Home ActualitéScienceEnvironnement et développement durableAprès le COP30 à Belém : quelles actions pour le climat ?

Après le COP30 à Belém : quelles actions pour le climat ?

by Sara

Après deux semaines de négociations à Belém, le COP30 s’est soldé par un accord jugé limité par de nombreux observateurs. Les experts saluent quelques avancées concrètes — plans de financement, agenda d’action, et création d’un dispositif d’accélération — mais pointent l’absence d’une feuille de route claire pour la sortie des combustibles fossiles, principal moteur du changement climatique.

Selon plusieurs responsables et spécialistes, la vraie question qui se pose désormais est : que feront les gouvernements et les acteurs économiques pour transformer ces engagements en réductions réelles et rapides des émissions ?

Un bilan contrasté

Les critiques ont qualifié l’accord final de « compromis faible ». Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, a insisté sur le passage à l’action : « Nous partons d’ici avec une indication claire, très nette, que nous sommes entrés dans l’ère de l’exécution… Il s’agit maintenant de travailler. De travailler sérieusement. »

Pour beaucoup d’experts, l’échec majeur tient à l’absence d’un calendrier contraignant pour l’élimination progressive des combustibles fossiles. Une proposition soutenue par le président brésilien et plus de 80 pays a néanmoins été bloquée par des oppositions puissantes.

Juan Carlos Monterrey Gómez, délégué du Panama, a prévenu : « Cela aurait dû être le bon moment, mais le monde a reculé à nouveau. L’année prochaine sera plus dure pour les sociétés et les écosystèmes, les effets s’intensifieront car les émissions ne ralentissent pas. »

Points positifs identifiés par les experts

Malgré les limites de l’accord, Simon Stiell et d’autres ont relevé plusieurs dispositions susceptibles de stimuler l’action climatique. Elles visent notamment à accélérer les réductions d’émissions et à restreindre l’utilisation des énergies fossiles.

Parmi les avancées signalées :

  • La reconnaissance de sept paragraphes de l’accord comme leviers d’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
  • Une « Agenda d’action » comprenant 117 points, principalement destinés aux entreprises pour transformer leurs engagements en actes concrets.
  • Des promesses de financements importants pour les infrastructures, la décarbonation industrielle et la production de biocarburants.

Bill Hare, directeur de Climate Analytics, a estimé que la mise en œuvre de ces mesures, et tout particulièrement d’un « accélérateur d’exécution global », pourrait changer substantiellement les perspectives d’évolution du changement climatique mondial.

Manifestation pour la justice climatique et fin des combustibles fossiles

L’image ci-dessus illustre les appels des activistes à mettre fin aux combustibles fossiles et à maintenir la hausse des températures en-deçà de 1,5 °C.

Feuilles de route et financement annoncés

La présidence du COP30 a mis en avant deux nouvelles « feuilles de route » promise : l’une pour guider la transition hors des énergies fossiles, l’autre pour stopper la déforestation. Ces feuilles de route n’auront toutefois pas la même force contraignante que l’accord adopté.

André Corrêa do Lago, président de la conférence, a indiqué que son bureau examinera ces deux domaines en s’appuyant sur la science et l’économie, et qu’il organisera une conférence dédiée à la sortie progressive des combustibles fossiles en avril prochain, en collaboration avec la Colombie et les Pays-Bas.

L’Agenda d’action promet également des engagements financiers :

  • Une promesse d’un trillion de dollars pour moderniser réseaux électriques et infrastructures.
  • Des plans de décarbonation industrielle et un renforcement de la production de biocarburants.
  • Un fonds de 5,5 milliards de dollars destiné à aider les pays à préserver leurs forêts.
  • Des engagements de financements publics et privés pour l’agriculture, l’adaptation et le stockage d’énergie renouvelable.

L’un des objectifs les plus ambitieux évoqués est de rassembler un trillion de dollars pour soutenir les réseaux électriques renouvelables et les technologies de stockage.

André Corrêa do Lago lors du COP30

Obstacles : pressions et blocages

Les conférences climat exigent le consensus, ce qui conduit souvent à des compromis amoindris pour satisfaire tous les pays. Ce mécanisme a contribué à diluer certaines ambitions lors du COP30.

Niklas Höhne, fondateur du NewClimate Institute, estime que les pays producteurs d’hydrocarbures ont intensifié leurs efforts pour freiner le progrès, conscients des risques politiques et économiques d’un retrait rapide des combustibles fossiles.

Katharine Hayhoe, scientifique en chef chez The Nature Conservancy, a rappelé que l’exigence d’un consensus mondial ne suffira jamais à elle seule pour relever l’ampleur de la crise climatique.

Mohamed Adow, directeur de Power Shift Africa, a prédit une intensification des impacts climatiques l’année prochaine, tout en soulignant un progrès graduel des actions climat, notamment dans les renouvelables — mais aussi une poursuite des investissements dans les énergies fossiles dans certaines régions.

Peuples autochtones en manifestation pour la justice climatique à Belém

Les manifestations des peuples autochtones et des mouvements pour la justice climatique ont souligné la nécessité d’actions plus ambitieuses, notamment pour protéger les terres et les communautés vulnérables.

Signes d’espoir et prochaines étapes

La présence d’une délégation américaine, même non officielle, a été perçue comme un signe positif après des années de retrait formel des États-Unis sous l’administration précédente.

Trigg Tally (membre de l’équipe américaine non officielle citée dans les débats) et d’autres acteurs ont souligné que gouvernements, États, villes et entreprises ont des leviers concrets pour réduire les émissions et tenir les objectifs nationaux.

David Waskow, responsable climat international au World Resources Institute, rappelle que les COPs font partie d’un dispositif plus vaste : la mobilisation doit se poursuivre à tous les niveaux — politique, privé et local — pour limiter le changement climatique.

Plusieurs experts restent néanmoins clairs : les avancées de Belém ne seront utiles que si elles donnent lieu à :

  • Des calendriers concrets et contraignants pour réduire les émissions et sortir des énergies fossiles.
  • Une transparence et une responsabilité accrues pour suivre les engagements des États et des entreprises.
  • Des financements ciblés et rapides vers les pays et communautés les plus vulnérables.

Katharine Hayhoe conclut sur une note de mobilisation : « Le rocher de l’action climatique roule désormais dans la bonne direction. Des millions de personnes y contribuent déjà. Si chacun accélère son effort, la dynamique ira plus vite. »

source:https://www.aljazeera.net/climate/2025/11/27/%d8%a8%d8%b9%d8%af-%d8%a7%d9%86%d8%aa%d9%87%d8%a7%d8%a1%d9%83%d9%88%d8%a8-30-%d9%85%d8%a7-%d8%a7%d9%84%d8%aa%d8%a7%d9%84%d9%8a-%d9%81%d9%8a-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%b9%d8%b1%d9%83%d8%a9-%d8%b6%d8%af

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