Table of Contents
Alors que les débats sur la souveraineté arctique refont surface, l’administration Trump a décidé de placer le 49e État au cœur de sa stratégie économique. En levant les verrous réglementaires posés par son prédécesseur, la Maison Blanche entend exploiter pleinement les immenses ressources naturelles Alaska pour assurer l’indépendance énergétique et minière des États-Unis.
Une valeur stratégique convoitée
L’histoire de l’Alaska a souvent oscillé entre moqueries et convoitises. Récemment, des commentateurs russes proches du Kremlin ont ironiquement suggéré que les États-Unis devraient « rendre » ce territoire, acquis en 1867 auprès de la Russie tsariste. Si cette rhétorique relève de la provocation, elle souligne néanmoins l’importance cruciale de cette région.
Longtemps qualifié de « folie de Seward » lors de son achat pour 7,2 millions de dollars (environ 150 millions d’euros actuels), l’Alaska s’est révélé être une acquisition aussi rentable que la Louisiane. Au-delà de l’or qui a déclenché les ruées historiques de la fin du XIXe siècle, le sous-sol de l’État regorge de minerais critiques, de cuivre, de charbon et, bien entendu, d’hydrocarbures.
Le virage réglementaire : priorité à l’extraction
Contrairement à l’administration Biden, qui avait multiplié les mesures de protection environnementale — notamment le blocage du projet minier de Pebble et l’interdiction de forage sur plus de la moitié de la réserve nationale de pétrole — le nouveau cap présidentiel vise le développement industriel massif.
Dès sa prise de fonction, le président Trump a signé un décret intitulé « Libérer l’extraordinaire potentiel des ressources de l’Alaska ». L’objectif affiché est triple :
- Baisser les coûts de l’énergie pour les ménages américains ;
- Réduire les déséquilibres commerciaux grâce à l’exportation ;
- Sécuriser l’approvisionnement en minéraux critiques face aux rivaux géopolitiques.
Des projets d’infrastructures relancés
Cette nouvelle doctrine s’est rapidement traduite par des actes concrets. Le département de l’Intérieur a proposé d’annuler les restrictions de 2024 sur le développement pétrolier et gazier dans la réserve nationale de pétrole de l’Alaska. Une résolution du Congrès a par la suite validé cette révocation.
Le secteur minier bénéficie également de ce changement de paradigme. Un décret a autorisé la construction d’une route de près de 340 kilomètres (211 miles) pour désenclaver le district minier d’Ambler, riche en cuivre et en zinc. Pour soutenir ce projet, le gouvernement fédéral a investi environ 33 millions d’euros (35,6 millions de dollars) dans Trilogy Metals, une entreprise canadienne chargée du développement de la zone, prenant au passage une participation de 10 % dans le projet.
Le bras de fer juridique autour de la mine de Pebble
La réouverture de la plaine côtière du refuge faunique national de l’Arctique (ANWR) aux concessions pétrolières et gazières marque une autre étape de cette stratégie. Doug Burgum, secrétaire à l’Intérieur, a indiqué que ce nouvel environnement réglementaire vise à rassurer les investisseurs sur la viabilité des projets à long terme.
Cependant, des contentieux subsistent. Le gouverneur de l’Alaska, Mike Dunleavy, soutenu par des sociétés locales, a intenté une action en justice pour annuler le veto de l’EPA (Agence de protection de l’environnement) concernant la mine d’or et de cuivre de Pebble. L’État réclame près de 660 millions d’euros (700 millions de dollars) de compensation si le projet reste bloqué. Avec le changement d’administration, les partisans du projet espèrent désormais un règlement amiable qui permettrait enfin l’exploitation de ces ressources naturelles Alaska.