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Ce dimanche, les électeurs moldaves sont appelés à renouveler leur parlement dans des élections Moldavie, influence russe, Maia Sandu, destabilisation, cyberattaques marquées par une ingérence russe sans précédent, selon les autorités, qui dénoncent achats massifs de votes, cyberattaques et campagnes de désinformation visant à déstabiliser le pays.
Contrôles policiers et accusations d’ingérence avant le vote
La tension est montée d’un cran en Moldavie après que la police a mené, lundi dernier, plus de deux cents perquisitions et arrêté 74 personnes. Le parquet affirme qu’il s’agit de Moldaves instruits en Serbie par les services de renseignement russes pour troubler l’ordre public, provoquer des émeutes et semer le désordre autour du scrutin.
Le Premier ministre Dorin Recean a identifié l’organisation de manifestations violentes comme l’un des moyens utilisés pour perturber la tenue du vote. Il a également signalé des tentatives systématiques d’achat de voix, des cyberattaques et une vague de désinformation. Ces allégations sont étayées par des enquêtes indépendantes du quotidien Ziarul de Garda, de la BBC et des documents révélés par Bloomberg qui décrivent des plans russes pour déstabiliser la Moldavie.
Mode opératoire : achats de voix, désinformation et usage d’IA
Lors de la présidentielle de l’an dernier, Maia Sandu avait déjà résisté à une campagne d’ingérence massive et remporté la victoire. Les autorités estiment qu’environ 130 000 personnes ont alors reçu de l’argent, soit près de 10 % de l’électorat moldave.
Andrei Rusu, chercheur pour l’ONG moldave Watchdog, relève des similitudes avec l’an dernier : « Maia Sandu est mauvaise, l’UE sape les valeurs traditionnelles et l’Église, la Moldavie doit rester neutre et entretenir de bonnes relations avec la Russie. » Ces récits sont diffusés par des réseaux de bots, des utilisateurs payés et, selon les observateurs, par des acteurs au sein de l’Église orthodoxe qui entretient des liens étroits avec la Russie.
Rusu note toutefois des changements : « Il est plus agressif, tant dans le contenu que dans l’ampleur. Depuis cette année, l’IA est utilisée à grande échelle, et cette fois la diaspora est également ciblée. » L’utilisation de l’intelligence artificielle facilite la production et la diffusion rapide de contenus mensongers, y compris vers l’étranger, où Sandu et son parti PAS recueillent habituellement un fort soutien.
Enjeux géopolitiques et élections Moldavie, influence russe, Maia Sandu, destabilisation, cyberattaques
Pour Anastia Pociumban, analyste au sein du think tank DGAP, « Mais l’influence russe s’est affaiblie dans les anciennes républiques soviétiques depuis l’invasion de l’Ukraine ». Elle estime cependant que ces élections représentent, à court terme, la dernière chance pour la Russie d’éviter de perdre son emprise sur la Moldavie. Le président Maia Sandu parle d’« une guerre hybride illimitée » visant « à conquérir la Moldavie via les urnes ».
Le résultat déterminera la capacité du pays à poursuivre une trajectoire pro‑européenne et à avancer vers une éventuelle adhésion à l’Union européenne, objectif affiché de la Moldavie pour 2030. L’Union européenne a fortement investi dans l’économie moldave ces dernières années, ce qui renforce l’enjeu géopolitique du scrutin.
Forces politiques, sondages et risques post‑électoraux
Quatre partis semblent en mesure de franchir le seuil électoral de 5 %. Outre le Parti d’Action et de Solidarité (PAS) de Maia Sandu, le Patriotic Bloc rassemble plusieurs formations pro‑russes prônant la religion, la tradition et un approvisionnement en gaz russe à bas coût. Renato Usatii et son parti, Onze Parti, ainsi que l’Alternative Bloc complètent le tableau, ce dernier se présentant comme pro‑européen mais étant, selon le PAS, proche du Kremlin.
Les sondages sont jugés peu fiables : entre 30 et 40 % des électeurs restent indécis et la diaspora est souvent exclue des relevés. En 2021, le PAS avait obtenu 61 des 101 sièges du Parlement ; cette fois, il risque de perdre sa majorité et pourrait même devoir former une coalition.
Pociumban avertit qu’une victoire du PAS suivie de compromis politiques pourrait conduire à « un gouvernement qui sur le papier est très pro‑européen, mais où, en coulisses, le rythme des réformes ralentit et règne une forte incertitude politique ». Les autorités s’inquiètent aussi d’actes d’ingérence après le scrutin, durant des périodes d’instabilité politique.
L’Institut for the Study of War a mis en garde dans un rapport que la Russie pourrait tenter de déstabiliser la Moldavie après les élections via des manifestations et des émeutes. Andrei Rusu confirme ce scénario : « L’un des récits dominants est que ces élections ne se dérouleront pas équitablement. Cela doit préparer le terrain pour des troubles et des manifestations après le vote si le PAS gagne. »
Développements récents et conséquences judiciaires
Cette semaine, la remise à la Moldavie par la Grèce de l’oligarque Vladimir Plahotniuc constitue un coup de théâtre favorable à Maia Sandu. Plahotniuc est recherché pour son implication dans une vaste fraude qui, selon les autorités, a coûté à l’État environ 1 milliard d’euros.
Malgré cette bonne nouvelle pour le camp pro‑européen, l’issue du scrutin reste incertaine et dépendra de la répartition des voix et des accords de coalition. Les autorités et les observateurs internationaux surveillent de près la tenue du vote et ses suites, craignant que des actions coordonnées — achats de voix, cyberattaques et campagnes de désinformation — ne viennent fausser le processus démocratique en Moldavie.
« La Moldavie est le terrain d’essai, l’Europe est la cible. »