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Gaza enregistre une hausse notable des fraudes liées aux portefeuilles électroniques et aux applications bancaires. Des réseaux organisés exploitent la demande croissante pour ces services et la faible sensibilisation financière des utilisateurs, ciblant particulièrement les périodes de distribution d’aides et d’augmentation des plafonds de transfert.
Des arnaques coordonnées et ciblées
Les témoignages recueillis indiquent que ces opérations sont conduites de manière coordonnée, par des personnes situées à l’intérieur et à l’extérieur du territoire.
Les escrocs commencent souvent par des contacts qui donnent une impression d’autorité, posent des questions anodines, puis demandent progressivement des données sensibles comme les codes secrets ou les numéros de vérification.
Le choix des heures d’appel — tôt le matin ou tard le soir — relève d’une stratégie : ces moments réduisent la vigilance des victimes potentielles et augmentent leur propension à faire confiance.
Témoignages de victimes
Alaa Samih raconte avoir créé son portefeuille en suivant toutes les étapes de vérification. Quelques heures plus tard, elle a reçu un appel d’un numéro local ; l’interlocuteur, dont l’accent n’était pas gazéen, connaissait pourtant des détails précis sur son compte.
L’auteur de l’appel a demandé des informations sensibles — refusées par Mme Samih — et l’a menacée de fermer le portefeuille lorsqu’elle n’a pas coopéré. Elle a finalement échappé à la fraude.
En revanche, Samih Fathi a été moins chanceux. Après un contact légitime avec le service client, il a reçu un appel similaire. L’escroc, à l’accent rappelant la Cisjordanie ou la Jordanie, connaissait son nom complet, le nom de sa mère et le numéro de sa pièce d’identité.
Sur la confiance instaurée, M. Fathi a suivi les instructions et transmis un code de vérification. Après l’appel, il a constaté la disparition des 7 000 shekels (environ 2 135 dollars) de son portefeuille.

Une fraude à haut degré d’organisation
Les victimes rapportent que les escrocs maîtrisent les procédures de création et de vérification des portefeuilles et semblent avoir accès à des informations personnelles détaillées.
Plusieurs indices laissent penser que ces opérations sont souvent pilotées depuis l’extérieur de Gaza, renforçant l’hypothèse de réseaux transfrontaliers structurés.
Des sources font état de transferts rapides des fonds volés hors du territoire via des mécanismes difficiles à tracer, tels que des systèmes parallèles de transfert parfois appelés « marketing » dans le jargon local.
Point de vue des spécialistes et des entreprises
Ahmed Abu Qamar, spécialiste en économie, relève que ces escroqueries sont une tendance mondiale qui s’adapte aux contextes locaux.
Il explique que les fraudeurs misent sur la possession de données précises et sur le timing des contacts, souvent synchronisés avec des campagnes d’inscription ou des annonces officielles.
Du côté des fournisseurs de portefeuilles électroniques, une entreprise interrogée affirme utiliser des couches de sécurité multiples et crypter les données utilisateurs pour empêcher tout accès non autorisé.
Selon cette société, les fraudes ne résultent pas d’un piratage des bases internes mais de techniques d’ingénierie sociale visant à pousser l’utilisateur à divulguer ses codes.
L’entreprise souligne son intention d’intensifier les campagnes de sensibilisation et de développer des outils de détection précoce des activités suspectes.

Publicités sponsorisées et fuite possible de données
L’expert en sécurité numérique Moamen Abdel Hamid alerte sur l’utilisation croissante d’annonces payantes sur les réseaux sociaux pour appâter les utilisateurs cherchant à augmenter leurs plafonds de retrait ou de transfert.
Ces publicités, souvent très professionnelles, incitent les citoyens à interagir sans vérification préalable, facilitant l’hameçonnage.
Il existe aussi des craintes fondées concernant la disponibilité de larges bases de données — potentiellement issues de fuites ou d’échanges de listes — qui permettent aux escrocs de personnaliser leurs messages et d’accroître leur crédibilité.
Abdel Hamid recommande de n’utiliser que les canaux officiels et de ne jamais communiquer de codes sensibles par téléphone.

Appels pour un renforcement de la régulation
Face à l’ampleur de la menace, spécialistes et citoyens demandent une intervention réglementaire urgente.
Les mesures réclamées incluent :
- l’établissement de normes strictes de protection des données ;
- des campagnes massives de sensibilisation au risque de fraude ;
- l’ouverture d’enquêtes sur d’éventuelles fuites d’informations ;
- la création de mécanismes clairs d’indemnisation et de recours pour les victimes.
Sans ces dispositifs, les citoyens restent vulnérables dans un écosystème financier numérique en expansion rapide.
Comment se protéger de la fraude aux portefeuilles électroniques
Pour limiter les risques de fraude portefeuilles électroniques, adoptez des gestes simples et systématiques.
- Ne partagez jamais vos mots de passe, codes de vérification ou informations bancaires par téléphone, SMS ou messagerie, même si l’interlocuteur prétend représenter une institution.
- Méfiez-vous des demandes de paiement par des moyens non conventionnels (cartes cadeaux, transferts non officiels, retraits directs).
- Évitez de cliquer sur des liens suspects ou de télécharger des pièces jointes provenant de sources non vérifiées, notamment via WhatsApp ou d’autres réseaux sociaux.
- Vérifiez toujours l’identité et l’objet d’un contact via les canaux officiels de l’entreprise : rendez-vous en agence ou utilisez l’application officielle pour confirmer toute demande.
- Utilisez des mots de passe robustes, uniques pour chaque compte, et conservez-les en lieu sûr ; évitez la réutilisation des mots de passe.
En cas de doute ou d’incident, signalez immédiatement la tentative de fraude au fournisseur du portefeuille et aux autorités compétentes afin d’augmenter les chances d’identifier les responsables et de limiter les préjudices.