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Affaire Perrier: UFC-Que Choisir réclame retrait et rappel

par charles
France

Une controverse entourant l’eau Perrier agite le paysage sanitaire et consommateur en France, portée par l’UFC-Que Choisir et des autorités. L’association affirme que l’eau vendue comme minérale naturelle est traitée, ce qui remet en cause son étiquette. Nestlé Waters affirme au contraire que l’eau reste pure et sous le contrôle des autorités. Le récit mêle des procédures judiciaires, des contrôles sanitaires et des révélations historiques sur les forages de Vergèze.

Bouteilles Perrier dans une usine française
Photo illustrant les bouteilles Perrier en circulation.

À Nanterre et Vergèze : la procédure et les allégations

L’UFC-Que Choisir avait saisi le tribunal judiciaire de Nanterre en référé au printemps via un référé d’heure à heure, procédure accélérée qui permet d’assigner quelqu’un à comparaître dans un délai très bref, mais l’audience prévue en juillet avait finalement été reportée. L’objectif avancé par l’association à l’époque était d’obtenir des mesures provisoires « de retraits du marché et de rappel de produits », « d’interdiction de commercialisation » et « la cessation des tromperies concernant ces eaux Perrier présentées comme minérales naturelles ». Nestlé Waters affirme rester « tout à fait déterminé » à « contester » l’action en justice, rappelant toujours « opérer sous le contrôle des autorités ». Début 2024, des articles de presse ont révélé l’utilisation au cours d’années précédentes de traitements interdits (ultraviolets, charbon actif) sur des sites d’embouteillage de Nestlé Waters pour, selon la filiale du groupe suisse qui rassemble notamment les marques Vittel, Perrier et Contrex, « assurer la sécurité sanitaire » des eaux. Or une eau minérale naturelle ne peut faire l’objet d’aucune désinfection ou traitement de nature à modifier ses caractéristiques.

Le changement de filtre en question et les accusations qui l’entourent alimentent le débat sur la pureté et la traçabilité. L’UFC-Que Choisir estime par ailleurs qu’il y a « un risque réel pour le consommateur : sans mesure prise, un jour quelqu’un pourrait tomber malade », affirme Maître Alexis Macchetto. Des contrôles et des réponses contrastées entre Nestlé Waters et les autorités sont au cœur des échanges, entre contention et assurances sur la sécurité.

Réponses des autorités et évolutions récentes

Dès octobre 2023, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) alertait sur une « contamination régulière » des eaux brutes et un « niveau de confiance insuffisant » dans leur qualité sanitaire. En avril 2025, des hydrogéologues confirment : tous les puits exploités par Nestlé à Vergèze ont perdu leur pureté originelle, avec des contaminations microbiologiques détectées sur une décennie. En août 2024, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie relevait une « qualité d’eau brute insuffisante » et des contaminations « inacceptables ». Le préfet du Gard, Jérôme Bonet, dénonce aussi que « La pureté originelle n’a pas été préservée ».

Nestlé minimise, arguant que ses contrôles fonctionnent, mais la réglementation exige une pureté à la source, pas un tri des lots contaminés. Nestlé a remplacé ses filtres de 0,2 µm par d’autres à 0,45 µm, mais sans autorisation préalable, aggravant les soupçons. L’UFC-Que Choisir, par la voix de son avocat Alexis Macchetto, parle d’une « fraude massive » et de « possibles risques sanitaires ». Dès juillet 2022, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) alertait sur une maîtrise insuffisante des risques. En 2023, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, recommandait la suspension des forages. Pis, au printemps 2025, 300 000 bouteilles de Perrier ont été détruites après la détection de bactéries pathogènes. L’ARS envisage même un arrêt de la production et suggère un « autre usage alimentaire » pour l’eau de Vergèze. La préfecture impose aussi en mai 2025 une campagne d’information destinée aux consommateurs.

Mais pour l’UFC, la communication publique demeure insuffisante : « On ne peut pas attendre une catastrophe comme celle de 2016 en Espagne, où 4 000 personnes ont été intoxiquées par une eau contaminée », martèle Maître Alexis Macchetto. Le verdict du référé ne porte pas sur le fond, mais il pourrait bouleverser l’avenir de Perrier et la gestion des eaux de Vergèze, selon les avocats et les autorités.

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