Home ActualitéDe espion soviétique à expert en santé mentale dans l’armée israélienne

De espion soviétique à expert en santé mentale dans l’armée israélienne

by Sara
Israël, Union soviétique

L’histoire de Ze’ev Avni illustre un des récits les plus saisissants de l’espionnage soviétique au cœur d’Israël. Né Wolf Goldstein en 1921 à Riga et élevé en Suisse dans une famille juive aux tendances de gauche, il a traversé des allégeances contradictoires pour devenir à la fois agent au service de l’Union soviétique et, plus tard, un pionnier de la santé mentale au sein de l’armée israélienne (voir page consacrée à l’armée israélienne : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2024/10/9/%D8%A7%D9%84%D8%AC%D9%8A%D8%B4-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%B3%D8%B1%D8%A7%D8%A6%D9%8A%D9%84%D9%8A-%D9%85%D9%86-%D8%B9%D8%B5%D8%A7%D8%A8%D8%A7%D8%AA-%D8%B5%D9%87%D9%8A%D9%88%D9%86%D9%8A%D8%A9).

Ce parcours, raconté en détail par le site Walla News et repris par Yedioth Ahronoth, mêle infiltration, double vie, dévoilement dramatique et rédemption professionnelle. À travers cette chronique, se dessinent les motifs intellectuels et idéologiques qui poussèrent Avni à l’espionnage, puis sa conversion à la psychologie comme forme d’expiation.

Jeunesse et enrôlement par les Soviétiques

Wolf Goldstein voit le jour en 1921 à Riga et grandit en Suisse dans un entourage familial marqué par la gauche. Alors que beaucoup de ses contemporains s’orientent vers le sionisme (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2016/5/29/%D8%A7%D9%84%D8%B5%D9%87%D9%8A%D9%88%D9%86%D9%8A%D8%A9-%D8%B1%D8%AD%D9%84%D8%A9-%D8%A5%D9%82%D8%A7%D9%85%D8%A9-%D8%AF%D9%88%D9%84%D8%A9-%D9%8A%D9%87%D9%88%D8%AF%D9%8A%D8%A9)), il se tourne vers le communisme, influencé par l’engagement de son frère aîné.

Ses compétences linguistiques et son adhésion au marxisme attirent l’attention des services de renseignement militaires soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/10/18/%D8%A7%D9%84%D8%AD%D8%B1%D8%A8-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%8A%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AB%D8%A7%D9%86%D9%8A%D8%A9). Ils le recrutent et le forment aux techniques d’espionnage et à la gestion d’identités clandestines.

Après la guerre, Moscou lui confie une mission ambitieuse : s’installer dans le futur État d’Israël, y mener une vie authentique et, à terme, transmettre des informations stratégiques à l’Union soviétique (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/12/13/%D9%85%D9%88%D8%B3%D9%83%D9%88).

Infiltration et carrière diplomatique

Goldstein adopte un nom hébraïque, Ze’ev Avni — « Ze’ev » signifiant « loup » — et émigre en Palestine avec sa femme et son enfant, se faisant passer pour l’exemple du nouvel immigrant sioniste (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/3/14/%D9%81%D9%84%D8%B3%D8%B7%D9%8A%D9%86). Sa vie clandestine demeure cachée derrière des apparences d’engagement social et politique.

Après avoir quitté un kibboutz où la vie collective offrait un confortable couvert idéologique, Avni rejoint le ministère des Affaires étrangères. Son poste lui permet d’accéder à des documents diplomatiques sensibles et à des informations stratégiques.

Dans les années 1950, il est affecté dans plusieurs ambassades — notamment à Bruxelles, Athènes et Belgrade — et commence à transmettre à Moscou des rapports sur les accords militaires et les relations des gouvernements européens (ambassades : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/3/29/%D8%A8%D8%B1%D9%88%D9%83%D8%B3%D9%84).

  • Ses motivations : idéologiques plutôt que financières, ancrées dans la foi communiste et l’hostilité envers l’alliance occidentale.
  • Son action s’inscrit dans le contexte plus large de la guerre froide et du jeu d’influence entre URSS et Occident (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2016/10/19/%D8%A7%D9%84%D8%A7%D8%AA%D8%AD%D8%A7%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D9%88%D9%81%D9%8A%D8%A7%D8%AA%D9%8A).

Rôle contesté dans une opération du Mossad

Des rapports postérieurs l’impliquent dans l’« opération dite Demoglis », une campagne du Mossad menée en août 1962 visant à contrecarrer le projet de scientifiques allemands travaillant pour l’Égypte nassérienne (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/10/20/%D9%85%D8%B5%D8%B1). Avni, qui voyait dans l’Égypte un allié de l’Union soviétique, aurait altéré certains paramètres de l’opération, contribuant à son échec initial selon ces comptes rendus.

Ce positionnement ambigu et ses fuites idéologiques ont fini par attirer l’attention du Mossad, qui, sous la direction d’Isser Harel, commence à surveiller ses faits et gestes (Mossad : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2004/10/3/%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%88%D8%B3%D8%A7%D8%AF).

Découverte, interrogatoire psychologique et condamnation

En 1956, la supercherie d’Avni est mise au jour grâce au flair du chef du Mossad de l’époque, Isser Harel. Lors d’un entretien à Tel‑Aviv, Harel capte une nuance troublante dans les propos d’Avni et monte ensuite une stratégie psychologique audacieuse pour le pousser à avouer (Tel‑Aviv : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2023/10/13/%D9%85%D8%AF%D9%8A%D9%86%D8%A9-%D8%AA%D9%84-%D8%A3%D8%A8%D9%8A%D8%A8).

Emmené dans un lieu isolé, soumis à un interrogatoire insistant fondé sur la suggestion d’évidence, Avni finit par craquer et reconnaître ses activités d’espionnage. À la question stupéfaite « Comment avez‑vous su ? », Harel aurait répondu avec calme : « Nous ne savions pas, c’est vous qui nous l’avez dit. »

Avni est condamné lors d’un procès secret à 14 ans de prison. Mais c’est en détention que commence sa métamorphose personnelle.

Conversion à la psychologie et réhabilitation

En prison, la lecture du discours de Nikita Khrouchtchev dénonçant les crimes de Joseph Staline fragilise ses certitudes communistes (discours : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/9/27/%D8%AC%D9%88%D8%B2%D9%8A%D9%81-%D8%B3%D8%AA%D8%A7%D9%84%D9%8A%D9%86). Cette prise de conscience s’accompagne d’une confrontation familiale lourde : son frère, militant communiste, le réprimande, lui reprochant d’avoir tenté de détruire l’État naissant.

Avni se tourne alors vers les études de psychologie. Il obtient un diplôme universitaire en prison et considère le travail thérapeutique comme un moyen de réparer ses « fautes ». Dix ans après son incarcération, il bénéficie d’une grâce présidentielle et sort dans une société profondément transformée.

Au lieu de s’effacer, il choisit de consacrer ses compétences au service de ceux qu’il avait un temps trahis.

Service dans l’armée et héritage controversé

Lors de la guerre d’octobre 1973, Avni se porte volontaire comme psychologue de terrain sur le front du Sinaï. Il vient en aide aux soldats frappés par le choc, la panique et la perte de camarades, apportant un soutien psychologique précieux en période de crise.

Par la suite, il participe à la création du service de santé mentale au sein de l’armée israélienne, institutionnalisant les soins psychologiques pour les militaires. Son rôle dans ce domaine restera l’un des aspects les plus inattendus et durables de son parcours.

Plus tard, Avni publie ses mémoires, La bannière mensongère, coécrites avec son ancien enquêteur Yehuda Barag, où il retrace son voyage de l’espionnage à la psychanalyse. Il meurt en 2007, laissant derrière lui un legs jugé à la fois héroïque et controversé.

Points clés

  • Origines : né Wolf Goldstein en 1921 à Riga, élevé en Suisse, tourné vers le communisme.
  • Mission : infiltrer l’État d’Israël pour transmettre des informations à l’Union soviétique (espionnage soviétique).
  • Découverte : dénoncé et contraint à avouer après un interrogatoire psychologique orchestré par le Mossad.
  • Réhabilitation : étude de la psychologie en prison, grâce présidentielle après dix ans.
  • Contribution : soutien psychologique sur le front en 1973 et rôle dans la création de la santé mentale militaire.
source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/10/13/%d9%85%d9%86-%d8%b9%d9%85%d9%8a%d9%84-%d8%a5%d9%84%d9%89-%d9%85%d9%88%d8%b8%d9%81-%d9%81%d9%8a-%d8%a7%d9%84%d8%ac%d9%8a%d8%b4-%d9%82%d8%b5%d8%a9-%d8%ba%d8%b1%d9%8a%d8%a8%d8%a9

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