Accueil ActualitéScienceEnvironnement et développement durableUrgence climatique : renforcer la résilience de la Jamaïque face aux tempêtes

Urgence climatique : renforcer la résilience de la Jamaïque face aux tempêtes

par Marie
Jamaïque

Six semaines après le passage dévastateur de l’ouragan Melissa de catégorie 5, la Jamaïque se trouve à la croisée des chemins. Alors que l’île panse encore ses plaies, les experts appellent à une refonte totale des stratégies d’adaptation, plaçant la science au cœur de la reconstruction pour affronter l’urgence climatique.

L’avertissement est solennel et provient de l’une des voix les plus respectées des Caraïbes en matière de climat. Michael Taylor, professeur à l’Université des West Indies (UWI) et doyen de la Faculté des sciences et technologies, a lancé un appel pressant : sans un renforcement significatif de sa résilience, la Jamaïque continuera de subir des chocs économiques et sociaux majeurs.

L’adaptation face au changement climatique : une priorité scientifique

Le passage de l’ouragan Melissa, qui a frappé l’île le 28 octobre dernier, a laissé un sillage de destruction, des pertes se chiffrant en milliards et une crise sanitaire latente. C’est dans ce contexte de reconstruction que le professeur Taylor a insisté sur une réalité incontournable : la science et la recherche ne peuvent plus être considérées comme des « accessoires optionnels » au développement.

« Si Melissa rend une chose indéniable, c’est que la recherche doit être ancrée profondément dans la manière dont ce pays planifie, construit, finance et gouverne », a déclaré l’expert. Il déplore que les plans climatiques, pourtant bien conçus sur le papier, restent trop souvent inappliqués faute de soutien constant, notamment de la part du secteur privé.

Actuellement, plus de 1 000 personnes vivent encore dans des abris et des milliers d’autres sont privées d’électricité et d’eau courante, illustrant la fragilité des infrastructures actuelles face à des ouragans de plus en plus intenses.

Les quatre vérités de l’ère post-Melissa

Lors de son intervention, le professeur Taylor a identifié quatre « vérités climatiques » confirmées par la catastrophe récente :

  • L’inédit est désormais inévitable : L’ampleur des tempêtes dépasse les modèles historiques.
  • Les zones épargnées sont maintenant en péril : La vulnérabilité s’étend à des territoires jadis considérés comme sûrs.
  • L’utopie devient improbable : Le retour à la « normale » d’avant est une illusion.
  • L’urgence est devenue immédiate : Le temps de la réflexion sans action est révolu.

Pour survivre à ce que Taylor nomme les « prochaines Melissa », la Jamaïque doit combler plusieurs fossés critiques : le fossé de l’ingénierie (construire pour le climat actuel et non celui d’hier), le fossé de la protection (redéfinir les populations vulnérables) et le fossé de la mise en œuvre (passer de la stratégie à l’action terrain).

Le paradoxe du leadership mondial

Par une coïncidence symbolique, le jour même de cette conférence alarmante, le ministre jamaïcain de l’Eau, de l’Environnement et du Changement climatique, Matthew Samuda, a été élu président de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA).

À la tête de cet organe décisionnel mondial, M. Samuda s’est engagé à faire de la gestion environnementale « le défi déterminant de notre siècle ». Sa présidence devra mettre en lumière l’expérience vécue des petits États insulaires, qui, comme la Jamaïque, subissent de plein fouet les conséquences d’un réchauffement global dont ils sont peu responsables.

Pour les experts locaux, cette visibilité internationale doit impérativement se traduire par des actions concrètes sur le sol jamaïcain. « Le changement climatique n’est plus une menace lointaine à gérer un jour. C’est la condition actuelle sous laquelle tous nos avenirs seront construits ou brisés », a conclu le professeur Taylor.

Source: https://jamaica-gleaner.com/article/lead-stories/20251213/climate-shock-warning

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