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Dans la géographie du monde arabe et musulman, à l’ère des espaces ouverts, de la liberté d’information et de la primauté des faits, est apparu un phénomène générationnel aux attentes claires : la génération Z, en quête de justice mais méfiante à l’égard des institutions qui prétendent la défendre.
Née à l’ère des algorithmes et des écrans, cette génération n’a pas modelé sa conscience dans les cercles du prêche ou sur les places de l’organisation politique. Elle a grandi avec l’accès permanent à l’information et une aversion pour l’enseignement par répétition.
Génération Z : l’ère numérique et ses caractéristiques
La génération Z fait le pont entre deux mondes : celui de la révolution numérique et celui d’avant. Elle vit dans la rapidité, rejette la hiérarchie automatique et ne place pas sa confiance dans les institutions traditionnelles.
Ses traits saillants éclairent son rapport à la religion et à la politique :
- Intelligence numérique élevée : capacité à accéder, vérifier et utiliser l’information rapidement.
- Esprit critique : refus des évidences non questionnées et scepticisme face aux autorités politiques et religieuses traditionnelles.
- Orientation cosmopolite : sentiment d’appartenance à des causes transnationales (Palestine, climat, justice, égalité).
- Sensibilité morale accrue : besoin d’un discours qui reconnaisse ses sensibilités et évite les méthodes de contrôle héritées du passé.
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La rue, les réseaux et le Parlement deviennent des espaces d’expression pour des jeunes qui veulent être entendus.

Comment la génération Z perçoit les mouvements islamiques
Le regard que porte la génération Z sur les mouvements islamiques est ambivalent. Il oscille entre admiration pour certaines valeurs héritées et déception face aux résultats concrets obtenus par ces mouvements.
Plusieurs éléments façonnent cette image :
- L’empreinte médiatique négative : l’image véhiculée par certains médias présente souvent les mouvements islamiques comme synonymes d’échec ou de violence.
- L’expérience du pouvoir après le printemps arabe : la gouvernance de certains islamistes a diminué la confiance en leur capacité à gérer des États modernes.
- Manque de renouvellement : répétition des mêmes symboles et discours alors que les questions des jeunes ont changé.
La génération Z n’abandonne pas les valeurs religieuses en elles-mêmes. Elle refuse toutefois qu’elles soient monopolisées ou instrumentalisées sans réponses aux grandes questions contemporaines : liberté, justice, dignité, égalité et place de l’individu face à l’État moderne.
La fracture et les leviers d’attraction
La distance entre les mouvements islamiques traditionnels et la génération Z tient à plusieurs facteurs. Le discours classique ne répond souvent pas aux aspirations de justice sociale, de protection de l’environnement, des droits des femmes et de liberté d’expression.
Différences de méthode :
- Les mouvements privilégient l’enseignement descendant et la tutelle.
- La génération Z vit dans une culture du débat, du questionnement et de la persuasion.
Pour réduire cette fracture, plusieurs pistes sont proposées :
- Investir les espaces numériques et y construire des ponts de communication.
- Formuler une narration qui relie l’islam à la liberté plutôt qu’à la répression.
- Promouvoir l’art, la culture visuelle et les formes d’expression qui parlent au langage des jeunes.
La génération Z comme force de changement
La génération Z possède des outils et des capacités qui la rendent incontournable pour tout projet de transformation. Sa force tient autant à son niveau de conscience qu’à ses moyens d’organisation.
Forces identifiées :
- Conscience élargie : accès à l’information qui accroît la compréhension et l’engagement.
- Capacité de pression : aptitude à porter des causes justes sur la place publique.
- Force de construction : compétence pour développer des projets de développement et d’innovation.
- Capacité de mise en réseau : relier religion, politique et valeurs de manière fluide.
La génération Z peut devenir un acteur d’une « résistance civilisationnelle » face à l’aliénation culturelle, à l’autoritarisme et à l’occupation, et ouvrir la voie à un renouveau islamique attaché à la liberté.
Recommandations pour renouer le lien
Pour tirer parti de ce potentiel et rétablir un dialogue constructif entre génération Z et mouvements islamiques, l’étude propose plusieurs recommandations concrètes :
- Redéfinir la relation entre religion et changement social.
- Lancer des initiatives jeunesse qui incarnent un islam renouvelé et tourné vers les préoccupations contemporaines.
- Adopter une stratégie de retour vers les populations, plutôt que de se centrer uniquement sur le conflit avec les régimes.
En synthèse, la génération Z n’est pas un adversaire de l’islam ; elle incarne au contraire la nécessité d’un renouvellement. Si les mouvements islamiques n’accompagnent pas cette dynamique, ils risquent de rester à l’écart des transformations à venir.