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Procès à Bordeaux d’une mère en post-partum pour meurtre de jumelles

par charles
France

Une mère de 37 ans est jugée à Bordeaux à partir de mercredi pour avoir étouffé ses jumelles de trois mois avec leur doudou, épisode lié à une dépression du post-partum. Les faits remontent au 19 décembre 2022 à Lamarque (Gironde), où Ambre et Emma ne respiraient plus peu après leur sieste. Les premiers éléments de l’enquête indiquent une asphyxie par suffocation, aggravée par l’action combinée du doudou et de l’appui d’une main sur le visage des bébés. La prévenue avait quitté peu auparavant une unité psychiatrique mère-enfant et restait sous traitement; des recherches sur internet sur « placer mon enfant », « faire adopter mon enfant » ou sur la mort subite du nourrisson ont été relevées sur son téléphone.

Affiche et salle d’audience lors du procès à Bordeaux

À Bordeaux, le cadre du procès et les faits décrits

Le dossier porte sur l’étouffement des jumelles Ambre et Emma, âgées de trois mois, le 19 décembre 2022 à Lamarque dans la Gironde. Près de quatre heures après la sieste, les secours constatent la disparition des bébés; Ambre est morte sur place et Emma décède peu après au CHU de Bordeaux. Les rapports d’autopsie concluent à une asphyxie par suffocation liée à l’action combinée du doudou et de l’occlusion par l’appui d’une main sur les orifices, nez et bouche. Selon les autorités, la prévenue venait de sortir d’une unité psychiatrique et était encore sous traitement et suivie en hôpital de jour. Des éléments tirés de son téléphone montrent des recherches sur comment « placer mon enfant », « faire adopter mon enfant » ou sur la mort subite du nourrisson.

«C’est ma faute, c’est ma faute», «vous savez je mets le doudou sur la tête, alors c’est ma faute»

Au cours des auditions, Jennifer Bertrand confie s’être sentie « nulle et mauvaise mère » depuis la naissance de ses jumelles et avoir eu des idées suicidaires. Le 23 décembre, elle est mise en examen pour homicide volontaire sur ses deux jumelles et est détenue à la prison de Gradignan. Selon son avocat, Me Stéphane Guitard, la dépression du post-partum sera « l’axe principal » du procès et il affirme à l’AFP: « Ce n’est pas un baby-blues, c’est une véritable dépression. Et c’est un vrai sujet de société, encore trop peu connu », espérant que les experts psychiatres reconnaîtront l’abolition du discernement au moment des faits, car elle « n’a pas conscience de ce qu’elle a fait ».

Images liées à l’affaire du procès à Bordeaux

Le contexte médical et les enjeux de la dépression post-partum

La dépression du post-partum touche environ 10 à 20% des femmes selon Santé publique France et peut engendrer des conséquences à court, moyen et long terme pour la mère et l’enfant. Les spécialistes soulignent que ce trouble demeure largement sous-diagnostiqué. Dans ce dossier, les enquêteurs indiquent aussi que la patiente avait été hospitalisée et suivie avant le drame.

Les recherches et les échanges dans le dossier soulignent la difficulté d’articuler une prise en charge adaptée lorsque une femme traverse une dépression après l’accouchement; les procureurs insistent sur la nécessité d’un accompagnement renforcé pour prévenir des drames similaires.

Réactions et enjeux du procès

La défense affirme que la dépression post-partum peut abolir le discernement au moment des faits; Me Stéphane Guitard déclare à l’AFP: « Ce n’est pas un baby-blues, c’est une véritable dépression. Et c’est un vrai sujet de société, encore trop peu connu », espérant que les experts psychiatres reconnaîtront l’abolition du discernement. Le père des jumelles, Yohan Budis, a d’abord soutenu que sa femme n’avait rien à voir dans cette histoire; il a ensuite demandé le divorce et s’est constitué partie civile, décrivant un homme brisé qui ne souhaite ni l’acquittement ni une perpétuité. Selon Me Charles Dufranc, l’avocat du père, « il ne souhaite pas qu’elle soit acquittée, mais ne veut pas non plus qu’elle prenne une peine de perpétuité ». Le procès doit clarifier la question du discernement et des effets de la maladie mentale sur la responsabilité pénale dans ce cadre complexe.

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