Une nouvelle étude, publiée dans Cell Metabolism et relayée par plusieurs rédactions, s’intéresse aux effets des aliments ultra-transformés AUT sur la fertilité masculine et la santé métabolique. L’équipe dirigeante est menée par des chercheurs du CNRS et de l’Inserm et compare des régimes strictement équivalents en calories mais différents par leur degré de transformation. Sur 43 hommes âgés de 20 à 35 ans, les chercheurs ont alterné trois semaines de régime ultra-transformé et trois semaines de régime peu transformé, avec ou sans surplus calorique de 500 kcal par jour. Les résultats indiquent une prise de poids et des perturbations hormonales liées à la fertilité, indépendamment de l’apport calorique, et des niveaux plus élevés de polluants dans le sang et le liquide séminal après le régime AUT, selon les auteurs.
Étude publiée dans Cell Metabolism le 28 août confirme les effets des AUT
La comparaison s’est déroulée selon un protocole croisé: deux régimes, identiques en calories, ont été suivis par 43 jeunes hommes, avec un sous-groupe recevant un excès de 500 kcal par jour et l’autre non. A quantité calorique identique, le régime constitué d’AUT « a entraîné une prise de poids, une augmentation de la masse corporelle, ainsi qu’une augmentation du ratio LDL/HDL, un indicateur du risque cardiovasculaire. Certains changements hormonaux ont aussi été observés, comme la baisse de deux hormones impliquées dans le métabolisme et la fertilité masculine (respectivement l’hormone GDF-15 et la FSH) », a précisé le CNRS dans un communiqué. Une baisse du nombre de spermatozoïdes mobiles a également été observée.
En parallèle, les chercheurs notent que l’argument « excès calorifique » est écarté comme explication principale: « La mesure de polluants et pesticides dans le sang et le liquide séminal des participants révèle des changements dans les taux de lithium sanguin (un faible taux de lithium, est associé, entre autres, à des problèmes de fertilité, ndlr) et d’un plastifiant (le phtalate cxMINP), un perturbateur endocrinien, qui se trouve en quantité plus élevée dans le sang et le liquide séminal après le régime ultra-transformé. » Ce résultat n’a pas été observé chez les participants qui s’alimentaient avec des produits peu ou pas transformés, même chez ceux qui consommaient trop de calories.
Impact sur la fertilité et le métabolisme: spermatozoïdes, hormones et masse grasse
Plusieurs marqueurs clés montrent que, même en l’absence d’excès caloriques, le régime AUT peut altérer la santé reproductive et métabolique. L’étude rapporte une augmentation du ratio LDL/HDL et une masse grasse plus élevée chez les participants soumis au régime transformé; les niveaux d’hormones FSH et de testostérone apparaissent plus faibles et le nombre de spermatozoïdes mobiles se réduit.
Les auteurs soulignent que les procédés industriels et les additifs pourraient favoriser la formation de substances néoformées et de perturbateurs endocriniens, comme le phtalate détecté après le passage au régime transformé. Le chercheur principal, Romain Barrès, déclare: « Nous avons été choqués par le nombre de fonctions corporelles perturbées, même chez les jeunes hommes en bonne santé. Les conséquences à long terme sont alarmantes et soulignent la nécessité de réviser les recommandations nutritionnelles afin de mieux protéger contre les maladies chroniques ».
Au-delà des effets reproductifs, les résultats soutiennent l’hypothèse selon laquelle la nature ultra-transformée des aliments pourrait influencer la santé métabolique et augmenter le risque de maladies chroniques, indépendamment du seul apport calorique. L’étude, menée sous l’égide du CNRS/INSERM et de l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire, apporte des preuves concrètes sur la façon dont les transformations industrielles et la présence d’additifs peuvent modifier les marqueurs biologiques et hormonaux.