Alouin-Biché, directrice d’un projet à Reporters sans frontières, a estimé qu’il y a « un ciblage très clair des médias et de tous ceux qui produisent des informations fiables », visant à imposer un blackout médiatique.

Conséquences et mobilisation

L’assassinat Anas Al-Sharif a relancé les appels à protéger les journalistes sur le terrain et à engager des poursuites contre les responsables présumés d’attaques ciblées.

  • Demandes de réunion d’urgence au Conseil de sécurité.
  • Dépôt de plaintes auprès de la Cour pénale internationale.
  • Alertes répétées des ONG de défense de la liberté de la presse.

La couverture continue de ces événements reste cruciale pour permettre au public de connaître la réalité du terrain et de maintenir la pression pour la protection des journalistes et des civils.

Rassemblements en Jordanie contre l'assassinat des journalistes
Rassemblements en Jordanie pour dénoncer l’assassinat des journalistes à Gaza.
source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/8/12/%d8%b5%d8%ad%d9%81-%d9%81%d8%b1%d9%86%d8%b3%d9%8a%d8%a9-%d8%aa%d8%aa%d8%b3%d8%a7%d8%a1%d9%84-%d9%87%d9%84-%d8%a3%d8%b5%d8%a8%d8%ad-%d8%a7%d9%84%d8%b5%d8%ad%d9%81%d9%8a%d9%88%d9%86

You may also like

Leave a Comment