Home ActualitéPunaises de lit et ADN : un profilage médico-légal possible

Punaises de lit et ADN : un profilage médico-légal possible

by charles
France

Des punaises de lit pourraient devenir des éléments de preuve dans des enquêtes criminelles, selon des travaux menés par l’Université des sciences de Malaisie (USM) à Penang. Ces insectes peuvent conserver l’ADN humain jusqu’à 45 jours après avoir piqué, permettant de déduire un profil phénotypique et potentiellement le sexe d’une personne. Ils ne volent pas et restent dans un rayon autour de la piqûre, conditions qui limitent leur usage et les distinguent des moustiques. Cependant, les chercheurs avertissent que ce n’est pas une solution miracle pour les cold cases.

ADN conservé et profilage potentiel

Les chercheurs de l’USM ont montré que l’ADN extrait du sang humain consommé par Cimex hemipterus peut permettre de retrouver un « profil phénotypique » de base, autrement dit les caractéristiques observables d’une personne, ainsi que son sexe jusqu’à 45 jours plus tard.

En utilisant les marqueurs STR (répétition courte en tandem) et SNP (polymorphisme mono nucléotidique) – des séquences d’ADN spécifiques extraites du sang -, les chercheurs peuvent déterminer le sexe, la couleur des yeux, des cheveux et de la peau des suspects potentiels.

Punaises de lit et ADN humain, étude
Punaises de lit et ADN humain, étude malaisienne.

L’étude intitulée « Profilage humain à partir de l’analyse STR et SNP de la punaise de lit tropicale, Cimex hemipterus », a été publiée dans la revue Nature il y a deux ans. Il s’agissait de la première utilisation médico-légale documentée impliquant cet insecte.

« Parfaites comme outil médico-légal », affirme l’entomologiste Abdul Hafiz Ab Majid. Mais il ajoute que ce n’est pas une solution miracle et que l’intervalle d’utilisation est limité.

« Cela ne donne aux enquêteurs qu’un délai de 45 jours pour utiliser les punaises de lit comme preuve, et seulement si l’on en trouve sur les lieux du crime », souligne l’entomologiste.

« Ces insectes ne sont pas des vecteurs et ne peuvent pas transmettre des maladies par leurs piqûres », précise Abdul Hafiz Ab Majid.

Limites et fiabilité: un outil médico-légal, pas une solution miracle

Contrairement aux moustiques et aux mouches, les punaises de lit ne volent pas et restent dans un rayon d’environ six mètres; elles sont donc perçues comme plus fiables pour localiser un suspect, selon les auteurs. Les chercheurs avertissent toutefois que l’application dépend de la présence des punaises sur les lieux et du caractère récent de l’événement.

« J’ai laissé (les punaises) se nourrir de mon sang pour tester combien de temps [il faudrait] à l’ADN humain pour se dégrader », dit Lim Li, une chercheuse post-doctorante, en décrivant son rôle de « victime consentante » pour la science.

Selon l’étude, il s’agissait de la première utilisation médico-légale documentée impliquant cet insecte.

Perspectives pour les enquêtes et contraintes

À partir d’une simple goutte de sang, les enquêteurs de police pourraient peut-être un jour reconstituer le profil complet d’un suspect, explique l’entomologiste. Cette piste se révèle intéressante pour des affaires récentes, mais elle ne constitue pas un remède miracle pour les cold cases et dépend de la présence des punaises sur les lieux.

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