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Nucléaire : La dépendance de l’Europe à la Russie pour l’uranium de retraitement

by Lea
France

Dans le cycle du combustible, l’uranium issu du retraitement (URT) doit être converti puis réenrichi pour devenir de l’uranium de recyclage enrichi (URE) et pouvoir être réexploité dans les réacteurs de Cruas-Meysse. Cette étape constitue l’une des grandes problématiques de la filière nucléaire pour fermer le cycle du combustible. Sans transformation, l’URT ne peut pas être utilisé dans les installations françaises.

Navire Mikhail Dudin à Dunkerque, novembre 2025
Le navire Mikhail Dudin à Dunkerque, novembre 2025

Une usine d’enrichissement avait été envisagée en Angleterre, sur le site de Springfields dans le Lancashire, afin d’effectuer cette conversion au sein de l’Europe. Le projet a été compromis, pour des raisons financières et de faisabilité, et le contrôle du processus est resté hors de l’Europe.

Aujourd’hui, le traitement et l’enrichissement de l’URT se font en Russie, à Tomsk-7, dans l’usine Seversk de Rosatom, en Sibérie. Les Russes sont les seuls aujourd’hui à maîtriser le procédé.

Le 15 novembre 2025, le navire Mikhail Dudin est parti de Dunkerque avec une dizaine de conteneurs d’uranium de retraitement provenant directement de l’usine de La Hague. Il est arrivé dans le port russe d’Oust-Louga le 26 novembre, puis a été acheminé par train sur cinq jours vers Tomsk-7. Cette liaison avec la Russie illustre le contrôle actuel du processus.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, ce lien avec la Russie est dénoncé et questionné. Par ailleurs, l’Europe a décidé, via le Parlement européen et les États membres, d’un calendrier de réduction, voire d’arrêt progressif des importations de gaz russes à partir de septembre 2027.

Face à ces enjeux, le nucléaire prône l’indépendance et cherche à sécuriser l’approvisionnement. Début 2024, une piste européenne a été avancée pour enrichir l’uranium sur le continent, en envisageant de remettre en service le site de Springfields, exploitation d’un site lié à Westinghouse, dans le Lancashire.

Lors d’une révision publique de la CLI en novembre, Orano La Hague a rappelé qu’une solution était presque trouvée et que le groupe disposait des compétences et du savoir‑faire. Orano précise que la conversion d’URT en France nécessiterait la construction d’une nouvelle usine dédiée, sur commandes clients. EDF a été sollicité dans le cadre d’un appel d’offres pour envisager une filière occidentale de conversion et poursuit les discussions.

EDF ne semble pas abandonner ce chemin et le sujet Aval du futur demeure en discussion. La filière européenne reste dépendante de choix industriels et financiers, ce qui maintient une certaine incertitude sur l’indépendance du cycle du combustible. La question demeure.

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