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Eduardo Bolsonaro renvoyé en procès pour obstruction

by Sara
Brésil, États-Unis

La majorité d’une formation de la Cour suprême du Brésil a voté pour renvoyer Eduardo Bolsonaro, fils cadet de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro, en procès pour obstruction de la justice. Trois des cinq juges ont accepté l’acte d’accusation, estimant qu’il existe des éléments laissant croire qu’il a exercé des pressions depuis les États-Unis pour influer sur l’affaire judiciaire visant son père.

Décision de la Cour suprême

Vendredi, la formation composée de cinq magistrats a validé la demande du parquet, permettant l’ouverture d’un procès contre Eduardo Bolsonaro. Les juges Alexandre de Moraes, Flavio Dino et Cristiano Zanin ont voté en faveur du renvoi devant un tribunal.

Selon l’exposé du juge Alexandre de Moraes, il existe « des preuves significatives » que les actions d’Eduardo Nunes Bolsonaro visaient à créer « un climat d’instabilité institutionnelle et sociale », en exerçant des pressions accrues sur les autorités brésiliennes et en causant des préjudices économiques au pays.

Le vote au sein de la formation reste ouvert jusqu’au 25 novembre.

Contexte : le procès et la condamnation de Jair Bolsonaro

En septembre, la Cour suprême du Brésil a condamné Jair Bolsonaro, président de 2019 à 2023, à plus de 27 ans de prison. La peine porte sur un complot visant, selon la justice, à renverser sa défaite lors de l’élection de 2022 par un coup d’État.

Jair Bolsonaro conteste sa condamnation et reste assigné à résidence pendant la procédure d’appel. La même formation a récemment rejeté une tentative de réduire ou d’annuler sa peine.

Actions d’Eduardo depuis les États-Unis

Élu à la Chambre des députés, Eduardo Bolsonaro s’est rendu à plusieurs reprises aux États-Unis après l’élection de 2022. Il y a rencontré le président Donald Trump et des responsables républicains.

En mars, il a annoncé son déménagement aux États-Unis pour se consacrer pleinement à la défense de son père, déclarant vouloir « consacrer 100 % de mon temps » à cette cause.

Accusations : une campagne de pression illégale ?

Le parquet soutient que les démarches d’Eduardo ont pu constituer une campagne de pression illégale visant à faire abandonner les poursuites contre Jair Bolsonaro. Les éléments réunis indiqueraient une tentative d’influencer la décision judiciaire par des menaces et des pressions extérieures.

Si le procès aboutit à une condamnation pour obstruction, Eduardo Bolsonaro pourrait encourir une amende et jusqu’à quatre ans de prison.

Pressions américaines et sanctions

Les investigations concernant Jair Bolsonaro et les réactions au sein de la sphère internationale ont intensifié les tensions entre Brasília et Washington.

  • En juillet, Donald Trump a adressé une lettre au président Luiz Inácio Lula da Silva, accusant le Brésil de censurer la voix de l’ancien président et qualifiant le procès de « chasse aux sorcières ». La lettre est accessible sur Truth Social : https://truthsocial.com/@realDonaldTrump/posts/114825119138468153.
  • La Maison-Blanche a publié un décret qualifiant les actions brésiliennes de « menace inhabituelle et extraordinaire » pour les intérêts américains : http://whitehouse.gov/presidential-actions/2025/07/addressing-threats-to-the-us/.
  • Les États-Unis ont imposé des droits de douane de 50 % sur de nombreuses exportations brésiliennes et ont annoncé des restrictions de visas et des sanctions ciblées à l’encontre du juge Alexandre de Moraes et de son entourage. Les communiqués du Département d’État précisant ces mesures figurent ici : https://www.state.gov/releases/office-of-the-spokesperson/2025/07/announcement-of-visa-restrictions-on-brazilian-judicial-officials-and-their-immediate-family-members et https://www.state.gov/releases/office-of-the-spokesperson/2025/07/sanctioning-brazilian-supreme-court-justice-alexandre-de-moraes-for-serious-human-rights-abuse.
  • En septembre, les sanctions ont été étendues à l’entourage familial du juge : https://www.state.gov/releases/office-of-the-spokesperson/2025/09/sanctioning-support-network-of-brazilian-judge-alexandre-de-moraes.

Liens étroits avec la Maison-Blanche et le mouvement MAGA

Eduardo Bolsonaro s’est affiché en soutien constant aux actions de Donald Trump en faveur de son père. Il est devenu une présence régulière à la Maison-Blanche et aux événements liés au mouvement Make America Great Again.

Lors d’un événement en mars, il a été vu conversant avec l’ancien conseiller Steve Bannon, arborant une casquette détournant le slogan de Trump : « Make Brazil Great Again ». En août, il a déclaré à la BBC à Washington appuyer la campagne tarifaire de Trump contre le Brésil.

Réactions d’Eduardo Bolsonaro

Sur les réseaux sociaux, Eduardo a dénoncé la décision de la Cour comme une « WITCH HUNT » et a nié tout contrôle sur les sanctions ou les droits de douane imposés par les États-Unis. Son message est consultable ici : https://x.com/BolsonaroSP/status/1989388186955501605.

Il accuse le juge de Moraes d’utiliser la « loi sur l’aptitude » (clean record law) pour l’empêcher de se présenter à de futurs scrutins, et s’est interrogé publiquement : « Peut-on appeler cela de la démocratie ? »

Éléments à suivre

La perspective d’un procès pour obstruction renforce la polarisation autour du dossier Bolsonaro et pourrait avoir des retombées politiques et diplomatiques durables.

Le déroulement de la procédure, l’issue du vote final au sein de la Cour et l’éventuelle confrontation judiciaire mettront en lumière l’ampleur des liens entre acteurs politiques brésiliens et influences étrangères.

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source:https://www.aljazeera.com/news/2025/11/15/eduardo-bolsonaro-son-of-brazils-ex-president-to-face-obstruction-charge

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