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Dans une année marquée par les tensions économiques et les questions de renouvellement, le monde agricole est à l’intersection de l’action et de l’innovation. À Chartres, des agriculteurs ont lancé une opération coup de poing pour attirer l’attention sur un ras-le-bol général, tandis que des ateliers techniques et des échanges sur les pratiques de sol et la transmission des exploitations illustrent la diversité des réponses apportées localement en France.
À Chartres, une opération coup de poing des agriculteurs pour dénoncer le ras-le-bol général
La mobilisation, organisée sous l’égide de la Coordination rurale d’Eure-et-Loir, a rassemblé environ soixante agriculteurs et visait les grandes et moyennes surfaces du département pour les inciter à privilégier les produits français. « Cela fait deux ans qu’on manifeste et qu’on n’est pas entendus, qu’on n’est pas compris », résume Aurélie Hallain, présidente de la Coordination rurale 28. Le mouvement, ouvert à tous les syndicats et non syndiqués, se veut unitaire et poursuit son action tant que les revendications ne sont pas entendues.

Selon Aurélie Hallain, la responsable locale, l’objectif est d’alerter les distributeurs et les consommateurs sur les difficultés rencontrées et sur la nécessité de privilégier les produits locaux. « Les GMS doivent comprendre qu’il faut utiliser les produits français », affirme-t-elle.
« Il faut faire comprendre à la population que l’agriculture française est importante, très importante, primordiale pour notre pays », ajoute-t-elle. L’action pourrait être répétée si les autorités n’entendent pas les revendications, ont averti les organisateurs.
À Moustier, les agriculteurs échangent sur les couverts végétaux et la santé des sols
Sur la plateforme expérimentale de la région, des agriculteurs ont discuté des couverts végétaux et de leur rôle dans l’infiltration de l’eau, notamment après les pluviométries récentes. Thibault Debaillieul, agronome, a animé la session qui a couvert le diagnostic du sol et l’impact sur la structure racinaire et les itinéraires techniques d’implantation, avec lecture de l’analyse de sol et utilisation d’outils comme la méthode Speed pour aider les décisions. Un atelier pratique a permis de lire une analyse de sol directement sur leur parcelle, afin de comprendre les résultats et agir durablement.

Le récit met en avant les avantages des couverts végétaux pour l’infiltration de l’eau et la structuration du sol, et décrit différentes techniques d’implantation, y compris le semis par drone ou par épandeur à engrais, en complément des pratiques traditionnelles. Les participants ont aussi découvert la méthode Speed, outil rapide d’évaluation de l’état et de la structure des sols, destiné à guider les agriculteurs dans leurs choix opérationnels.
Transmission et soutien à l’installation: aides et enjeux
Dans le Loiret, les ateliers organisés par la chambre d’agriculture visent à préparer les exploitations à la transmission et à anticiper les départs à la retraite, car près d’un agriculteur sur deux partira d’ici 2030. Chloé Bauduin, élue référente du pôle installations et transmissions, souligne les défis actuels et les conseils d’évaluation de la valeur d’entreprise: « Ce n’est pas évident de s’installer en ce moment au regard du contexte particulier qui est le nôtre, tant au niveau économique, humain et politique », résume-t-elle.
Geneviève Marteau, experte agricole, rappelle les règles propres au monde rural: « La valeur de votre entreprise est celle qui sera proposée et acceptée par votre repreneur. Il y a des règles spécifiques au monde agricole. Le pas-de-porte est interdit, sauf cas particulier. » Autant d’éléments qui montrent que la transmission est un sujet technique et juridique, parfois complexe. Sur le stand d’un conseiller, on évoque aussi les aspects de gestion et de bilan pour les exploitations et les sociétés, avec une distinction entre cessation fiscale et dissolution/liquidation.
Dans ce cadre, la Safer Bourgogne Franche-Comté a offert des aides à l’installation de 500 à 1 000 euros à dix jeunes porteurs de projets, selon le détail des dispositifs, et le contexte démographique montre que près d’un agriculteur sur deux partira d’ici 2030.
Jean-Christophe Huré, exploitant agricole à Beaune-la-Rolande et militant FNSEA, résume son parcours: « Je me suis installé en 1988, à l’âge de 22 ans. Aujourd’hui, j’en ai 59 et je suis en Gaec avec mon épouse. J’ai encore quelques années à faire et je ne sais pas qui va prendre ma suite. Ce ne sera pas une transmission familiale. Mais j’ai envie qu’elle soit la mieux-disante. Or, nous sommes dans une période complexe. Y compris au niveau climatique. En 2023, j’ai fait une bonne année en betteraves. En 2024, c’était médiocre. Cette année, c’était exceptionnel. Dans quelques années, quand je vais arrêter, peut-être qu’il n’y aura plus de betteraves sur ma ferme. Qui sait ?»