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La vallée de la Couze, en Dordogne, est un creuset de la préhistoire où la rivière a façonné des falaises calcaires offrant de nombreux abris ; la zone concentre des sites archéologiques importants du Paléolithique, dont la Grotte de La Gravette et le Roc de Combe‑Capelle.
La vallée de la Couze, berceau préhistorique méconnu du Périgord
Affluent de la Dordogne, la Couze prend sa source près de Belvès et rejoint la rivière à Port‑de‑Couze. En creusant les falaises calcaires de sa vallée, elle a créé des abris sous roche et des cavités qui ont attiré les groupes humains pendant des millénaires. À côté de la célèbre vallée de la Vézère, située à 25 km à l’est de Bergerac, la vallée de la Couze constitue « l’autre Périgord de la préhistoire », selon les spécialistes locaux, en offrant un ensemble dense de gisements et de grottes ornées.
Les découvertes vont du Paléolithique ancien au Paléolithique moyen : gisements de plein air, sites sous abri et cavités ornées s’y succèdent, témoignant d’une occupation humaine répétée et de traditions techniques et culturelles variées.
Sites emblématiques : La Gravette, Combe‑Capelle et La Cavaille
Plusieurs sites de la vallée sont renommés pour leur apport scientifique. La Gravette, située à Bayac au sud de Lalinde, a donné son nom au Gravettien, une culture matérielle datée en gros entre 20 000 et 30 000 ans avant notre ère, caractérisée par des armatures et petites pointes fines. Le Roc de Combe‑Capelle, sur la commune de Saint‑Avit‑Sénieur, a pour sa part marqué l’histoire des recherches par la découverte d’un squelette humain longtemps considéré comme l’un des plus anciens Homo sapiens d’Europe.
La vallée compte également des cavités ornées et des gravures pariétales, notamment à La Cavaille, à Couze‑et‑Saint‑Front, ainsi que de nombreux gisements de dimensions plus modestes mais complémentaires pour reconstituer les comportements et techniques des populations préhistoriques.
« Nous l’appelons « l’autre Périgord de la préhistoire ». Dans cette vallée de la Couze, on a trouvé à ce jour une quinzaine de gisements. Il n’y a pas de grotte, il n’y a pas de peinture, pas de chose très visible, mais chacun de ces gisements apporte des éléments importants sur l’histoire de l’Homme », constate Bernard de Montferrand. « Le premier, c’est La Gravette, dans la commune de Bayac ; c’est un site qui révèle ce que l’on a appelé le Gravettien, période en gros entre 20 et 30.000 ans avant notre ère, qui a développé une culture d’outils, avec des petites fléchettes extrêmement bien dessinées et fines. Le deuxième site est celui de Combe‑Capelle, sur la commune de Saint‑Avit‑Sénieur, site qui, sur le plan historique, a une histoire incroyable, puisqu’on a longtemps pensé que c’était le plus vieil Homo Sapiens d’Europe (qui avait été découvert là). On avait trouvé un squelette qui avait à peu près 35.000 ans. (…) En fait, il n’avait que 7.000 ans, mais autour de l’histoire de ce squelette, c’est quelque chose qui a apporté beaucoup à la connaissance de l’histoire de l’Homme. »
Bernard de Montferrand est Président du Centre International de Recherche et de communication sur l’homme Préhistorique de la vallée de la Couze.
Apports scientifiques et vestiges répartis sur le territoire
Les gisements de la vallée fournissent des éléments chronologiques et technologiques utiles pour comprendre les variations culturelles du Paléolithique. Les assemblages lithiques, les vestiges osseux et les gravures pariétales participent à la reconstitution des modes de vie, des techniques de taille et des pratiques symboliques des populations néandertaliennes et sapiens présentes en Périgord.
Outre La Gravette et Combe‑Capelle, la vallée recèle une quinzaine de sites fouillés, certains mieux documentés que d’autres. Ensemble, ils complètent la riche toponymie préhistorique de la Dordogne, où la densité de sites archéologiques a permis de nourrir de nombreux travaux et publications scientifiques.
La vie culturelle locale : conférences et diffusion des connaissances
Depuis plus de trente ans, la vallée vit, chaque mois d’août, au rythme des conférences d’été sur la Préhistoire. Organisées dans les salles des fêtes des villages de la Couze, ces rencontres rassemblent chercheurs et publics et se prolongent par un verre de l’amitié. Elles contribuent à la transmission des connaissances et à la valorisation du patrimoine archéologique local.
À l’échelle départementale, d’autres initiatives et publications évoquent la richesse préhistorique du Périgord : ouvrages, expositions et activités de terrain encouragent la conservation et l’étude des sites, tandis que des centres de recherche et musées régionaux centralisent certaines collections et supports scientifiques.
La vallée de la Couze reste ainsi, malgré une moindre notoriété que la Vézère, un territoire-clé pour l’étude du peuplement préhistorique en Dordogne, offrant une série de gisements et de cavités qui alimentent la connaissance de l’histoire de l’Homme en Périgord.