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La différence de taille s’invite au cœur d’un épisode de Pour le meilleur et à l’aveugle sur Netflix et relance le débat en France sur la place de cet écart dans la vie de couple ; la séquence opposant Cynthia et Jonathan a suscité de nombreuses réactions et trois femmes ont témoigné auprès du HuffPost sur leurs expériences.
La différence de taille dans l’émission et les réactions
Dans le quatrième épisode de l’émission, le couple formé par Cynthia et Jonathan se déchire à propos d’un sujet apparemment anodin : leur différence de taille. Cynthia, qui mesure 1,82 m, est plus grande que Jonathan de quelques centimètres. Alors qu’ils se préparent à rejoindre les autres candidats pour une soirée, Jonathan demande à Cynthia de changer de chaussures à talon : « Mets les autres, je t’en supplie. Pour les autres, je vais me faire tailler, là t’abuses. »
Cynthia refuse, rappelant qu’il lui avait précédemment dit que la situation n’était « pas un problème ». « Le jugement des autres, c’est leur problème », estime-t-elle, tandis que Jonathan lui reproche de ne pas tenir compte de ses appréhensions. La séquence a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, montrant à quel point l’écart de taille reste un sujet sensible dans les couples hétérosexuels, notamment dès que les femmes approchent d’environ 1,75 m.
Témoignages : quand l’écart de taille devient une contrainte sociale
Trois femmes ont raconté au HuffPost comment leur taille a influé sur leurs relations et sur le regard extérieur. Nora, 33 ans, explique que la taille n’a jamais été son critère de choix mais que l’image traditionnelle du couple la place en décalage : « Quand t’es grande, tu as une espèce d’image d’Épinal du couple à laquelle tu sais que, quoi qu’il arrive, tu ne correspondras pas. En tant que meuf, tu dois être une petite chose fragile. Et les mecs doivent être grands, forts et protecteurs. »
Nora évoque une relation de trois ans avec un homme légèrement plus petit qu’elle, « quelque chose comme 2 centimètres d’écart ». Ce qui a d’abord été anecdotique est devenu pesant à cause du regard extérieur : « Quoi qu’on fasse, partout où on allait, le fait qu’il soit plus petit que moi revenait : au travail, en soirée, dans sa famille… » Elle raconte comment son compagnon a peu à peu perdu confiance en lui, portant des semelles épaisses et surveillant sa tenue. « Il ne m’a jamais demandé de ne pas porter de talons hauts, mais je sentais qu’il ruminait là‑dessus. Et comme je suis un peu mesquine, les jours où il m’énervait, je faisais exprès d’en mettre. »
Antoine et Nicolle, tous deux artistes, ont 36 ans ; il mesure 1,65 m, elle 1,80 m. Leur écart de 15 cm provoque régulièrement des remarques d’inconnus comme de proches. Une personne leur a lancé : « Ça va pour se promener, mais après, faut assurer ! » ; une cousine d’amie a demandé lors d’un dîner : « Et au lit, c’est bizarre nan ? » Nicolle juge ces interventions intrusives : « Même si ce sont des remarques un peu débiles, pour nous c’est intrusif, comme un jugement sur notre intimité, une attaque envers Antoine et sa capacité à tenir “son rang d’homme”. » Elle avoue parfois hésiter à tenir la main de son compagnon dans la rue.
Esther, 38 ans, rapporte un rapport de force social différent mais similaire : « Sur ma bio Tinder, j’avais écrit : “Je fais 1,74 m et j’aime bien porter des talons”, parce que je savais que les mecs tiltaient sur ça. » Lors d’un rendez‑vous, un homme lui a lancé, presque surpris : « Ah mais en fait, t’es grande ! » Le regard des autres l’a fait douter de sa désirabilité à l’adolescence : « Quand on est grande, on sort un peu des critères de beauté généralisés. » Malgré cela, elle n’a jamais renoncé à porter des talons : « Ça m’a traversé l’esprit. Mais je ne vais pas renier quelque chose qui m’appartient : m’habiller comme j’en ai envie. Ce n’est pas à moi de gérer son complexe, s’il en a un. Et si c’est le cas, vaut mieux le savoir tout de suite, car c’est un red flag direct. »
Perceptions et enjeux pour les couples
Plusieurs témoignages soulignent que le problème ne tient pas seulement à l’écart de taille mais au poids social attaché à des stéréotypes de genre : l’idée qu’un homme doit paraître physiquement supérieur à sa partenaire persiste et peut conduire à des complexes ou à des jugements intrusifs. Pour Nora, l’attente selon laquelle un « vrai mec » doit afficher un ascendant physique sur sa compagne pose question : « Vu le pourcentage d’hommes violents sur Terre, je ne trouve ça ni rassurant, ni protecteur. »
Les récits montrent que l’écart de taille peut affecter la confiance en soi, la façon de se comporter en public et les dynamiques intimes. Ils mettent aussi en lumière la place du regard d’autrui dans la construction du « normal » pour les couples, et comment ce regard peut devenir un obstacle dans la relation lorsque l’un des partenaires intériorise ces injonctions.