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Marie Antoinette : Une reine emblématique revisitée avec élégance

by Sara
France

Marie Antoinette, mode, Versailles, révolution, histoire de France : l’exposition revisitée décrite ici replace la reine dans la matérialité des objets et des images, loin des caricatures et des légendes qui ont entouré sa vie et sa mort.

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La vie de Marie‑Antoinette commence déjà sous de mauvais auspices. Lors des fêtes organisées à Paris pour célébrer le mariage de la princesse autrichienne avec le dauphin de France, un feu d’artifice provoqua un incendie, la foule prit la fuite et plus de 130 personnes périrent — bien que la rumeur ait avancé des chiffres beaucoup plus élevés. Dès l’origine, elle fut destinée à être haïe par une partie de l’opinion française et rendue responsable de souffrances dont elle ignorait souvent l’existence.

À partir de 1789, alors que la Révolution s’amorce, Marie‑Antoinette est diabolisée non seulement comme dépensière mais aussi par des accusations de mœurs excessives. Des gravures pornographiques des années 1790, conservées et présentées par le V&A, la représentent de façon outrancière, par exemple en train d’aimer un garde ou l’une de ses dames d’honneur ; ces images calomnieuses témoignent de la violence des attaques dont elle fut la cible.

Portraits, costumes et objets : la construction d’une image

Les portraits d’Élisabeth Vigée‑Le Brun donnent une image très différente : la reine y regarde le spectateur avec un calme impassible. La relation entre la souveraine et cette peintre révèle un cercle féminin où la passion de la reine pour la mode nourrit l’art. Marie‑Antoinette affectionnait des coiffures monumentales et des « poufs » symboliques : elle porta des pièces évoquant la vaccination contre la variole, ou coiffa un chapeau orné d’un navire pour commémorer une victoire navale.

Toutefois, l’esthétique qui inspira Vigée‑Le Brun était souvent détournée vers un goût « rustique ». Dans le portrait de la reine au chapeau de paille, elle tient une rose rose, comme interrompue dans l’arrangement floral pour nous regarder. Dans les dernières années du XVIIIe siècle, influencée par le Romantisme, ses coiffures se réduisent ; la reine se replie davantage au Petit Trianon, refuge privé situé dans les jardins de Versailles.

Parmi les pièces présentées figurent un fauteuil orné d’or provenant de ce lieu pastoral et, fait étonnant, un ensemble d’outils de jardinage en trompe‑l’œil utilisés comme accessoires lors des spectacles pastoraux joués au théâtre du Petit Trianon. Les idées de Jean‑Jacques Rousseau, célébrant l’état de nature et critiquant la corruption des sociétés civilisées, se lisent dans ce retour apparent à la nature — mais mis en scène selon les codes luxueux de la cour.

Objets intimes, mode et symboles sociaux

La matérialité de la vie de cour est présente jusque dans les détails : une « coupe‑sein » en porcelaine, simulacre parfait du sein et dont la tradition veut qu’elle ait été modelée par la reine, illustre l’idéal de certaines femmes de la haute société de nourrir elles‑mêmes leurs enfants plutôt que de recourir à des nourrices. Les révolutionnaires dénonceront ces pratiques comme une fantaisie de richesse déguisée en naturalité.

Une collection captivante d’éventails peints révèle des scènes amoureuses, mythologiques ou satiriques, parfois montrant un coiffeur sur une échelle occupé à parfaire une coiffure monumentale. Les vêtements exposés semblent tout droit sortis d’un conte : la robe de cour portée par la reine de Suède pour son mariage en 1774, en argent scintillant, dépasse toute imagination fantaisiste. Ces vêtements, placés dans une salle de miroirs, donnent à voir des présences invisibles, comme des silhouettes hantant la galerie.

Parmi les reliques personnelles de la reine figurent des bijoux, son piano, des flacons de parfum et des coupes de pot‑pourri — autant d’objets qui rendent tangible un quotidien de cour où, selon les commentateurs de l’époque, Versailles « sentait ».

Révolution, guillotine et mémoire

La Révolution mettra fin aux apparats superficiels ; la vérité publique devient le nouvel étendard, elle aussi visible dans la mode. Des dessins de vêtements révolutionnaires montrent des costumes patriotiques « pour lui et pour elle », y compris des tenues inspirées de la Rome républicaine. Une représentation de la Fête de la Fédération en 1790 montre la famille royale tentant de se conformer aux nouvelles formes publiques de représentation. Mais en 1793, la guillotine s’impose.

Un fragment conservé d’une guillotine de la période révolutionnaire, prêté par les archives de Madame Tussauds, est exposé : le bois noirci mais pourri, la lame toujours tranchante, témoignent de la réalité matérielle de l’exécution. Il pourrait s’agir de la machine qui décapita Marie‑Antoinette sur la Place de la Concorde — alors nommée Place de la Révolution — le 16 octobre 1793. Une estampe montre l’exécuteur présentant la tête de la reine à la foule, le sang coulant de sa nuque.

Après l’exécution, la réinvention de Marie‑Antoinette dans la culture moderne est abordée, mais cette partie est, selon l’exposition, la moins convaincante. On y trouve une photo de Kate Moss habillée en « Marie‑Antoinette » et des accessoires du film Marie Antoinette ; ces éléments illustrent la postérité iconographique, mais ne remplacent pas la force des objets historiques. La note finale de la reine, conservée, est ici exposée : “Mon Dieu! Ayez pitié de moi!”

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source:https://www.theguardian.com/artanddesign/2025/sep/17/marie-antoinette-style-review-v-and-a-london-exhibition-seedy-sex-addict

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