Table of Contents
La Chute de Bayrou, Jean-Luc Mélenchon, Assemblée nationale, gouvernement, stratégie économique est au cœur des analyses après le vote qui a poussé le gouvernement de François Bayrou à la démission ; invité du « 20 Heures » le 8 septembre, Jean‑Luc Mélenchon a expliqué pourquoi il considère cet épisode comme une « victoire populaire » et pourquoi il ne soutiendra pas Olivier Faure pour Matignon.
À l’Assemblée nationale, Mélenchon qualifie la chute de Bayrou de « victoire populaire »
Interrogé par Léa Salamé, Jean‑Luc Mélenchon a expliqué sa présence dans les tribunes de l’Assemblée nationale le jour du vote, malgré le fait qu’il ne soit plus député. Il a décrit la défaite politique de François Bayrou comme plus large que prévu et liée, selon lui, à des facteurs hors strictement politiciens.
Léa Salamé : Nous vous avons aperçu cet après‑midi à l’Assemblée nationale. Pas dans l’hémicycle, puisque vous n’êtes plus député, mais dans les tribunes officielles. Vous souhaitiez assister en personne, comme on dit, à ce qui ressemblait à la mise à mort politique de François Bayrou ?
Jean‑Luc Mélenchon : Oh, « mise à mort », n’exagérons pas. Certes, il y a eu une bataille politique qu’il a perdue. Pour ma part, je suis très attentif aux avis du Parlement et je voulais observer la procédure. Ce n’est pas si fréquent, même si ça arrive désormais un peu plus souvent : la chute d’un gouvernement sur un vote de l’Assemblée reste un événement rare.
M. Mélenchon a souligné deux éléments qu’il juge significatifs : d’une part, l’ampleur du rejet, avec « à peine un tiers des députés » seulement qui ont soutenu Bayrou, y compris certains de ses alliés ; d’autre part, le fait que Bayrou ait choisi de poser la question de confiance pour la première fois en cinq ans.
Il estime que la démission est liée à la mobilisation sociale prévue pour le 10 septembre et à la grève générale du même jour, et en conclut que « sa chute, ce soir, est donc, à mes yeux, un triomphe du peuple. »
Pourquoi Mélenchon refuse de soutenir Olivier Faure pour la direction du gouvernement
Sur la question d’une éventuelle nomination d’un Premier ministre socialiste, Jean‑Luc Mélenchon a été clair : il ne soutiendra pas Olivier Faure. Interrogé sur la possibilité qu’Emmanuel Macron nomme un chef de gouvernement issu du Parti socialiste, Mélenchon a souligné les limites d’une telle option et le caractère inévitable d’une coalition hétérogène.
Léa Salamé : Allez‑vous le soutenir, sachant qu’Olivier Faure fut votre allié au sein du NFP ?
Jean‑Luc Mélenchon : Bien sûr, il souhaite être Premier ministre, c’est presque un leitmotiv chez lui, mais je ne le soutiendrai pas, et je pense que personne ne le fera. Il ne peut gouverner seul. Il serait contraint de former une coalition incluant des macronistes, une sorte de « grande coalition » à l’allemande. Pourquoi irions‑nous soutenir une telle configuration ?
Mélenchon rappelle qu’auparavant La France insoumise avait posé des conditions claires pour participer à un éventuel gouvernement : « Si nous venons, il faut que notre programme soit respecté ». Il critique également le retrait d’une candidature qu’il soutenait alors, celle de Mme Lucie Castet.
Face à la perspective d’une « grande coalition », il plaide pour que son mouvement propose son propre programme et laisse l’Assemblée en décider l’acceptation ou non.
Débat sur la stratégie économique : économies, dette et accusations contre Bayrou
Une partie importante de l’entretien a porté sur la stratégie économique et budgétaire. Olivier Faure propose, selon Mélenchon, 20 milliards d’euros d’économies, là où Bayrou envisageait 40 milliards d’euros. Mélenchon rejette cette logique d’austérité et critique la continuité avec les politiques jugées macronistes.
Léa Salamé : Avec une dette de 3 000 milliards et un déficit proche de 6 %, doit‑on passer par‑dessus bord ou faire des économies ? Il affirme qu’il fera moitié moins d’économies que François Bayrou. Serez‑vous favorable à des mesures d’austérité ?
Jean‑Luc Mélenchon : Avant tout, je tiens à dire que j’ai très mal vécu ces dix à quinze jours où M. Bayrou est apparu sur tous les plateaux, clamant que la France, dirigée par un Premier ministre, est une catastrophe pour la finance internationale. Tout serait perdu, nous serions submergés… Ce n’est pas vrai. À un moment, je me suis même demandé s’il n’essayait pas d’attirer la crise financière sur la France pour nous faire céder.
Mélenchon dénonce ce qu’il voit comme une stratégie de mise sous pression financière et rejette l’idée que la nomination d’un Premier ministre de gauche doive conduire à des sacrifices budgétaires dictés par les marchés.
Sur les chiffres évoqués, il rappelle le contexte de la dette « de 3 000 milliards d’euros » et d’un déficit proche de 6 %, mais il refuse d’avaliser la voie de coupes massives pour répondre à ces contraintes.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l’interview diffusée au « 20 Heures ».