Table of Contents
Des centaines de journalistes et professionnels des médias se sont rassemblés mercredi sur les marches en pierre de la cathédrale Saint‑George, au cœur du centre historique du Cap, pour la 96e veillée hebdomadaire en soutien aux journalistes palestiniens de Gaza. La mobilisation fait suite à l’assassinat, dimanche dernier, de six reporters travaillant dans la bande de Gaza.
La veillée et les victimes
Les participants ont porté des portraits d’Anas al‑Sharif et brandi des pancartes proclamant que « tuer la presse, c’est tuer la vérité ». Ils ont réclamé l’arrêt immédiat de ce qu’ils qualifient de guerre d’extermination et du blocus qui affame la population de Gaza.
- Parmi les journalistes tués figurent les correspondants d’al‑Jazeera Anas al‑Sharif et Mohamed Qureiqa, ainsi que les photographes Ibrahim Zahir et Mohamed Nofal.
- Les journalistes Moumin Aliwa et Mohamed al‑Khalidi ont également perdu la vie dans la même attaque.
Réactions des intervenants
Le professeur Yusuf Tchiktia, coordinateur de la campagne de solidarité avec la Palestine au Cap, a exprimé « une colère profonde » face à l’assassinat délibéré d’Anas al‑Sharif et de ses collègues.
Intervenant dans l’église, Tchiktia a rappelé l’inscription célèbre à la cathédrale Saint‑George : si vous restez silencieux face à l’oppression, vous devenez complice. Il a insisté sur la nécessité de dénoncer la répression et de protéger le travail des journalistes.
Chiffres et comparaison historique
Des organisations telles que « Journalistes contre l’apartheid » et le Comité pour la protection des journalistes recensent 272 professionnels des médias tués depuis le 7 octobre 2023, une attaque sans précédent contre la liberté de la presse à l’époque contemporaine.
Ce total équivaut à environ 13 journalistes tués par mois sur une période de 22 mois de conflit. Les observateurs soulignent que, sur moins de deux ans, le nombre de victimes parmi les journalistes à Gaza dépasse celui enregistré durant plusieurs conflits majeurs cumulés.
Le choix symbolique de la cathédrale
La cathédrale gothique Saint‑George, la plus ancienne d’Afrique du Sud, n’a pas été choisie au hasard. Elle a une longue histoire de résistance contre l’injustice et de défense des droits humains.
Depuis le début de la guerre, la cathédrale a accueilli diverses actions en faveur de la Palestine : grèves de la faim pour demander un cessez‑le-feu, concerts de collecte de fonds et rassemblements interreligieux.
Accusations de complicité médiatique
Le professeur Tchiktia a accusé les médias sud‑africains et internationaux d’être, à divers degrés, complices de la situation en omettant ou en étouffant la réalité vivante à Gaza.
Selon lui, certaines rédactions servent la machine de communication israélienne, espérant que la diplomatie médiatique masquera la vérité. Il a appelé la presse dominante, en Europe et aux États‑Unis, à cesser d’être des instruments de propagande.
Appels à une action organisée
La journaliste leader de l’organisation « Journalistes contre l’apartheid » a insisté sur la nécessité d’intensifier les efforts des professionnels des médias au niveau mondial pour dénoncer ces meurtres et l’éventuelle « épuration » en cours.
Elle a notamment appelé les journalistes sud‑africains à cesser les voyages promotionnels en Israël et à coordonner des actions plus structurées afin de protéger leurs confrères et d’exiger des comptes, y compris de la part des gouvernements.
Le blocus médiatique et la liberté d’accès
Le Dr Imtiaz Sulaiman, directeur de la fondation Gift of the Givers, a demandé la levée du blocus sur Gaza et l’ouverture des points de passage, non seulement pour l’aide humanitaire mais aussi pour permettre aux journalistes d’entrer librement et de rendre compte de la situation.
Depuis octobre 2023, les reporters internationaux se voient régulièrement empêchés d’accéder à Gaza, rendant les journalistes locaux essentiels pour informer le monde de ce qui s’y déroule.
Trois organisations médiatiques sud‑africaines — le Forum national des rédacteurs (SANEF), la Campagne pour la liberté d’expression (CFE) et la Coalition pour l’éthique numérique (CODE) — avaient déjà publié une déclaration commune de solidarité le 23 juillet, exprimant une forte inquiétude face à la situation humanitaire et au manque d’accès des journalistes.
Les journalistes en première ligne
Les veillées hebdomadaires à la cathédrale Saint‑George se poursuivent, mais les organisateurs prévoient une action plus importante : une grande marche dominicale qui partira du phare du Cap vers le front de mer de Sea Point.
Cette marche sera conduite par des journalistes, afin de souligner leur rôle de leaders dans la défense de la liberté de la presse et la protection de leurs collègues à Gaza.
L’Afrique du Sud reste parmi les plus fermes opposants à la politique israélienne à Gaza et a engagé, en décembre 2023, une procédure contre Israël devant la Cour internationale de Justice à La Haye, l’accusant de génocide. Quatorze pays ont ensuite annoncé leur intention de se joindre à l’action sud‑africaine.