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Soudan : la avance du soutien rapide ravive les craintes de partition

by Sara
Soudan

La progression des forces du soutien rapide au Soudan ravive les craintes d’une partition et d’une fragmentation durable du pays. Après la prise de la ville d’Al-Fachir, capitale du Nord-Darfour, les combats se sont étendus vers le Nord-Kordofan, provoquant des déplacements massifs de population et de graves violations des droits humains.

Contexte et enjeux

Le conflit éclaté en avril 2023 oppose principalement l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (RSF). Les combats ont déstabilisé de larges zones du pays et menacent l’intégrité territoriale du Soudan.

Les risques sont multiples :

  • menace de partition de fait si des territoires restent sous le contrôle de groupes armés ;
  • pression humanitaire intense avec millions de déplacés et réfugiés ;
  • interventions et soutiens étrangers qui compliquent toute résolution politique.

Avancée des forces et territoires concernés

Les Forces de soutien rapide se sont emparées d’Al-Fachir, capitale du Nord-Darfour, et ont étendu leur emprise vers le Nord-Kordofan. Des sources sécuritaires et militaires ont signalé la prise de localités comme Az-Zariba et Umm Dam Haj Ahmed dans le Nord-Kordofan.

Cette dynamique territoriale alimente l’idée d’un découpage progressif du pays, par la création de zones sous contrôle effectif des milices.

Risque de partition et intentions stratégiques

Selon le journaliste et analyste politique Diya al-Din Bilal, les RSF cherchent à tirer parti de leur victoire à Al-Fachir pour élargir leurs opérations en Nord-Kordofan, en s’appuyant sur des appuis extérieurs comprenant armes et mercenaires.

Bilal estime que la milice tente de reproduire un scénario d’« enlèvement de l’État soudanais », et qu’elle pourrait :

  • prétendre à des territoires au Darfour et au Kordofan comme leviers de négociation ;
  • s’inspirer du modèle libyen pour créer des faits accomplis sur le terrain ;
  • utiliser ces zones comme cartes de pression lors de futures négociations.

Imposition d’un « fait accompli » sur le terrain

Le chercheur soudanais Mohammad Torshin considère que si une reconnaissance internationale d’une partition officielle est improbable, un découpage de facto reste possible. La domination militaire des RSF sur certaines villes pourrait imposer une réalité proche de la partition.

Torshin souligne que des mesures temporaires comme des cessez-le-feu ne suffiront pas à résoudre la crise si les ingérences extérieures se poursuivent, risque qui pourrait prolonger ou aggraver la guerre.

Il ajoute que la consolidation du contrôle des RSF sur des zones stratégiques comme Al-Fachir compliquerait tout futur processus de négociation.

Réactions politiques et accusations

Le Premier ministre soudanais Kamel Idris a déclaré à Al Jazeera que les événements à Al-Fachir constituent des crimes de guerre et un nettoyage sur des bases ethniques.

Les accusations de violations massives des droits humains ont été réitérées par plusieurs observateurs, tandis que la communauté internationale a, pour l’essentiel, répondu par des condamnations sans actions coercitives décisives.

Rôle et capacité de l’Union africaine

Le spécialiste des affaires africaines Nour Eddine Abda estime que l’Union africaine suit la crise avec inquiétude mais dispose de moyens limités. Il plaide pour un rôle accru de l’UA dans les négociations afin d’équilibrer l’influence de puissances extérieures.

Abda juge indispensable une médiation africaine pour favoriser un accord interne garantissant la stabilité et réduisant l’ingérence étrangère.

Capacités militaires et perspectives

Diya al-Din Bilal affirme cependant que l’armée soudanaise reste capable de reprendre le Darfour et Al-Fachir, en s’appuyant sur ses succès antérieurs dans d’autres régions, malgré le soutien extérieur apporté aux RSF.

La trajectoire du conflit dépendra de plusieurs variables :

  • évolution des soutiens extérieurs aux belligérants ;
  • capacités de coercition et de projection des forces armées soudanaises ;
  • pression diplomatique internationale et rôle réel des médiateurs africains.

Impact humain du conflit

Depuis le milieu d’avril 2023, la guerre a fait des ravages humains considérables. Selon l’ONU et les autorités locales, plus de 20 000 personnes ont été tuées et près de 15 millions ont été déplacées ou contraintes à se réfugier.

Une étude menée par des universités américaines a estimé un bilan encore plus lourd, d’environ 130 000 morts.

Points clés

  • La prise d’Al-Fachir et l’avancée vers le Nord-Kordofan renforcent les risques d’une partition de fait du Soudan.
  • Les Forces de soutien rapide semblent vouloir créer des leviers territoriaux pour de futures négociations.
  • Le rôle de l’Union africaine est jugé crucial mais ses moyens sont limités face aux influences extérieures.
  • Le coût humain du conflit reste extrêmement élevé et pourrait encore croître si la situation se militarise davantage.

Références utiles

Pour approfondir :

  • Forces de soutien rapide (profil)
  • Al-Fachir (profil)
  • Darfour (contexte historique)
  • Union africaine (rôle)
  • Armée soudanaise (profil)
source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/10/27/%d9%85%d8%ad%d9%84%d9%84%d9%88%d9%86-%d8%aa%d9%82%d8%af%d9%85-%d8%a7%d9%84%d8%af%d8%b9%d9%85-%d8%a7%d9%84%d8%b3%d8%b1%d9%8a%d8%b9-%d9%8a%d8%b2%d9%8a%d8%af

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