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La Déclaration de Doha politique, adoptée lors du deuxième Sommet mondial pour le développement social tenu à Doha du 4 au 6 novembre, marque selon l’Assemblée générale des Nations unies l’ouverture d’une nouvelle étape visant à ancrer la justice sociale et à replacer la personne humaine au cœur du développement. La présidente de la 80e session de l’Assemblée générale, Annalena Baerbock, a confirmé l’approbation officielle du texte durant la séance d’ouverture, en présence de dirigeants et de responsables onusiens et internationaux.
Pauvreté, emploi et inclusion
La Déclaration de Doha, composée de 44 articles principaux, réaffirme l’engagement des États envers la Déclaration de Copenhague de 1995 et l’Agenda 2030 pour le développement durable. Le texte articule trois piliers interdépendants considérés comme essentiels pour une approche intégrée du développement social :
- Éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes.
- Atteindre le plein emploi productif et garantir un travail décent pour tous.
- Renforcer l’inclusion sociale.
La Déclaration lie la justice sociale à la paix, à la sécurité et aux droits de l’homme, et appelle à ne laisser aucune catégorie de population en marge. Elle exhorte également à des mesures urgentes pour faire face au changement climatique conformément à la Convention-cadre des Nations unies et à l’Accord de Paris, en rappelant les principes de Rio, notamment celui des responsabilités communes mais différenciées.
Les principes adoptés à Rio en 1992, qui servent de référence mondiale pour les politiques environnementales et de développement, sont évoqués comme fondement du concept de développement durable défendu par la Déclaration de Doha.
Financement et réforme du système international
Le texte accorde une priorité nette aux questions de financement en réaffirmant le rôle de l’Agenda d’action d’Addis-Abeba comme composante essentielle de l’Agenda 2030. La Déclaration se dit favorable au « engagement de Séville » en faveur d’un renouvellement du cadre de financement et appelle à renforcer les institutions multilatérales pour qu’elles soient plus puissantes et mieux représentatives.
Le document rappelle les engagements internationaux antérieurs relatifs au développement social, y compris les déclarations politiques des sommets de 2019 et 2023 et les orientations du « Pacte pour l’avenir » (Charter of the Future). Il insiste sur le fait que la réalisation effective des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels — y compris le droit au développement — doit profiter à tous sans exception.
« La Déclaration de Doha politique est une feuille de route pour activer et renforcer les initiatives de développement social au niveau mondial », a déclaré Mohammed Al-Hajji, rédacteur en chef du journal Al-Watan.
La Déclaration souligne que l’éradication de l’extrême pauvreté reste le défi majeur pour l’humanité et une condition préalable au développement durable.
Fugues criantes et besoins financiers
Lors de la séance inaugurale, Annelena Baerbock a reconnu les progrès accomplis ces dernières décennies, notamment la réduction du chômage et de l’extrême pauvreté, mais elle a précisé que ces avancées « n’ont pas profité à tous ». Elle a appelé à des solutions intégrées qui reconnaissent l’interdépendance des 17 objectifs de développement durable.
La présidente de l’Assemblée générale a notamment pointé un manque de financement estimé à 4 000 milliards de dollars pour atteindre les objectifs de développement durable. Selon elle, la question n’est pas seulement l’insuffisance des ressources disponibles, mais la façon dont ces ressources sont investies.
Parmi les pistes avancées figurent l’allègement de la dette des pays les plus fragiles, la promotion de l’innovation et le renforcement des mécanismes financiers internationaux.
Lutte contre le racisme, santé et transformation numérique
La Déclaration de Doha affirme que la lutte contre le racisme, la discrimination et la xénophobie est une condition indispensable à une société socialement juste. Elle engage les États à contrer toutes les formes de discrimination et les discours de haine, en ligne comme hors ligne, et à adopter des mesures juridiques, politiques et institutionnelles efficaces.
Le texte invite à garantir une participation inclusive dans l’élaboration des politiques afin que chacun jouisse pleinement des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Il appelle également à mobiliser des financements innovants et durables, y compris des partenariats public-privé, pour assurer des dépenses sociales adéquates et étendre la couverture sanitaire.
Sur la santé publique, la Déclaration privilégie des systèmes de santé universels, résilients et abordables, fondés sur les soins primaires, dotés de personnels qualifiés et d’infrastructures adaptées. Elle insiste sur la préparation aux pandémies via le renforcement des capacités de production, des infrastructures et le transfert équitable de technologies, tout en protégeant la confidentialité des données de santé.
En matière de transformation numérique, la Déclaration vise à combler les fractures numériques et cognitives en promouvant un accès équitable et sécurisé aux technologies. L’utilisation d’outils émergents, y compris l’intelligence artificielle, est encouragée pour soutenir le développement social et les services publics, sous réserve du respect des droits et des contextes nationaux, et grâce à la coopération internationale et au renforcement des capacités.
L’adoption de la Déclaration de Doha constitue, selon ses défenseurs, une feuille de route pour relancer la lutte contre la pauvreté, réformer le financement du développement et renforcer la cohérence entre justice sociale, protection de la planète et respect des droits humains.

