Une arrivée spectaculaire mais controversée: un navire de guerre américain, l’USS Gravely, s’est amarré dimanche près de Port-d’Espagne et de Trinité-et-Tobago, dans les Caraïbes, alors que Washington intensifie sa pression sur le Venezuela. L’annonce a été faite par le gouvernement de Trinité-et-Tobago, un archipel de 1,4 million d’habitants, et des journalistes de l’AFP ont assisté à l’observation du navire et d’unités de marines lors d’exercices avec l’armée locale. Cette opération intervient alors que sept navires américains évoluent déjà dans les Caraïbes et qu’un autre navigue dans le Golfe du Mexique dans le cadre d’une lutte présentée contre le narcotrafic. Si la Maison-Blanche affirme un cadre opérationnel, les tensions dans la région restent sensibles et les habitants redoutent une militarisation accrue des eaux caribéennes.
À Port-d’Espagne et à Trinité-et-Tobago, l’arrivée du navire américain suscite débats et tensions
La venue de l’USS Gravely, accompagnée d’une unité de marines, pour des exercices avec l’armée locale, avait été annoncée jeudi par le gouvernement trinidadien. Cette visite intervient alors que Washington a déployé sept navires dans les Caraïbes et un dans le Golfe du Mexique, officiellement dans le cadre d’une opération contre le narcotrafic visant le Venezuela et son président Nicolás Maduro. Le président Trump a aussi annoncé l’arrivée du porte-avions Gerald R. Ford, le plus grand au monde, marquant une montée en puissance des moyens militaires américains dans la région.
Maduro a dénoncé ce dispositif comme une tentative d’imposer un changement de régime et a affirmé que les États-Unis cherchent à renverser Caracas pour s’emparer des réserves pétrolières, selon les dépêches de l AFP relayant ses propos.
A Port-d’Espagne, Lisa, 52 ans, a déclaré: «Il y a une bonne raison pour laquelle ils amènent leur navire de guerre ici. C’est pour aider à nettoyer les problèmes de drogue qui sont sur le territoire»; d’autres habitants réservent leur nom. Daniel Holder, 64 ans, a ajouté: «S’il arrivait quelque chose entre le Venezuela et l’Amérique, en tant que personnes vivant à la périphérie, nous pourrions finir par recevoir des coups».

Des débats sur la légalité et les répercussions régionales
Des experts ont remis en question la légalité des frappes menées dans des eaux étrangères ou internationales, et plusieurs analyses soulignent que les autorités locales n’ont pas nécessairement intercepté ou interrogé les suspects visés par ces opérations. Jusque-là, l’AFP indique que dix frappes ont été revendiquées et qu’elles ont fait au moins 43 morts, une estimation qui alimente les débats sur la légalité et les droits en mer.
Rhonda Williams, 38 ans, résidente de Port-d’Espagne, a déclaré: «Nous n’avons pas besoin de tous ces meurtres et de ces bombardements, nous avons juste besoin de paix … et de Dieu», exprimant un sentiment d’angoisse face à la militarisation.
Ali Ascanio, Vénézuélien de 38 ans installé à Trinité-et-Tobago depuis huit ans, a ajouté que «Le Venezuela traverse en ce moment une situation très difficile, au niveau social et économique», due au gouvernement, et que l’arrivée du destroyer américain est «alarmant» pour les habitants qui craignent que la région soit entraînée dans un conflit.
Des habitants évoquent aussi l’incertitude sur l’impact local et l’avenir des tensions dans la région, alors que Washington et Caracas semblent déterminés à faire respecter leurs lignes rouges dans une zone déjà marquée par des frictions politiques et une vigilance accrue des populations locales.
