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La Chine a adressé un avertissement formel à la nouvelle consule générale des États‑Unis à Hong Kong, lui demandant de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures de la région. Cette mise en garde, émise mardi lors d’une rencontre entre la consule et le commissaire du bureau de la diplomatie chinoise à Hong Kong, intervient dans un contexte de tensions persistantes entre Pékin et Washington. Les événements rappellent que les relations Chine États‑Unis Hong Kong restent un point sensible sur l’échiquier diplomatique régional.
L’avertissement de Pékin
Le commissaire du bureau de la République populaire de Chine à Hong Kong, Cui Jianchun, a reçu Julie Eadeh et lui a adressé des consignes précises sur son comportement, selon un communiqué publié par le bureau de Cui. Le message insistait sur le respect des « normes fondamentales régissant les relations internationales », en particulier le principe de non‑ingérence dans les affaires intérieures.
Le communiqué précise que Cui a demandé à la consule de rompre nettement avec les forces dites « anti‑Chine ». Cette demande reflète l’inquiétude de Pékin face aux activités diplomatiques américaines perçues comme favorables au mouvement pro‑démocratie à Hong Kong.
Les « quatre interdits » énoncés
Au cours de la réunion, Cui aurait énoncé quatre interdits destinés à cadrer l’action de la diplomate américaine. Ces directives visaient à limiter l’influence américaine sur le terrain et à préserver ce que Pékin considère comme l’ordre public.
- Ne pas rencontrer des personnes « qu’elle ne devrait pas rencontrer ».
- Ne pas s’allier avec des « forces anti‑Chine ».
- Ne pas aider ou financer des activités susceptibles de porter atteinte à la stabilité de la ville.
- Ne pas interférer dans les affaires liées à la sécurité nationale de Hong Kong.
Ces directives s’inscrivent dans une ligne diplomatique stricte que Pékin applique depuis plusieurs années à propos de la gestion de Hong Kong.
Réaction du département d’État américain
Le département d’État des États‑Unis a repoussé l’avertissement dans un communiqué, rappelant que les diplomates américains représentent la nation et sont chargés de faire progresser les intérêts des États‑Unis à l’étranger. Washington a décrit ces missions comme une pratique standard pour les diplomates, y compris à Hong Kong.
La porte‑parole du département d’État a ainsi défendu le droit des représentants américains à entretenir des contacts politiques et civiques locaux, tout en soulignant la normalité de ces activités sur la scène internationale.
Contexte : évolution politique et sécuritaire à Hong Kong
Hong Kong bénéficie d’un statut de région administrative spéciale depuis le retour à la Chine en 1997, encadré par le principe « un pays, deux systèmes ». Toutefois, les critiques affirment que l’autonomie de la ville s’est érodée au fil des décennies.
Les manifestations massives de 2019 ont conduit Pékin à imposer en juin 2020 une loi sur la sécurité nationale criminalisant la sécession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec des forces étrangères. En 2024, le Parlement local a adopté de nouvelles lois renforçant les pouvoirs du gouvernement pour réprimer le mouvement pro‑démocratie.
Depuis ces mesures, plusieurs activistes ont été emprisonnés et des médias locaux indépendants ont été contraints de fermer, illustrant la montée de l’autoritarisme selon les observateurs internationaux.
Campagne médiatique et accusations
Avant la rencontre, le bureau de Cui avait repartagé des articles de médias pro‑Pékin critiquant Julie Eadeh. L’un de ces textes la qualifiait de promotrice d’une « révolution de couleur », expression utilisée pour décrire des mouvements de rue visant un changement de régime.
Les articles faisaient référence à des rencontres attribuées à Eadeh avec des figures pro‑démocratie, notamment Joshua Wong et Nathan Law, durant les protestations de 2019. D’autres publications l’accusent d’avoir invité des élus pro‑démocratie tels qu’Anson Chan et Emily Lau à des événements diplomatiques.
Enjeux pour les relations Chine–États‑Unis
Cette confrontation diplomatique illustre comment Hong Kong reste au cœur des frictions plus larges entre Pékin et Washington, qui englobent le commerce, la technologie et la question taïwanaise. Les tensions autour de la ville servent souvent de baromètre pour l’état général des relations bilatérales.
Pour Pékin, contrôler l’influence étrangère à Hong Kong est présenté comme essentiel à la stabilité nationale. Pour Washington, le maintien de contacts avec la société civile et les acteurs politiques locaux relève de la mission normale d’un corps diplomatique engagé.
Julie Eadeh, en poste depuis août en tant que représentante américaine à Hong Kong, n’a pas encore rendu publique sa version de la rencontre avec Cui.
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