La grève des auto-écoles s’étend ce lundi sur l’ensemble du territoire, des grandes villes à l’Île-de-France, face au manque persistant de places à l’examen et à la hausse du coût de la formation. Les syndicats dénoncent un goulot d’étranglement et demandent à être reçus par les autorités pour débloquer la situation, en rappelant les difficultés rencontrées par les élèves et les retards qui se multiplient. Les chiffres publics et les témoignages sur le terrain dessinent un paysage où l’offre peine à suivre une demande croissante et où l’ouverture du permis à 17 ans et le financement via le compte formation jouent un rôle. Des propositions existent, mais les professionnels estiment que l’issue passe par des mesures structurelles et un renforcement des inspecteurs.
À quel niveau se joue la grève des auto-écoles et quelles conséquences?
Selon l’AFP, le mouvement « va être suivi », avait prédit mi-septembre pour l’AFP le président de l’Unic, Benjamin Panis, évoquant un cortège de « 3 000 voitures » auto-écoles, comme en 2019. Les organisations réclament à être reçues à Matignon, rappelle Patrick Mirouse, à la tête du réseau d’autos-écoles ECF et président de l’Unidec.
Des élèves bloqués: dans les grandes villes et en Île-de-France, l’attente peut atteindre huit mois. À Lyon, Enguerrand de Boissieu a attendu quatre mois pour un créneau, racontait-il à l’AFP. Une journée banalisée: « Une heure par-ci, par-là » pour garder le niveau, facturée entre 50 et 60 euros.
Ce coût est un obstacle: le coût initial de la formation est d’environ 1 800 euros dans une école traditionnelle et 1 100 euros en ligne, détaille Édouard Rudolf. Certaines heures de conduite sont facturées entre 50 et 60 euros en France.
Le manque d’inspecteurs est également avancé comme un frein: moins de 1 500 inspecteurs en France pour près de 1,4 million d’élèves en 2023. Toutes les organisations d’autos-écoles réclament l’embauche de 150 à 200 fonctionnaires supplémentaires. Quinze postes ont été créés en 2023, 38 en 2024, et 103 doivent l’être en 2025, selon le ministère de l’Intérieur. Mais les effectifs n’ont pas suivi l’augmentation du nombre de candidats, due à l’ouverture du permis à 17 ans en 2024 et au financement par le CPF (305 500 élèves inscrits en 2023 selon la Dares).
Les autos-écoles interrogées évoquent aussi un examen très sélectif, avec un taux de réussite qui stagne juste au-dessus de 50 %. Les syndicats ont été reçus deux fois par le gouvernement ces derniers mois, mais « on laisse la situation traîner », selon le patron d’En voiture Simone. Des solutions existent selon eux, notamment passer de 20 à 28 heures de conduite exigibles avant l’examen pour améliorer le taux de réussite. La Fenaa propose un rattrapage, comme au baccalauréat, où les élèves ayant presque les points nécessaires décrochreraient leur permis après cinq heures de conduite supplémentaires.
Pour Patrick Mirouse, il faudrait permettre la conduite accompagnée dès 14 ans, au lieu de 16. Les élèves qui apprennent ainsi ont besoin de cinq à sept heures de formation en moins, et leur taux de réussite serait meilleur (environ 77 %).
Quelles solutions proposées et quelles perspectives?
Au cœur des propositions, des heures de formation supplémentaires et un système de rattrapage comme au baccalauréat. Certaines organisations souhaitent passer de 20 à 28 heures de conduite exigibles avant l’examen afin d’améliorer le taux de réussite et d’alléger la pression des candidats. La Fenaa plaide aussi pour un mécanisme de rattrapage qui permettrait d’obtenir le permis après cinq heures de conduite supplémentaires lorsque les points proches du seuil sont atteints.
De leur côté, les syndicats évoquent la conduite accompagnée dès 14 ans, une pratique qui, selon eux, permettrait une formation plus précoce et un taux de réussite plus élevé; ils estiment que cela pourrait réduire les coûts et les délais pour certains candidats.
Sur le plan administratif, le gouvernement a annoncé des recrutements d’inspecteurs dans les années récentes, mais les chiffres restent jugés insuffisants au regard du nombre d’élèves en formation et des augmentations liées au CPF et à l’âge d’accès au permis.