Chisinau a nommé Alexandru Munteanu, économiste et homme d’affaires, Premier ministre, dans le cadre d’un effort visant l’intégration européenne rapide. Maia Sandu, présidente pro‑UE, a choisi ce profil sans expérience politique après les élections législatives de septembre, où le parti Action et Solidarité (PAS) a obtenu 55 sièges sur 101. Le pays, l’un des plus pauvres d’Europe, est frontalier de l’Ukraine en guerre et de la Roumanie, membre de l’Union européenne. Le Parlement devrait confirmer la nomination lors d’un vote prévu la semaine prochaine. «Après consultation des groupes parlementaires, j’ai signé aujourd’hui le décret nommant M. Alexandru Munteanu candidat au poste de Premier ministre de la République de Moldavie», a déclaré Mme Sandu sur Facebook.
Alexandru Munteanu, profil du nouveau Premier ministre moldave
Âgé de 61 ans, Alexandru Munteanu est surtout connu comme économiste et homme d’affaires, avec une expérience limitée en politique. En 2016, il a fondé une entreprise gérant des investissements en Biélorussie, en Moldavie et en Ukraine, pays où il a vécu plusieurs années avant de s’installer à Bucarest après l’invasion russe de 2022. Il possède les nationalités moldave, roumaine et américaine et, comme Maia Sandu, a travaillé par le passé à la Banque mondiale. Il a également enseigné à l’université, et a été l’élève du Premier ministre moldave sortant, Dorin Recean.
Le parcours académique de Munteanu est marqué par des diplômes à l’étranger: un master en gestion de politique économique obtenu à l’Université Columbia de New York et un master en physique à l’Université d’État de Moscou. Pendant plus de trente ans, il a présidé l’Alliance française en Moldavie, le premier centre culturel étranger du pays, et il a été fait Chevalier de la Légion d’honneur en 2006. Dans une interview télévisée la semaine dernière, Alexandru Munteanu s’est dit «agacé» par les affirmations selon lesquelles le pays compte parmi les plus pauvres d’Europe. «Je suis venu pour aider», a‑t‑il expliqué, «et je ferai tout mon possible pour que nous rejoignions l’Union européenne d’ici 2028». Les négociations d’adhésion de la Moldavie à l’UE ont commencé en juin 2024. Des réactions critiques ont émergé de l’opposition prorusse, qui a dépeint le nouveau candidat comme «professionnel» et «bon économiste» tout en assurant qu’elle ne lui accorderait pas son vote. «L’économie et la politique sont des choses très différentes», a justifié l’opposant.

Contexte et enjeux pour l’Union européenne
L’installation de Munteanu s’inscrit dans un contexte politique moldave clairement en faveur de l’Union européenne. Le PAS, au pouvoir depuis 2021, a obtenu fin septembre 55 sièges sur 101 lors des dernières législatives, ce qui lui permet théoriquement de former seul un gouvernement et de poursuivre une trajectoire pro‑UE. Le pays, confronté à des accusations d’ingérence russe qui ont été démenties par Moscou, a insisté sur la nécessité de réformer son économie et d’attirer les investissements pour améliorer le niveau de vie, déjà l’un des plus faibles d’Europe.
Selon l’analyste Nicolae Negru, ce choix ministériel signale un glissement des priorités du pays: «Les Moldaves ont opté pour l’Union européenne et, automatiquement, cela veut dire qu’ils ont choisi la paix et la prospérité. Le nouveau gouvernement doit les garantir et doit répondre aux attentes des votants», a‑t‑il estimé auprès de l’AFP. Du côté de l’opposition, Igor Dodon a qualifié Munteanu de «professionnel» et «bon économiste», mais a assuré que son parti ne lui accorderait pas son vote, rappelant que «l’économie et la politique sont des choses très différentes».
La Moldavie poursuit ses negotiations d’adhésion à l’UE, entamées en juin 2024, et le nouveau cabinet est attendu pour préciser les priorités économiques et les réformes à mettre en œuvre afin de répondre aux objectifs européens et aux attentes de ses citoyens.
