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Deux médias russes en exil affirment avoir recensé 125 000 morts parmi les forces armées russes en trois ans, dévoilant des éléments sur les pertes russes Ukraine que le Kremlin cherche à minimiser depuis le début du conflit.
Pertes russes Ukraine : recensement de Mediazona et Meduza
Les chiffres cités proviennent de Mediazona et Meduza, deux médias russes indépendants opérant en exil. Ils indiquent qu’ »125 000 hommes tués au combat en trois ans » ont été identifiés à partir d’un recensement systématique mené depuis le début des hostilités. Face à l’absence de données officielles, ces rédactions compilent chaque décès signalé publiquement pour établir un bilan cumulatif.
Méthode de vérification et sources
Pour pallier le manque d’informations publiques, les équipes travaillent « avec des journalistes du service russe de la BBC ainsi qu’avec une équipe de bénévoles qui vérifient toutes les informations accessibles au public », explique Alexander Borodikhin, journaliste à Mediazona. Ils recourent à plusieurs types de sources : publications des administrations locales, messages sur les réseaux sociaux de proches, et photographies de tombes prises dans des cimetières locales mentionnant des soldats récemment décédés.
Sur le site de Mediazona, la liste est actualisée grâce au registre de succession : l’identité du soldat décédé, son âge, la région où il est tombé, ainsi qu’un lien vers la source confirmant le décès sont renseignés. Ce travail de fourmi vise à documenter des pertes que les autorités ne publient plus officiellement.
Silence officiel et stratégie du Kremlin face aux pertes
Depuis l’été précédent, l’Institut de statistique russe a cessé de publier des chiffres de mortalité, une décision interprétée par les enquêteurs comme un moyen de dissimuler l’ampleur des pertes liées à la guerre en Ukraine. Le président Vladimir Poutine a maintenu une communication évasive sur le sujet ; le 6 juin 2024, il déclarait : « Nos pertes, surtout lorsqu’il s’agit malheureusement de vies, sont bien moindres que du côté ukrainien ».
Pour Anna Colin Lebedev, maîtresse de conférence à l’Université Paris‑Nanterre, cette opacité fait partie d’une stratégie plus large : « La Russie s’attache effectivement à minimiser le coût de la guerre pour l’armée et pour la société et maximiser les comptes rendus d’avancée qu’elle présente comme spectaculaires, même lorsqu’elles ne le sont pas. Ne pas donner les moyens d’estimer le coût considérable, inégalé pour l’histoire russe, de la guerre pour la population, cela fait partie de cette stratégie ».
Le silence officiel n’est pas l’apanage de la Russie : l’article note aussi que « l’armée ukrainienne ne communique pas non plus sur ses pertes au combat », ce qui limite la disponibilité de données comparables et publiques des deux côtés.
Limites du bilan et portée des chiffres publiés
Le recensement mené par Mediazona et Meduza repose sur des sources publiques vérifiables, mais il n’a pas la prétention d’être exhaustif. Les équipes indiquent recenser les cas avérés documentés par des sources locales ou des témoins, ce qui signifie que des décès non signalés publiquement peuvent ne pas apparaître dans leurs listes.
Le chiffre de 125 000 morts évoqué par les médias en exil constitue donc un bilan vérifié à partir d’éléments publics rassemblés méthodiquement. Il s’inscrit dans un contexte où les données officielles sur la mortalité sont volontairement limitées, rendant la tâche des journalistes indépendants plus cruciale pour documenter l’impact humain du conflit.
Ce que disent les acteurs cités et prochaines étapes du recensement
Alexander Borodikhin souligne la mobilisation coordonnée des journalistes et bénévoles pour vérifier chaque signalement. Les listes publiées sont mises à jour régulièrement lorsque de nouvelles confirmations publiques apparaissent. Les médias indépendants maintiennent ce suivi tant que la transparence officielle sur les pertes restera limitée.
Les informations rassemblées par Mediazona et Meduza apportent un élément de documentation factuelle sur les pertes russes, en s’appuyant sur des sources accessibles au public et sur un travail de vérification afin d’établir un bilan aussi précis que possible dans le contexte actuel.