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Depuis 1948, Israël a mené des frappes aériennes et des opérations ciblées au-delà de ses frontières, donnant lieu à de nombreuses accusations de violations israéliennes de la souveraineté d’États de la région et au-delà. Cet article retrace, pays par pays, quelques-unes des opérations les plus marquantes, en rappelant dates, victimes et réactions internationales. L’objectif est d’offrir un panorama factuel et synthétique de ces incidents pour mieux comprendre leur portée géopolitique.
Irak
Le 7 juin 1981, des avions de chasse israéliens F-15 et F-16 ont frappé le réacteur nucléaire de Tamouz en Irak, le détruisant presque complètement. L’attaque a causé la mort de dix Irakiens et d’un expert civil français impliqué dans la construction du site.
Les appareils utilisés comprenaient huit F-16, initialement destinés à l’Iran avant la révolution de 1979. En réponse, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 487 le 19 juin 1981, condamnant l’attaque et reconnaissant le droit de l’Irak à réclamer des réparations.
Tunisie
Le 1er octobre 1985, un escadron d’avions israéliens a attaqué le complexe sécuritaire de Hammam Chott, en banlieue de Tunis, faisant 50 Palestiniens et 18 Tunisiens tués, ainsi qu’environ 100 blessés. Les pertes matérielles ont été évaluées à 8,5 millions de dollars.
L’opération, baptisée « Le pied de bois » par l’armée israélienne, a visé plusieurs sièges de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). La riposte populaire en Tunisie fut massive, avec des manifestations et des rassemblements pour condamner l’agression.
Le 3 octobre 1985, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 573 condamnant l’attaque et exigeant des excuses et des réparations de la part d’Israël.
- 16 avril 1988 : l’unité Sayeret Matkal a assassiné Khalil al-Wazir (Abu Jihad) à Sidi Bou Saïd. L’opération fut dirigée par Moshe Ya’alon.
- 15 décembre 2016 : assassinat à Sfax de l’ingénieur et inventeur tunisien Mohamed Zouari; des sources proches du Hamas ont immédiatement accusé les services israéliens.
Émirats arabes unis
Le 19 janvier 2010, Mahmoud al-Mabhouh, cadre du Hamas, a été assassiné dans un hôtel de Dubaï. La police de Dubaï a dévoilé des éléments d’enquête pointant 11 personnes munies de passeports européens impliquées dans l’opération.
Les autorités émiriennes ont diffusé des images et des vidéos montrant l’arrivée et les mouvements des suspects, soulignant l’usage de techniques sophistiquées pour neutraliser la serrure de la chambre et procéder à l’assassinat. Dubaï n’a pas exclu l’implication d’un service de renseignement étranger.
Les Émirats ont rappelé qu’ils n’acceptent pas que leur territoire soit utilisé pour des actes d’élimination ciblée, quelle qu’en soit la justification.
Malaisie
Le 21 avril 2018, la Malaisie a annoncé la mort à Kuala Lumpur de Fadi al-Batsh, professeur et membre du Hamas, abattu par des tireurs alors qu’il se rendait à la mosquée pour la prière de l’aube. Les assaillants ont tiré environ dix balles.
La famille a accusé le Mossad et a demandé une enquête rapide des autorités malaisiennes pour empêcher la fuite des responsables. Le père d’al-Batsh a affirmé croire à un assassinat ciblé, soulignant l’absence d’ennemis connus et la popularité de son fils.
Jordanie
Le 25 septembre 1997, une tentative d’assassinat contre Khaled Mashal, dirigeant du Hamas, a eu lieu à Amman. Deux agents se présentant avec des passeports canadiens injectèrent un poison à Mashal, selon les autorités jordaniennes.
Les deux agents furent arrêtés par la Jordanie. Le roi Hussein exigea qu’Israël fournisse l’antidote et négocia la libération des agents contre la remise du cheikh Ahmed Yassine, alors emprisonné à vie, ce qui fut obtenu.
Qatar
Le 9 septembre 2025, des frappes israéliennes ont visé des résidences abritant plusieurs membres du bureau politique du Hamas à Doha, selon le ministère qatari des Affaires étrangères. Le gouvernement qatari a qualifié l’attaque de violation flagrante du droit international.
Doha a dénoncé l’acte comme une menace sérieuse à la sécurité des citoyens et des résidents, annonçant qu’elle ne tolérerait pas que son territoire soit compromis par des opérations militaires étrangères.
Syrie
Depuis les années 2000, Israël a multiplié les opérations en Syrie, alternant frappes aériennes, raids et assassinats. Les cibles alléguées allaient de sites liés au Hezbollah à des convois d’armes destinés au Liban, ainsi que des installations iraniennes.
Parmi les incidents notables :
- Août 2003 : raid signalé contre une résidence liée au président syrien Bashar al-Assad.
- Septembre 2007 : attaque présumée d’un réacteur nucléaire en construction à Deir ez-Zor.
- Février 2008 : assassinat d’Imad Mughniyeh, commandant du Hezbollah, à Damas, attribué par certains au renseignement israélien.
- Mai 2013 : frappes contre des brigades du Garde républicain et des dépôts d’armes autour de Damas et de la base de Jamraya.
- Janvier 2015 et décembre 2015 : attaques attribuées à Israël visant des dirigeants et des infrastructures liées au Hezbollah et aux forces pro-iraniennes.
- Avril 2018 : frappes visant des positions accusées d’abriter des conseillers iraniens, faisant selon les bilans plusieurs dizaines de morts.
- Mars 2024 : attaques à Alep faisant au moins 42 victimes parmi les militaires syriens et combattants du Hezbollah.
Après la chute du régime d’Assad, Israël a lancé l’opération « Sahm Bashan » le 8 décembre 2024, visant plus de 250 objectifs en Syrie. Les frappes ont atteint bases, aéronefs, systèmes de défense et infrastructures, et ont été présentées par Israël comme une opération majeure pour neutraliser des capacités stratégiques.
Les forces israéliennes se sont ensuite aventurées jusqu’à 25 km au sud-ouest de Damas, pénétrant dans plusieurs zones démilitarisées et intensifiant les attaques notamment dans la région de Deraa.
Liban
Sur plusieurs décennies, Israël a mené de nombreuses opérations militaires au Liban, visant d’abord l’OLP, puis le Hezbollah. L’invasion de 1982, nommée « Paix en Galilée », visait à expulser l’OLP et a provoqué d’importantes pertes civiles et militaires.
Les chiffres estimés du conflit de 1982 indiquent environ 20 000 morts et 30 000 blessés libanais, ainsi que le départ d’Yasser Arafat et de milliers de combattants palestiniens du territoire libanais.
D’autres opérations marquantes :
- Avril 1996 : opération « Grappes de colère », marquée par le bombardement du camp de réfugiés de Qana et la mort de plus de 100 civils selon plusieurs sources.
- Été 2006 : guerre de 33 jours après la capture de soldats israéliens par le Hezbollah, causant près de 1 200 morts libanais, majoritairement civils.
- Depuis octobre 2023 : échanges frontaliers étendus après l’offensive palestinienne, avec des frappes israéliennes en banlieue sud de Beyrouth visant des figures du Hezbollah et provoquant des victimes civiles et militaires.
Les opérations ont entraîné des accusations répétées de violations du droit international humanitaire, notamment en raison des frappes sur des zones densément peuplées et des infrastructures civiles.
Iran
Les activités israéliennes en Iran ont combiné opérations des services de renseignement et frappes militaires. Plusieurs scientifiques nucléaires iraniens ont été assassinés ces dernières années, et des attaques plus larges ont visé des infrastructures et des responsables politiques.
Parmi les événements les plus remarqués :
- Novembre 2020 : assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, physicien proche du programme nucléaire iranien.
- Mai 2022 : mort d’Ayoub Entizari, autre scientifique lié aux recherches nucléaires.
- 31 juillet 2024 : assassinat d’Ismaïl Haniyeh, président du bureau politique du Hamas, à Téhéran, attribué à Israël selon certaines sources.
- Juin 2025 : frappes aériennes à Téhéran et assassinat de plusieurs hauts responsables militaires et scientifiques, dont des figures du Corps des Gardiens de la Révolution et des chercheurs nucléaires.
Ces opérations ont intensifié les tensions régionales et entraîné des réactions politiques et sécuritaires en Iran, tout en soulignant le rôle combiné des actions clandestines et militaires dans la stratégie visant certaines cibles perçues comme une menace.