La réunion de rentrée de la Banque centrale européenne (BCE) s’annonce dans un contexte inédit: la crise politique française continue d’imprimer son empreinte, avec un nouveau Premier ministre mais sans budget ni gouvernement. Cette situation nourrit les interrogations sur la capacité de Paris à soutenir la dette et à stabiliser les finances avant les orientations de Francfort. Selon les analystes, sauf énorme surprise, le principal taux directeur devrait être maintenu à 2%, l’inflation restant contenue en zone euro et les tensions commerciales apaisées. La BCE et les marchés restent toutefois attentifs à la manière dont la situation française pourrait influencer les décisions futures et la transmission des chocs.
BCE à Francfort face à l’influence de la crise politique française
À Francfort, les décisions monétaires restent en marge des turbulences politiques, la BCE étant largement attendue pour maintenir le cap. Le taux directeur, tel que prévu par les observateurs, devrait rester à 2% et l’inflation en zone euro est jugée contenue, rendant moins probable une modification lors de cette session de rentrée. L’influence de la situation française est toutefois au centre des discussions: Christine Lagarde sera interrogée sur la trajectoire budgétaire et les risques pour la transmission des chocs sur les marchés.
«pourrait rappeler l’appel de la BCE à la responsabilité budgétaire», estime Felix Schmidt, chez Berenberg.
Le cadre technique reste toutefois au premier plan: l’Instrument de protection de la transmission (IPT), créé en 2022 et jamais utilisé, permet à la BCE de racheter les obligations de pays empêchés de se financer à coût raisonnable, mais pas de ceux confrontés à des difficultés liées à un mauvais pilotage budgétaire.
Selon Antje Praefcke, de Commerzbank, et d’autres analystes, la BCE apparaîtrait prête à agir si la situation devenait plus instable, mais les marchés restent calmes et «dans le pire des cas, la BCE agirait probablement comme prêteur en dernier ressort».
La conférence et les échanges sur le plan budgétaire surviennent alors que l’euro a légèrement progressé à 1,17 dollar, signe rassurant pour certains opérateurs qui anticipent les décisions en Francfort. Par ailleurs, la morosité économique en Allemagne pèse sur la dynamique européenne et les projections d’inflation et de croissance pour 2026 devraient être révisées à la baisse, selon les observateurs.
Sur le plan budgétaire, la dette française dépasserait désormais environ 3 300 milliards d’euros, soit plus de 115% du PIB, et Fitch a évoqué la possibilité d’une dégradation de la note si la trajectoire budgétaire n’était pas clarifiée. Les marchés anticipent que les investisseurs exigent une prime de risque plus élevée pour prêter à la France, même si les conditions générales du marché restent calmes à court terme. Le débat met aussi en évidence que, même dans un contexte politique tendu, la BCE cherche à calibrer sa politique en fonction d’un cadre économique plus large et de l’accord économique transatlantique en vigueur au début du mois d’août.
Dette française et perspectives pour les marchés
La dette de la France atteint environ 3 300 milliards d’euros, soit plus de 115% du PIB, et Fitch a évoqué la possibilité d’une dégradation de la note si la trajectoire budgétaire n’était pas clarifiée. Les marchés exigent une prime de risque plus élevée pour prêter à la France, même si les autres conditions restent globalement calmes à court terme. Le coût de l’emprunt à dix ans de la France a dépassé celui de l’Italie mardi pour la première fois depuis le début des années 2000.
Les projections économiques pour 2026 devraient être révisées à la baisse, et un accord conclu début août avec les États-Unis fixant des droits de douane de 15% sur la plupart des produits européens est pris en compte dans ces perspectives.
En outre, l’euro a évolué à la hausse dans ce contexte, et les marchés restent attentifs à tout signe de dérive budgétaire. Dans ce cadre, l’évolution des tensions en France demeure un facteur clé pour les investisseurs et les décideurs européens, alors que le front économique continental cherche à préserver la stabilité malgré l’incertitude politique.