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Manifestations en Serbie, un an après Novi Sad

by charles
Serbie

Des dizaines de milliers de Serbes manifestent et commémorent, un an après l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad, dans un contexte de contestation anti‑corruption qui traverse le pays. Les rassemblements, largement pacifiques, s’inscrivent dans une période de tensions et de revendications pour plus de transparence dans les grands chantiers publics et les finances publiques. Trois enquêtes distinctes ont été ouvertes, sur l’accident, sur la rénovation et sur des éventuels détournements de fonds européens; le mouvement attire l’attention des autorités et des institutions européennes, tout en alimentant un débat sur l’élection et le dialogue politique.

À Novi Sad et Belgrade, journée de commémoration et manifestations massives

À Novi Sad, des dizaines de milliers de Serbes ont observé 16 minutes de silence à partir de 11 h 52, heure du drame survenu le 1er novembre 2024. Dès le début de la matinée, des milliers de personnes déposaient des fleurs ou des bougies devant la gare, le béton arraché rappelant l’accident. Svetlana, 45 ans, venue de Pancevo, était « une grande douleur, une grande tristesse ». Ratko Popovic, 47 ans, expliquait que « Tous ceux qui, en Serbie, sont contre la corruption, le crime, et le parti au pouvoir » se sont donnés rendez-vous, au milieu d’une foule qui espère toucher les villes et villages.

Manifestation à Novi Sad lors du premier anniversaire
Manifestation à Novi Sad lors du premier anniversaire de l’accident.

La commissaire européenne à l’élargissement, Marta Kos, a affirmé sur X que la tragédie de Novi Sad était « en train de changer la Serbie ». Elle a ajouté que cet événement « a poussé les masses à se mobiliser pour la responsabilité, la liberté d’expression et une démocratie inclusive. Ce sont ces même valeurs qui guideront la Serbie vers l’Union européenne ».

À Belgrade, le président et plusieurs ministres ont assisté à une cérémonie dans la basilique Sainte-Sava, en présence de milliers de partisans venus allumer des bougies et rendre hommage aux victimes. Dans une adresse à la nation, M. Vucic a déclaré avoir « tenu des propos [qu’il] regrette ». « Je m’en excuse », a-t-il ajouté, appelant au dialogue sans toutefois évoquer les élections anticipées que réclament les manifestants depuis des mois.

Trois enquêtes ouvertes et regards européens

Au total, trois enquêtes sont ouvertes: une sur l’accident, une autre menée par le parquet spécialisé dans la lutte contre le crime organisé et la corruption sur les soupçons de corruption à hauteur de millions d’euros dans la rénovation, et une menée par le bureau du procureur public européen (EPPO) portant sur un éventuel détournement de fonds européens lors de la reconstruction. Dans la première, le parquet a demandé mi-septembre un procès pour 13 personnes, dont deux anciens ministres, mais ce n’est pas suffisant pour les manifestants.

Le Parlement européen a adopté une résolution qui « soutient le droit des étudiants et citoyens serbes à manifester pacifiquement » et « condamne fermement la répression d’État ». Marta Kos, commissaire européenne à l’élargissement, a réaffirmé que « la tragédie de Novi Sad est en train de changer la Serbie ». Belgrade est candidate à l’Union européenne et l’UE se dit déterminée à encourager une Serbie démocratique et transparente.

Vers un dialogue et une trajectoire politique

Sur le plan politique, le président Aleksandar Vucic a tenté de désamorcer la crise en appelant au dialogue et en présentant des excuses pour certains propos: « Je m’en excuse », a-t-il déclaré, sans promettre les élections anticipées que réclament les manifestants. Le mouvement se poursuit et les acteurs civiques espèrent des mesures concrètes et une plus grande transparence dans la gestion des chantiers publics et des fonds publics et européens. Les observateurs suivent de près l’évolution des enquêtes et les débats publics sur l’avenir démocratique du pays.

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