Des hommages à Samuel Paty et Dominique Bernard rythment les établissements scolaires en France, alors que les souvenirs des drames de 2020 et 2023 restent vivaces dans le débat public. Des cérémonies et des minutes de silence se sont multipliées dans les collèges et lycées, et les enseignants ont pris la parole pour rappeler l’importance de la liberté d’expression et de la laïcité. Parallèlement, une bourde médiatique autour d’un hommage diffusé à la télévision a alimenté les échanges: Léa Salamé a été pointée du doigt pour une formulation erronée concernant Dominique Bernard; France Télévisions s’est excusée et une rectification a été annoncée. Le contexte actuel rappelle aussi les réactions des syndicats et de l’opinion publique face à l’insécurité et à la mémoire collective de l’Éducation nationale.
Hommages à Paty et Bernard dans les établissements
Selon Eduscol, une minute de silence a été observée ce mardi 14 octobre à 10 heures dans tous les collèges et lycées de France, et des cérémonies ont eu lieu notamment à Eragny-sur-Oise (Val d’Oise) en mémoire de Samuel Paty, assassiné en 2020, et à Arras pour Dominique Bernard, tué en 2023. Ces temps d’hommage ont été accompagnés de mots de la part des autorités et des représentants de la communauté éducative; « Ces crimes ont frappé l’École au cœur », a estimé Élisabeth Borne dans une lettre envoyée aux enseignants. Des responsables syndicaux ont aussi souligné l’impact durable de ces drames: « il y a clairement un avant et un après Samuel Paty », a déclaré Jean-Rémi Girard, président du Snalc, dans l’ombre des cérémonies. La communauté éducative entre émotion, hommage et inquiétude s’est mobilisée dans tout le pays.
Des enseignants et des élèves ont pris part à ces moments, certains décrivant la mémoire comme un service rendu à la République. Au lycée Parc-Chabrières d’Oullins, des professeurs et des élèves ont évoqué l’importance de ces cérémonies pour ranimer le débat public sur la liberté d’expression et la laïcité, et plusieurs témoignages ont souligné que ces hommages aident à maintenir le dialogue au cœur de la vie scolaire. « C’est primordial puisque cela remet l’enseignant au cœur de la société », a confié une professeure lors d’un échange local. Les autorités locales et les établissements ont aussi insisté sur le fait que ces temps de mémoire sont des moments d’éducation civique et de solidarité.
La couverture médiatique de ces hommages a été ponctuée par des témoignages d’élèves et de personnels qui rappellent la proximité entre violence et radicalisation et l’enjeu d’un accompagnement renforcé. « Cela rappelle que l’école est aussi un lieu où l’on parle de sécurité et de valeurs républicaines », résume ainsi un proviseur interrogé dans plusieurs villes. Dans ce contexte, les enseignants appellent à une mémoire qui transmet des enseignements constants sur le droit à l’expression et sur les limites à ne pas franchir lorsqu’on parle d’identité et de religion.
Rectifications et réactions autour de l’erreur médiatique
« L’hommage, ce matin, à Arras, dans le Pas-de-Calais, au professeur Dominique Bernard, assassiné il y a deux ans jour pour jour dans une attaque terroriste par un élève radicalisé après avoir montré des caricatures de Charlie Hebdo », a indiqué Léa Salamé, dans son journal. Sauf que Dominique Bernard n’a pas été visé pour avoir montré à ses élèves des dessins issus du journal satirique, contrairement à Samuel Paty, assassiné lui aussi en 2020. Ces propos ont suscité l’indignation de plusieurs enseignants et internautes; le collectif Les Stylos Rouges a relayé sur X leur colère, écrivant: « outrés, en colère » et « dégoûtés ».
Pour répondre à l’erreur, la rédaction de France Télévisions a présenté ses excuses à la famille de Dominique Bernard et Léa Salamé a également présenté ses excuses, annonçant qu’une rectification aurait lieu lors du JT de 13 heures et de 20 heures, ce mardi 14 octobre. Alexandre Kara, le patron de l’information, a en outre appelé à « une vigilance renforcée » après une « erreur d’importance ». L’épisode a relancé les débats sur la rigueur de la couverture et sur le rôle de l’audiovisuel public dans le cadre des hommages aux enseignants. Les responsables syndicaux et les professeurs restent néanmoins déterminés à exiger des standards clairs et des informations vérifiables, afin d’éviter que de tels malentendus n’entachent la mémoire des victimes et la confiance dans l’école.