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Le dossier du Sahara occidental refait surface sur la scène internationale après cinq décennies d’impasse. Le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2797 à la majorité (11 voix), pour la première fois indiquant que « l’autonomie réelle » sous souveraineté marocaine peut constituer l’option la plus viable et servir de base aux négociations entre les parties.
Points clés de la résolution 2797
La résolution comprend plusieurs dispositions majeures, résumées ci‑dessous :
- Elle indique que le projet d’autonomie réelle sous souveraineté marocaine pourrait constituer la solution la plus crédible.
- Elle appelle à la participation des parties aux discussions en vue d’un règlement politique final garantissant le droit des populations du Sahara occidental à décider de leur sort.
- Elle se félicite de l’initiative du représentant personnel du Secrétaire général pour le Sahara, Stéphane de Mistura, visant à réunir les parties pour tirer parti de l’élan actuel.
- La mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental (MINURSO) voit son mandat prolongé d’un an, avec une demande au Secrétaire général d’effectuer une revue stratégique dans les six mois (Réactions contrastées
Les réactions au vote ont été contrastées. Rabat célèbre la résolution comme un succès diplomatique et un tournant historique, tandis que d’autres acteurs estiment que le texte laisse la porte ouverte à d’autres options.
Des expert·e·s internationaux ont proposé des lectures divergentes du texte :
- Pour le professeur de droit international et relations internationales Muhammad Tajeddine al‑Husseini, la résolution constitue « un tournant » au sein des Nations unies. Il souligne que tout mouvement futur doit s’inscrire dans le cadre de l’autonomie, sans dissocier autonomie et droit à l’autodétermination (profil).
- Hossam Hamza, politologue, estime que l’Algérie pourrait accueillir tout progrès tant que des solutions ne sont pas imposées au peuple sahraoui : le référentiel international couvre non seulement l’autonomie mais aussi l’indépendance ou l’union avec un État existant.
- Abdelhamid Essiam, spécialiste des affaires onusiennes, propose une lecture médiane : la résolution se rapproche de la position marocaine sans rompre définitivement avec la question du droit à l’autodétermination et insiste sur la primauté des négociations.
Le projet d’autonomie proposé par Rabat
Le plan marocain, qui reçoit un soutien international croissant, propose d’accorder aux habitants du Sahara des compétences importantes pour gérer leurs affaires locales.
Principales caractéristiques du projet marocain :
- Création d’institutions législatives, exécutives et judiciaires locales dotées d’une large autonomie.
- Maintien par l’État marocain des prérogatives souveraines en matière de sécurité, défense et relations extérieures.
- Fondement du dialogue et des négociations en tant que voie exclusive vers un règlement durable.
Rapprochement Maroc–Algérie et rôle potentiel des États‑Unis
Parmi les scénarios évoqués figure la normalisation des relations entre le Maroc et l’Algérie comme levier pour accélérer une solution. Le roi Mohammed VI a appelé le président algérien Abdelmadjid Tebboune à un « dialogue sincère » pour dépasser les différends et bâtir de nouvelles relations en vue d’un Maghreb renforcé (voir).
Des analystes estiment que l’implication américaine pourrait créer une impulsion déterminante. Selon certains, l’administration américaine est susceptible de soutenir un rapprochement bilatéral susceptible de débloquer le dossier sahraoui, et Stéphane de Mistura estime qu’une telle avancée pourrait être envisageable dans un délai d’environ 60 jours si Washington s’investit activement (contexte).
Questions en suspens
Malgré l’élan suscité par la résolution 2797, des interrogations demeurent quant à son effet réel sur le terrain. Le texte est perçu soit comme un point de départ vers une solution plausible, soit comme une nouvelle étape dans une longue série de négociations inabouties.
Les enjeux à suivre :
- La capacité des parties à accepter des compromis et à participer à des négociations de bonne foi.
- Le rôle de la communauté internationale, notamment des États‑Unis, dans la facilitation d’un dialogue bilatéral Maroc–Algérie.
- La façon dont la MINURSO et l’ONU mettront en œuvre la revue stratégique demandée et ses recommandations.