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La troïka européenne (France, Allemagne, Royaume‑Uni) a joué un rôle central depuis 2003 dans la gestion du dossier nucléaire iranien. Cet article retrace les principales étapes des négociations, les périodes de tension, les sanctions imposées par l’Union européenne et la coopération — parfois conflictuelle — entre la troïka et d’autres acteurs internationaux.
Contexte et rôle de la troïka
- Depuis 2003, la troïka européenne a conduit une diplomatie active visant à obtenir de l’Iran le gel temporaire de l’enrichissement d’uranium et à ramener les États‑Unis au cadre de l’accord de 2015 (plan d’action global commun).
- Les États membres de la troïka cherchaient une solution négociée, durable et vérifiable, distincte parfois des approches plus pressées ou sécuritaires soutenues par Washington et certains alliés régionaux.
- Pour le détail du rôle historique de la troïka, voir notamment le dossier disponible sur Al Jazeera : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2025/9/14/%d8%a7%d9%84%d8%aa%d8%b1%d9%88%d9%8a%d9%83%d8%a7-%d9%85%d9%86-%d8%b9%d8%b1%d8%a8%d8%a9-%d8%b1%d9%88%d8%b3%d9%8a%d8%a9-%d8%aa%d8%ac%d8%b1%d9%87%d8%a7-%d8%ab%d9%84%d8%a7%d8%ab%d8%a9.
Étapes marquantes des négociations
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2003 — Début des efforts coordonnés de l’Union européenne pour limiter la prolifération. En août, les ministres des Affaires étrangères de la France, du Royaume‑Uni et de l’Allemagne adressent une proposition à Téhéran : assistance technique en échange d’un gel de l’enrichissement d’uranium et d’un renforcement des pouvoirs de l’AIEA. 
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Septembre‑octobre 2003 — Initiative conjointe portée devant le Conseil des gouverneurs de l’AIEA, demandant la suspension des activités d’enrichissement, puis visite de la troïka à Téhéran. L’Iran accepte la signature du protocole additionnel et l’inspection des sites, ainsi que des mesures pratiques comme le scellage d’installations. 
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Novembre 2004 — Accord de Paris : l’Iran accepte un gel provisoire de l’enrichissement et des engagements pour apaiser les inquiétudes internationales, en échange de garanties sur l’accès à la technologie nucléaire civile et d’incitations économiques et politiques. 
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2005‑2007 — Détérioration après l’élection de Mahmoud Ahmadinejad et reprise des activités d’enrichissement. La troïka, puis d’autres puissances, poussent vers une référence du dossier au Conseil de sécurité de l’ONU. 
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2013‑2015 — Reprise du dialogue, adhésion effective des États‑Unis sous la présidence d’Obama et aboutissement en 2015 au « plan d’action global commun » impliquant la troïka au sein du groupe 5+1. 
La troïka européenne et l’accord nucléaire de 2015
- La troïka a été un acteur clé des négociations ayant abouti à l’accord de 2015, visant à empêcher la course iranienne à l’arme nucléaire tout en maintenant des relations économiques et politiques avec Téhéran.
- Le 16 janvier 2016, l’Union européenne a levé la plupart des sanctions économiques et financières liées au nucléaire, tout en maintenant des restrictions sur le transfert d’éléments sensibles et certaines mesures individuelles.
- Pour le texte de présentation générale sur l’accord de 2015 consulté lors des travaux, voir : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/7/14/%d8%a3%d9%87%d9%85-%d8%a8%d9%86%d9%88%d8%af-%d8%a7%d9%84%d8%a7%d8%aa%d9%81%d8%a7%d9%82-%d8%a8%d9%8a%d9%86-%d8%a5%d9%8a%d8%b1%d8%a7%d9%86-%d9%88%d9%85%d8%ac%d9%85%d9%88%d8%b9%d8%a9-5-1.
Tension croissante et reconfiguration des alliances
- Le retrait unilatéral des États‑Unis de l’accord le 8 mai 2018 a relancé les tensions : l’Iran a accéléré l’enrichissement et limité les accès des inspecteurs de l’AIEA.
- La troïka a tenté de préserver l’accord et a créé l’instrument financier INSTEX pour maintenir des échanges commerciaux hors du système bancaire américain, sans résultats significatifs (une seule opération humanitaire de 2020).
- Le Brexit et le retour des États‑Unis à une politique intermittente envers l’accord ont réduit la cohésion et la confiance entre Washington et certains alliés européens, incitant ceux‑ci à affirmer davantage leur autonomie stratégique — l’enjeu « troïka européenne Iran » devenant ainsi plus central.
Accusations mutuelles et dialogues récents (2023–2025)
- Depuis juillet 2019, l’Iran a progressivement renoncé à certaines obligations issues de l’accord, entraînant des accusations réciproques croissantes entre Téhéran et la troïka.
- Des cycles de consultations ont eu lieu en novembre 2024, janvier et février 2025 sans aboutir à des avancées substantielles. En avril 2025, la troïka a vu son rôle marginalisé après l’annonce de négociations directes américaines avec l’Iran.
- En juin 2025, une étude du Centre européen d’études sur le contre‑terrorisme a accusé la troïka d’avoir poussé l’AIEA à produire un rapport détaillé sur les activités nucléaires iraniennes, préparant la réactivation de sanctions internationales suspendues.
- Pour suivre les développements récents relatifs à ces consultations, une référence utile est : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2025/6/13/%D9%85%D9%81%D8%A7%D8%B9%D9%84-%D9%86%D8%B7%D9%86%D8%B2-%D8%A7%D9%84%D9%86%D9%88%D9%88%D9%8A-%D8%A3%D9%83%D8%A8%D8%B1-%D9%85%D9%86%D8%B4%D8%A3%D8%A9-%D9%84%D8%AA%D8%AE%D8%B5%D9%8A%D8%A8.
Sanctions européennes majeures contre l’Iran
Depuis le milieu des années 2000, l’Union européenne a adopté plusieurs séries de sanctions pour freiner le programme nucléaire iranien. Ci‑dessous, les mesures les plus significatives :
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12 août 2010 : Renforcement des sanctions — interdiction des partenariats dans les secteurs pétrole et gaz, interdiction des services d’assurance et réassurance, embargo sur les armes et sur les technologies sensibles à double usage. 
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Mai 2011 : Extension de la liste noire (ajout d’environ 100 entités et personnes), visant notamment des acteurs liés au transport maritime iranien. 
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Octobre–décembre 2011 : Nouvelles vagues d’inscriptions individuelles (jusqu’à 180 personnes et entités) entraînant gel des actifs et interdictions de voyager. 
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23 janvier 2012 : Embargo progressif sur les importations de pétrole iranien, gel des actifs de la banque centrale iranienne et restriction des échanges en métaux précieux. 
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18 octobre 2023 : Maintien des sanctions européennes en réponse au non‑respect des engagements par l’Iran. 
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29 septembre 2025 : Activation par la troïka de la « mécanisme de déclenchement » visant à rétablir six séries de sanctions internationales suspendues après l’accord de 2015. 
Coordination entre la troïka et l’Union européenne
- La troïka a mis en place des mécanismes de consultation avec l’Union européenne via les directeurs politiques et la Commission politique et de sécurité. Ces consultations permettent d’aligner les positions sur les sanctions et les offres d’incitation.
- La troïka dispose d’un mandat officiel de l’UE pour proposer des mesures d’incitation et des restrictions commerciales, que l’Union est tenue d’appliquer si elles sont adoptées.
- Cependant, la troïka n’informe pas systématiquement tous les États membres de l’UE sur chaque détail du dossier ; elle le fait principalement lorsque les enjeux concernent l’ensemble de l’Union (par exemple, l’imposition d’un paquet de sanctions).
 
			        